Aller au contenu principal

Chèvres Angoras
La filière dynamique et structurée du mohair

Depuis plus de vingt ans, les éleveurs de chèvres angoras - producteurs de mohair - ont su se structurer pour permettre au mohair de trouver sa place parmi les fibres haut de gamme.


Pour garder le fil, ranimer leur fibre et faire face aux difficultés de commercialisation d´un produit cher, les partenaires de la filière mohair se rencontrent régulièrement pour assurer la formation des éleveurs, la promotion du mohair et l´amélioration génétique des chèvres angoras. L´Aneca (Association nationale des éleveurs de chèvres angora), la Sica mohair (coopérative de transformation du mohair), Caprigène section angora et l´Association interprofessionnelle du mohair français se sont réunis début septembre à Castres (Tarn) pour faire le point sur les développements en cours.
Concernant l´Aneca, la formation des éleveurs a été un sujet important. Reconnue comme centre de formation, l´Aneca propose régulièrement des stages d´un à trois jours sur la tonte, le tri du mohair, la génétique, l´alimentation, les aspects sanitaires ou les techniques de ventes. L´animation et les techniques de vente sont, en effet, importantes car les éleveurs vendent eux-mêmes leurs produits en mohair (pulls, pelotes, chaussettes, échar-pes.) essentiellement dans des boutiques à la ferme et des foires artisanales.

Dernièrement, une nouvelle formation sur les couleurs a rencontré un grand succès auprès des producteurs. Ils ont ainsi appris à conseiller le client sur le choix des couleurs selon sa physionomie et sa personnalité. « Cela permet de mieux parler de nos produits et d´orienter les personnes hésitantes » apprécie une éleveuse.
Parallèlement aux formations, des systèmes de parrainage se mettent en place : les anciens maîtres de stage suivent l´installation de leur élève et répondent à leurs questions ; les vendeurs de reproducteurs, riches de leur expérience, sont aussi amenés à orienter les nouveaux éleveurs, acheteurs d´animaux.
La mise en ligne du site internet lemohairdesfermesdefrance.com en janvier 2006 a permis à la profession d´être plus présente sur le plan national et constitue un outil important dans la transmission des savoirs et des informations aussi bien auprès des éleveurs que du grand public. Il recense les éleveurs producteurs de mohair certifié « Mohair des fermes de France » et détaille la filière et les qualités du produit.
©D. R.

Réapprovisionner à la demande pour rester à la mode
Outil de transformation du mohair brut en produits commercialisables, la Sica mohair a fêté ses vingt ans l´an dernier. Avec un chiffre d´affaires induit de trois millions d´euros, son rôle est de fournir des services aux éleveurs. Le mohair brut préalablement nettoyé et trié par les éleveurs est apporté à la Sica qui vérifie sous le contrôle de Vincent Gousseau, technicien de Caprigène, que le mohair a été correctement trié. La structure coopérative se charge ensuite d´envoyer le mohair brut pour qu´il soit lavé, peigné, traité, filé, teint et tricoté par des prestataires de services. Le produit fini (laine, gants, tricots, couvertures.) est ensuite redonné aux éleveurs qui se chargent de la commercialisation.
Les difficultés que rencontre le secteur du textile en France ne facilitent pas le travail de la Sica et chaque nouvelle fermeture nécessite de nouveaux contacts pour trouver le remplaçant qui saura travailler cette matière.

Pour faciliter la gestion des stocks, la Sica propose à ses sociétaires un réapprovisionnement mensuel qui porte sur plus de 100 articles avec les couleurs classiques comme l´écru ou le noir, mais aussi des couleurs à la mode comme le turquoise ou l´orange pour cette année.
Pour les aider à mieux vendre leurs produits, des outils de communication sont proposés aux éleveurs. Des livrets de présentation, des catalogues pour les pulls, des films vidéos explicatifs ou des panneaux signalétiques aux couleurs du « Mohair des fermes de France » sont ainsi mis à disposition des adhérents. Récemment, une nouvelle plaquette de présentation a été créée mais son côté contemporain et décalé fait débat parmi les éleveurs qui ne se retrouvent pas forcement dans l´image d´une pelote de laine servie dans un bol de petit-déjeuner.
De petite taille ©60 à 65 cm au garrot, la chèvre angora adulte produit de trois à cinq kilos de mohair brut par an, récoltés en deux tontes. ©D. R.

Faire face à un mohair mondial bien meilleur marché
En élevage de chèvres angoras, la commercialisation reste bien le facteur limitant et l´éleveur doit pouvoir vendre sa production de pulls à plus de 150 euros pièces. Pour un jeune installé, les difficultés ne manquent pas non plus. Par exemple, beaucoup sont confrontés lors de la réalisation de l´EPI, l´étude prévisionnel d´installation, au fait que la production de mohair n´est pas prévue par le logiciel utilisé lors des stages.
Malgré tout, des données économiques ont pu être établies en collaboration avec le syndicat caprin de Provence-Alpes-Côte-d´Azur et doivent être complétées par des données d´éleveurs volontaires.

Les premiers résultats montrent que le coût de revient du mohair brut varie de 30 à 40 euros le kilo à comparer au cours mondial qui varie entre 7 et 15 euros le kilo brut. Mais la vente directe permet de récupérer la valeur ajoutée et de se positionner par rapport aux produits d´importation. L´Aneca, par la voix de son président Georges Volta, veut profiter des prochaines élections aux chambres d´agriculture pour rappeler aux différents syndicats départementaux que les fibres animales françaises ont un rôle à jouer, dans la diversification et l´installation d´agriculteurs.
Impliqués dès la création de la filière dans l´amélioration génétique, les éleveurs se sont associés à Caprigène pour créer une section angora. « En 20 ans et grâce à la génétique, nous avons maintenant du mohair beaucoup plus fin » apprécie Bernadette Chocteau, éleveuse en Loire-Atlantique et présidente de la section angora.
Après le lavage du mohair, le cardage permet de démêler les fibres. ©D. R.

Pointage détaillé de la fibre
Sans insémination artificielle et essentiellement par vente de reproducteurs (entre 300 et 600 euros/animal), l´amélioration des premières souches importées du Texas et de l´Australie se poursuit. Vincent Gousseau pointe ainsi de juin à juillet tous les animaux de 18 mois, mâles et femelles, de la trentaine d´éleveurs adhérents. La qualité et l´homogénéité de la toison sont les critères essentiels de notation. Le pointeur passe une dizaine de minutes par chèvre pour vérifier le jarre visuel (fibre indésirable et cassante qui ne prend pas à la teinture et dont dépend étroitement la qualité du mohair), mesurer le tour de poitrine, la longueur des mèches ou l´aspect du lustre et prélever un échantillon pour analyse du rendement au lavage, la finesse, le taux de jarre, le pourcentage de fibres hétérogènes. Pour simplifier la sélection génétique, la section angora réfléchit à un nouvel index qui comprendrait le poids de toison, la finesse des poils et ce pourcentage de jarre.
Le certificat « Le mohair des fermes de France », créé en 1994, garantit la qualité et l´origine française du produit. ©D. R.

La filière mohair en quelques chiffres
 17 tonnes produites par les éleveurs français.
 140 éleveurs de chèvres angoras.
 8 000 animaux.
 2 000 t de mohair brut importées chaque année en France (soit 10 % de la production mondiale).

www.lemohairdesfermesdefrance.com
Aneca, Les Nauzes, 81580 Soual. Tél.
05 63 82 52 72 - aneca@arsoe-soual.com

Les plus lus

Chèvrerie vue d'avion
« On veut travailler dans de bonnes conditions et que les chèvres soient bien »
L’EARL des Tilleuls a investi dans un bâtiment tout confort pour travailler dans de bonnes conditions. Salle de traite, stalle de…
Elise, Jérôme et leurs deux filles, de 8 et 11 ans, vivent au milieu des animaux. Lapins, cochons, chèvres, chevaux, vaches, oies, ânes et chiens cohabitent à la ferme ...
« Mon mari boucher vend de la viande de porc et de chevreau de la ferme »
Élise et Jérôme Happel élèvent des chèvres et des porcs en Alsace. Boucher de métier, Jérôme valorise la viande caprine issue de…
Répartition régionale du cheptel français de chèvres au 1er novembre 2023 et évolution par rapport à 2022
Recul du cheptel caprin quasi généralisé en 2023
Le cheptel caprin français est en recul dans quasiment toutes les régions. Analyse et graphique de l’Institut de l’élevage.
Émilien Retailleau et ses chèvres poitevines
« Je vends des chevreaux élevés sous la mère »
Émilien Retailleau, éleveur d’une cinquantaine de chèvres poitevines à la ferme de la Bonnellerie dans la Vienne, commercialise…
Améliorer le bien-être des chèvres via l’aménagement des bâtiments
Un mini-guide pour enrichir l'espace de vie des chèvres
L'Anicap édite une plaquette qui montre quatre types d'aménagements à installer facilement dans une chèvrerie.
Bouc montant une chèvre
Suffisamment de boucs pour assurer des résultats de reproduction satisfaisants sur chevrettes
Des suivis d’éleveurs caprins montrent de meilleurs résultats de fertilité sur chevrettes en séparant les mâles et avec un nombre…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre