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Rendez-vous international
La chèvre en grand format à Capr’inov

Le salon caprin dynamise la filière en permettant aux éleveurs de rencontrer leurs partenaires et de s’informer lors des conférences et ateliers.

Pas moins de 6 200 visiteurs se sont bousculés dans les allées du salon caprin devenu international. À Niort, dans les Deux-Sèvres, l’immanquable rendez-vous de la filière caprine a tenu ses portes grandes ouvertes pendant deux jours, enchaînant conférences, présentations des races caprines, tables rondes et ateliers techniques à la grande satisfaction des visiteurs français comme étrangers. Capr’inov a accueilli 200 exposants sur les 15 000 m² du site. Étudiants et professionnels ont pu assister à 33 conférences thématiques, reprenant les différents aspects de la production caprine, de l’installation à la valorisation du lait de chèvre bio, ou encore la conception des bâtiments d’élevage. Les produits caprins ont trouvé leur public, entre le concours fromager et le tout nouveau concours produit carné (lire encadré). Les visiteurs du salon ont également pu déguster, sur le pôle viande, du chevreau et de la chèvre sublimés par les élèves-bouchers de Niort, en tartare, saucisses, boulettes et steak haché. Le Capri burger a connu aussi un énorme succès avec plus de mille hamburgers, alliant sauce au fromage, compotée d’oignons et viande de chèvre, dégustés sur les deux jours. "La viande de chèvre est à Capr’inov car elle fait partie intégrante de la filière caprine, expliquait Jean-Luc Bouton d’Interbev. Notre présence montre que la viande est un véritable produit et que l’on peut en faire quelque chose de vraiment bon".

Les races de chèvres françaises étaient bien présentes, puisque pas moins de 200 animaux étaient sur place. Les concours caprins du jeudi 29 rassemblaient, dans une ambiance compétitive mais chaleureuse, un gros noyau de passionnés composés de six éleveurs de Saanen et sept éleveurs de chèvre de race Alpine. La morphologie d’une centaine de chèvres a été détaillée par l’œil expert du juge libanais Jihad Daher. Les visiteurs ont pu également découvrir les chèvres espagnoles à travers les races Forida et Malaguera. En quête de nouveaux débouchés, afin de rencontrer ses clients et de développer leurs réseaux, les professionnels venant de 25 pays ont fait le déplacement jusque dans les Deux-Sèvres.

Le bio à l’affiche du salon caprin

Johan Devreese, représentant d’une coopérative de lait biologique en Belgique, Allemagne et Pays-Bas, est « à la recherche de nouveaux partenaires en France pour diversifier les débouchés du lait bio et accroître son développement ». La production biologique avait la part belle pendant ces deux jours 100 % caprins. Une table ronde rassemblant la Fnec, l’Anicap, la FNSEA et Agrial a permis de resituer l’offre et la demande de bio en France. Jacky Salingardes, président de la Fnec et de l’Anicap, a par ailleurs rappelé que « dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la filière caprine s’est engagée à augmenter de 30 % dans les cinq prochaines années la part de production bio. » Et celui-ci de rajouter : « le bio n’est pas un modèle qui convient forcément à tout le monde mais il est de notre devoir de le soutenir ». Christiane Lambert, présidente de la FNSEA rappelle que la filière bio française a besoin de se structurer pour faire face notamment « aux importations de bio dont il faut se méfier, les certifications n’étant pas sûres et qui font chuter les prix sur le marché national ». La société Chèvres Bio France a également pris la parole lors d’une conférence. Regroupant 926 élevages caprins dans le Sud-Ouest et le Sud-Est de la France, l’entreprise souhaite développer les volumes collectés car la croissance de la demande en lait de chèvre bio est très forte. Les laiteries Terra Lacta et La Lémance, qui travaillent avec Chèvres Bio France, voient un marché très demandeur et des producteurs français encore trop peu nombreux, les contraignant de fait à importer du lait de l’étranger. Les deux laiteries se mobilisent néanmoins fortement pour accompagner l’installation ou la conversion de nouveaux éleveurs.

L’occasion de voir tous les fournisseurs rassemblés

Les visiteurs ont particulièrement apprécié ce mélange d’ambiance chaleureuse et de business 100 % caprin. Venus de Gironde pour la journée, Marlène et Gérard ont demandé des devis et des conseils en se disant satisfaits de leur première visite à Capr’inov. Venu en voisin avec son stagiaire, Franck qui élève 200 chèvres en Deux-Sèvres apprécie aussi "ce bon petit salon" qui lui a permis de suivre une conférence et de voir les fournisseurs. Vincent de l’Aveyron s’est, lui, renseigné sur la ventilation et sur les écorneurs à gaz.
Les exposants, de leur côté, s’étaient donné les moyens pour bien accueillir leurs clients ou prospects. "Le monde agricole passe par ce relationnel et toutes nos équipes sont mobilisées, explique Philippe Grangé d’Agrial. Les gens ont le moral par rapport au lait de vache. Il y a une bonne dynamique avec des éleveurs qui cherchent à progresser. " Les entreprises profitent aussi de ces retrouvailles caprines pour organiser des réunions, à l’image de Capgenes qui a programmé une assemblée générale extraordinaire pour réactualiser ses statuts et se mettre en conformité avec le nouveau règlement zootechnique européen.

Le nouvel espace Capr’ITech proposait aussi de courts échanges avec les experts caprins du réseau RedCap. Les démonstrations de coupe d’onglons, de brosse rotative ou d’installation de traite ont eu beaucoup de succès. Au stand de la MSA, les éleveurs étaient invités à chausser des lunettes 3D pour traire en réalité virtuelle dans trois salles de traite. L’occasion de se rendre compte de l’importance d’une bonne hauteur de quai par rapport au trayeur.

Une production pleine de promesses

L’installation en bio ou en conventionnel, a suscité beaucoup d’animations tout au long du salon. De nombreux lycéens et étudiants ont franchi les portes des salles de conférences ou se sont arrêtés un instant au Pôle #EleveurCaprinDemain pour rencontrer conseillers, techniciens, banquiers ou encore des éleveurs venus faire part de leur parcours d’installation ou de reprise, à l’image de Claire Grimaldi, ancienne conseillère en chambre d’agriculture qui s’est installée en Gaec en 2016 dans les Deux-Sèvres et élève 200 chèvres. Pour Jonathan Lalondrelle, président des Jeunes agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine : « la production caprine est pleine de promesses, la filière est porteuse comparée aux autres productions agricoles. On espère que ce salon sera un déclic pour les jeunes qui voudraient s’installer ». Ces jeunes avec un projet étaient d’ailleurs là à l’image de Jessica et Xavier qui veulent abandonner leur métier de monitrice d’équitation et de mécanicien poids lourds pour devenir éleveurs : " nous sommes au début du projet et ce salon nous conforte dans notre projet d’installation ".

Lors de l’inauguration, Christiane Lambert a salué le chemin parcouru par ce salon et cette filière qui veut "construire l’avenir et chercher des solutions". Jacky Salingardes a tenu à remercier l’équipe d’éleveurs de chèvres à l’origine de cet événement. Isabelle David, préfète des Deux-Sèvres, a aussi apprécié de "voir à quel point cette filière était dynamique et performante. J’ai été enthousiasmée par les discours extrêmement positifs qui donnent envie d’y aller". Capr’inov reviendra en 2020. Il faudra s’attendre à de nouvelles idées d’animations. Thierry Jayat, président de Capr’inov, conclut : « satisfaction est le mot qui convient pour décrire cette édition. Satisfaction pour nous, organisateurs qui voyons Capr’inov grandir avec toujours plus de visiteurs. Satisfaction aussi pour les exposants, toujours plus nombreux et qui plébiscitent le salon car ils peuvent y nouer de très nombreux contacts ».

Un mélange d’ambiance chaleureuse et de business 100 % caprin

Photos, vidéos et résultats des concours sur caprinov.fr et chevre.reussir.fr

Un concours fromager international et un nouveau concours de viande

Le concours fromager a fait carton plein avec 219 produits en lice, dont les qualités ont été évaluées par 128 jurés. Les produits, répartis dans une trentaine de catégories, provenaient de la France entière, de l’Union européenne, de Russie et pour cette deuxième édition du concours, le Japon a fait son entrée. Pour Jean-Claude Sarrazin, responsable du concours fromager : « la collaboration entre jurés français et étrangers se fait très bien car malgré la barrière de la langue, on voit bien que les goûts dépassent les frontières ». Le concours a décerné 16 médailles d’or, 40 d’argent et 44 de bronze.
Le concours de produits transformés de viande de chèvre était lui une grande nouveauté avec une trentaine de pâtés, saucissons, terrines, rillettes ou saucisses en compétition. Trois médailles d’or, six d’argent et 10 de bronze ont été attribués.

Terra Lacta récompense ses éleveurs et développe le bio

Les laiteries étaient à Capr’inov pour rencontrer leurs producteurs et prospecter de nouveaux. La coopérative Terra Lacta a, elle, choisi de mettre à l’honneur ses éleveurs avec les meilleures performances en termes de prix du lait, régularité de livraison, taux de cellules, développement de production ou installation. Avant de distribuer ses récompenses, Terra Lacta a présenté son développement dans le lait de chèvre bio. "Les habitudes de consommation changent et c’est le consommateur qui commande", résumait Jean-Yves Restou, le président de Terra Lacta. "Des marchés et des portes s’ouvrent avec le bio, observait Romain Jourjon, le nouveau directeur des fromageries Lescure. Le marché du fromage de chèvre bio connaît une croissance de 30 % par an. "

Un bonus de 60 euros le temps de se convertir

"On a attendu assez longtemps avant de partir sur ce marché", reconnaissait Ketsia Raynal, la technicienne en charge du bio, avant de détailler le cahier des charges. Pour encourager ses éleveurs à se convertir au bio, Terra Lacta propose désormais un dispositif d’accompagnement spécifique. Après un diagnostic technico-économique de conversion, les producteurs peuvent profiter de formations et d’accompagnements techniques. La coopérative apporte une prime à la conversion de 60 euros les mille litres pendant deux ans. Pour ceux qui investissent, elle peut aussi proposer une garantie bancaire et prendre en charge une partie des intérêts bancaires. Les nouveaux installés bénéficieront, eux, d’un bonus de 65 euros les mille litres pendant deux ans et d’une aide à l’achat des chevrettes.

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