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L’affouragement au jour le jour

De la fin de l’hiver jusqu’à l’automne, l’affouragement demande une gestion fine de l’herbe. Suivi d’une année d’affouragement et réponses pratiques.

Il faut débuter l’affouragement en vert le plus tôt possible, afin de ne pas se laisser dépasser par l’herbe ! En utilisant la méthode des sommes de températures, l’affouragement peut démarrer à 300 °C jours (base 0-18°, à partir du 1er février). Cette période se situe entre février et fin mars, selon les régions.

Les premières parcelles fauchées doivent avoir de l’herbe, être portante et ne pas être trop éloignées de la chèvrerie. Une fauche pour affouragement en début de saison des parcelles qui seront ensuite fauchées en première coupe est également intéressante car cela retarde la période d’épiaison (et donc de fauche), tout en favorisant une repousse de qualité et feuillue. Ensuite, une parcelle doit être affouragée avant le début d’épiaison pour les graminées et le début de bourgeonnement pour les légumineuses. Il faut donc faucher toutes les trois à six semaines selon les espèces : cycle de 20 à 30 jours pour les graminées, de 30 jours pour la luzerne méditerranéenne et le trèfle violet et jusqu’à 45 jours pour la luzerne flamande.

Ensuite, pour sortir une parcelle du cycle d’affouragement en vert pour faire du foin, c’est le même raisonnement que pour du pâturage : il faut calculer le nombre de jours d’avance disponibles en herbe. Si celui-ci est suffisant, il faudra débrayer une parcelle en fauche (pour la récolter au meilleur stade !). L’objectif est d’avoir l’herbe au meilleur stade possible pour un foin de qualité. L’herbe est fauchée à 7 cm pour limiter les risques d’addition de terre dans l’autochargeuse (et donc les risques de listeria), tout en favorisant la repousse de l’herbe en quantité et en qualité.

Laisser peu de refus et sortir entre deux averses

Plus des trois quarts des éleveurs enquêtés ne font qu’une fauche par jour. Certains éleveurs en font deux ou trois, notamment pour apporter deux types d’herbe différents dans la journée (une herbe fibreuse, riche en graminée et une herbe riche en azote par exemple) ou pour favoriser l’ingestion par un fractionnement des apports d’herbe, sans avoir à faire des repousses manuelles de l’herbe. Plusieurs fauches par jour permettent aussi d’éviter que l’herbe chauffe, notamment l’été, car la chauffe de l’herbe verte entraîne une baisse de la valeur alimentaire et un risque d’usure prématurée du matériel. L’été, il est possible de poursuivre l’affouragement en introduisant des espèces fourragères implantées favorables à des conditions sèches et séchantes (luzerne, sorgho, dérobées) ou en ayant recours à l’irrigation sur certaines parcelles. Des parcelles fraîches et humides implantées avec du trèfle violet peuvent également être valorisées en été.

En affouragement en vert, le taux de refus d’herbe verte doit être faible (5-10 %), car il s’agit d’un fourrage appétant. Les refus sont à évacuer tous les jours. Généralement, ils sont apportés à des vaches allaitantes, ou mis sur le tas de fumier. En aucun cas, évacuer le vert dans la litière. Si les refus sont supérieurs à 15-20 %, l’herbe est à un stade trop tardif et il faut changer de parcelle.

Lorsqu’il pleut, les éleveurs sont unanimes : il y a toujours une fenêtre météo dans la journée pour aller chercher l’herbe entre deux averses. Certains éleveurs laissent égoutter l’herbe dans l’autochargeuse une heure avant d’affourager, notamment lorsque l’herbe est très humide.

La portance et les conditions météo sifflent la fin de l’affouragement

En fin de saison, l’affouragement en vert est une vraie opportunité car l’herbe d’automne peut être abondante et de qualité alors qu’une récolte en fauche peut être délicate. On peut alors affourager sur des parcelles avec des espèces fourragères à repousse automnale, telles que la luzerne ou les trèfles, ou avec des semis de dérobées durant l’été, tels que le trèfle incarnat ou le colza fourrager. À l’automne, une fauche, la veille de la distribution peut permettre un ressuyage de l’herbe, qui sera généralement plus humide qu’au printemps. Ceci est également préconisé pour le colza fourrager.

L’arrêt de l’affouragement en vert sera dicté par les conditions météorologiques et la portance. Généralement, l’affouragement peut se poursuivre jusqu’en octobre-novembre sur des prairies. La date de tarissement intervient aussi dans le choix de l’arrêt de l’affouragement en vert. À l’arrêt, il faudra aussi prévoir une transition progressive tout en veillant à ce que les chèvres continuent à ingérer des fourrages pour conserver du volume à la panse.

Peson, herbomètre, analyses d’herbe et calendrier d’affouragement

Globalement, comme pour le pâturage, l’affouragement en vert nécessite de maîtriser la conduite des prairies. Pour un pilotage quotidien, la tenue d’un calendrier d’affouragement (sur le modèle du calendrier de pâturage) est un outil utile de prise de décision. Il permettra, en fin de saison, de faire un bilan concret de la saison, et de réfléchir à des améliorations envisageables pour optimiser ou sécuriser le système. L’herbomètre est aussi un bon outil pour suivre la croissance de l’herbe et estimer le stock d’herbe disponible. Les bulletins des réseaux régionaux de suivi de la pousse de l’herbe peuvent aussi vous informer sur la pousse de l’herbe.

S’équiper d’un peson sur l’autochargeuse va aussi permettre de connaître la quantité d’herbe distribuée et consommée par les chèvres. La densité de l’herbe change en fonction du stade, de la nature de l’herbe et le taux de matière sèche dans l’herbe verte fluctuent aussi. Une estimation à l’œil est donc peu fiable. Il faudra compléter cette information du poids par des mesures régulières du taux de matière sèche de l’herbe (au four à micro-onde par exemple). Des analyses de la valeur alimentaire de l’herbe verte, au laboratoire ou grâce à l’AgriNIR, permettront d’ajuster au mieux la ration des chèvres. On évitera ainsi le gaspillage, notamment en concentrés protéiques.

Mise en garde

Besoin de plus de paille

Le constat des éleveurs est unanime : une ration plus humide implique un besoin de paillage plus important. Un paillage quotidien est souvent nécessaire (voire deux fois par jour) et les éleveurs utilisent jusqu’à deux fois plus de paille qu’avant leur utilisation de l’affouragement en vert. Le besoin plus important en paille est donc à anticiper (besoins en paille et valorisation du fumier/compost).

Carine Paraud, Anses de Niort, dans les Deux-Sèvres : « Des précautions vis-à-vis du parasitisme »

« Le risque de parasitisme demeure avec l’affouragement en vert. Il est cependant beaucoup plus faible qu’avec du pâturage, ne serait-ce que parce que le cycle de développement du parasite est interrompu en chèvrerie. Les charges parasitaires restent donc en général faibles. Les recommandations qui pourraient être faites pour limiter l’infestation des animaux sont déduites du comportement des larves sur l’herbe. Comme pour le pâturage, il faut éviter de faucher pour de l’affouragement en vert des parcelles récemment pâturées par des petits ruminants. Si la fauche est réalisée tôt le matin ou tard le soir, c’est-à-dire quand l’herbe est humide, les larves sont localisées en haut de l’herbe et peuvent donc être ramassées avec l’herbe. De même, si on fauche très ras, à moins de 5-6 cm, on ramasse les larves qui sont en haut mais aussi à la base des plantes, comme lors de surpâturage. Cela confirme l’intérêt d’une fauche à 7 cm de hauteur. On peut réaliser ponctuellement une coproscopie pour se rassurer ou mettre en évidence une infestation. »

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