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Filière Ovine du Centre
Le mouton se réveille

Sortis de l´étranglement des prix bas et d´une PCO qui jouait à saute-mouton, les moutonniers de l´Indre, du Loiret, du Loir-et-Cher, de l´Indre-et-Loire, du Cher et de l´Eure saisiront-ils l´occasion offerte par la Charte ovine ? Réponse dans les mois à venir.


Châteauroux
A la Chambre d´Agriculture, ce 24 janvier, se rassemblent 6 départements et leurs 40 représentants ovins soit, virtuellement, 2 120 éleveurs et 185 600 brebis. A cette Assemblée régionale, Bertrand Bouffartigue présente tout d´abord l´évolution des effectifs éleveurs et des prix.

La salle ©DR


La salle
Des responsables ovins de la région préparent de nouvelles activités afférentes à la Charte ovine.
Sauts, sursauts et soubresauts
Le match semble joué d´avance. Robert Chaze, président FDO de l´Indre, annonce : "Depuis longtemps, nous constations un manque de foi dans la production si l´on considère les prix. Les éleveurs aujourd´hui se posent des questions par rapport aux revenus apportés par les céréales et les productions bovines. Nos interrogations : voir les effets de la démédullation sur les agneaux de plus de 6 mois nombreux dans la région, savoir si la politique ovine anglaise "tient la route" après la fièvre aphteuse, harmoniser la politique des marques d´agneaux dans la région. Nos effectifs baissent et il y a du travail à faire pour conserver une ambiance ovine positive dans la région et préserver l´avenir".
La balle est lancée. Mais le constat continue : apparemment, le mouton du Centre après de nombreux sauts et sursauts s´enlise : "La contrainte de l´identification a fait disparaître les petits troupeaux". "Pas si sûr, répliquera Bertrand Bouffartigue, ils ne figurent plus à la PCO mais toutes les brebis déclarées autrefois n´ont pas disparu".
Note d´espoir pour un dernier soubresaut : "Nous n´avons pas perdu d´éleveurs en groupements ou en association hormis sur les petits troupeaux d´éleveurs mixtes bovins-ovins". Ouf, on respire !
A nous de jouer sur le produit
"Mais la menace demeure : durant deux ans, les Anglais ne pourront porter la pression à l´export vers la France faute d´agneaux en suffisance. L´Espagne prendra le relais pour nous vendre des agneaux mais le prix de l´agneau espagnol, assez élevé, sera peu concurrentiel" explique Bertrand Bouffartigue. Mais ça va changer : "Il faut relativiser 2001 avec la nouvelle OCM : le rapport de forces entre productions en France va changer dans les années à venir.
L´image de l´agneau français est bonne : pour le consommateur, il préserve l´environnement".
En définitive, c´est Michèle Delesvaux, du conseil d´administration de la FNO, qui pousse la balle dans les buts et tire le mouton du Centre de son enlisement : "Il faut reconquérir des parts de marché et repositionner l´agneau français auprès du consommateur sinon, demain, il sera trop tard. Les dés sont jetés : nous avons une OCM fixe, à nous de jouer sur le produit. Une partie de l´argent dévolu à l´OCM sera attribuée aux zones de plaine, la FNO s´y engage. Le problème est maintenant d´obtenir des agneaux sous signes de qualité plus nombreux".
Une approche positive
Michèle Deslevaux insiste : "Par rapport aux perspectives de baisse de l´OMC céréales et de l´OMC en bovins, les ovins ont une vision beaucoup plus claire de leur avenir : le revenu de l´éleveur ovin devient beaucoup plus attractif et il possède désormais des perspectives d´avenir.
En conséquence, il faut convaincre nos propres pairs, nos collègues céréaliers ou éleveurs de bovins qu´il existe une carte à jouer avec l´élevage ovin. Bien sûr, chez nous, certains éleveurs n´ont pas ce langage : nous les appelons "les schtroumpfs grognons".
Alors soyons positifs. L´élevage ovin a des atouts : le parc de tri, la main-d´ouvre partagée, la répartition des agnelages sur l´année sont des solutions d´avenir à mettre en ouvre pour diminuer les pointes de travail. De plus, les CTE, le travail de toute la filière ovine, la notoriété du mouton auprès du consommateur devraient relancer son intérêt auprès de tous les agriculteurs.
Autre idée : il faut revoir l´enseignement de l´élevage ovin dans les lycées agricoles, le relancer et favoriser les stages à l´installation avec une approche sur le mouton.
Thierry Turlan, de la DDA de l´Indre, lui aussi, fait caracoler le mouton dans un avenir positivé : "Les ovins entrent en plein dans le champ visé par le CTE. Sur 185 CTE signés dans l´Indre, 40 CTE ovins sont déjà en place. Le CTE, en apportant une visibilité sur 5 ans, est un outil supplémentaire pour développer et conforter la production ovine".
Michèle Delesvaux de reprendre : "Le CTE peut accompagner un véritable projet pour entrer dans la vente d´agneaux de qualité. Le CTE transmission de l´exploitation devrait aussi permettre de s´engager dans la voie d´une reprise d´un outil viable et avec une perspective pour les futurs éleveurs ovins et pour les cédants".
Charte ovine : "changeons d´image"
Sur sa lancée, Michèle Delesvaux milite pour un élevage ovin plus dynamique et porteur de modernité. Sur l´identification : "Il faut vivre avec les outils de notre temps : l´identification électronique permet d´identifier en temps réel avec une lecture laser des boucles portant des puces comme cela se pratique dans un super-marché. Cela représente un travail plus facile pour l´éleveur, pour les techniciens, pour la filière. En plus, l´informatique permet de travailler sur le parcellaire, de faciliter la gestion des "papiers" de l´exploitation. Testée en Auvergne depuis trois ans, cette identification avec puce montre que les boucles tiennent. C´est moderne ; cela intéresse les jeunes. Comme le dit Mr Valadier, président de la coopérative Laguiole, "ce n´est pas parce qu´on marche dans les traces de son passé qu´il faut y aller en sabots".
"Le changement d´image représente un travail énorme", dira Bertrand Bouffartigue de la FNO. C´est aux éleveurs ovins d´offrir une image positive du mouton auprès des autres éleveurs, des techniciens des Chambres d´Agriculture, des agents du développement, des financiers.
"Il faudra obtenir un "réflexe moutonnier" et pour cela encourager les agents de l´Adasea et travailler en partenariat avec eux pour faciliter l´installation en élevage ovin. Dans le même temps, il faudra améliorer les conditions de travail par les parcs de tri, les clôtures. Les jeunes éleveurs ovins doivent investir pour travailler moins et mieux. Il faut le dire haut et fort pour que les banquiers entendent bien". "Et même, ajoute Michèle Deles-vaux, n´hésitez pas à faire du harcèlement, il faut vous rassembler, créer un comité régional de coordination, effectuer un travail de fond sur le terrain, définir des axes prioritaires. Il faut établir la charte et donc faire et faire savoir. Pour cela des moyens humains et financiers sont à trouver avec l´Interprofession, avec le GIE, avec la Chambre d´Agriculture, pour renouveler les générations, installer, produire !". Et le mouton du Centre sera sauvé.
Reste, bien sûr, à accomplir ce vaste programme prévu jusqu´en 2006. Mais, confrontés à ce langage nouveau et dynamique, les responsables professionnels de la région sont repartis bien décidés à mettre en application ce projet dans leur département et au niveau des instances régionales.
Un nouvel animateur
Le poste d´animateur pour la section viande du GIE Lait-viande de la région Centre est aujourd´hui vacant. Les responsables ovins s´interrogent : faut-il un mi-temps, un temps plein pour lancer la Charte de l´élevage ovin sur la région ?
Comment assurer le financement ? Des pistes sont donnés par M. Poussin représentant l´Interprofession, par Michèle Delesvaux. Premier test pour les professionnels : il faudra « décrocher le timbale » et obtenir des éleveurs bovins viande un temps réellement partagé pour que l´activité ovine soit entièrement prise en compte et dynamisée. « Harcelez votre animateur, accaparez-le, offrez lui un projet ! » concluera Michèle Delesvaux. En fait, faire revivre le mouton dépend de l´action de chaque éleveur ovin, de chaque responsable professionnel ovin et d´une concertation rondement menée au niveau local, régional, national et qui sait, un jour, international !
Identification : la boucle est bouclée
Après l´épidémie de fièvre aphteuse, la nécessité de faire aboutir le dossier identification se fait jour au plan européen pour assurer la traçabilité sanitaire des animaux. Après de nombreuses circonvolutions de ce dossier, il semblerait que la boucle sera bientôt bouclée.
En effet, un débat existe entre pays européens pour marquer tout animal depuis la naissance jusqu´à sa mort : les conclusions en seraient connues cette année : boucle avec ou sans puce, numéro d´élevage. ?
Seules certitudes : la gestion d´un registre sera obligatoire et un document d´accompagnement des lots sera mis en place avec un numéro d´élevage et, peut-être, l´inscription du numéro de chaque animal constituant le lot.
En projet également, la mise en place d´une banque de données pour le suivi des mouvements d´animaux départementale et nationale : "un peu usine à gaz, selon la FNO, et très coûteuse" donc encore à l´état de projet.
Selon Bertrand Bouffartigue : "L´identification assurera la traçabilité jusqu´au consommateur pour les viandes ovines de tous les pays. Cela permettra d´asseoir notre crédibilité par rapport au sanitaire et d´accroître le capital confiance du consommateur".
En effet, un même système sera utilisé dans l´ensemble des pays européens.

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