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Gènes avenir veut impliquer plus d’éleveurs

Le futur programme génétique « Gènes avenir » veut proposer une offre de reproduction et de sélection à chaque éleveur caprin en fonction de son engagement.

Les acteurs de la génétique caprine ont profité du salon Capr’Inov pour dévoiler le nom, le logo et l’esprit du nouveau programme de reproduction et de sélection Gènes avenir. Cette nouvelle offre serait modulable en fonction des objectifs des éleveurs et de la filière. « Nous souhaitons nous adresser à tous les éleveurs caprins et nous voulons les impliquer de plus en plus dans le programme de sélection » appelait François Perrin, le président de Capgenes, lors du lancement à Niort le 23 novembre. Le contenu et le coût des services varieraient ainsi en fonction du degré d’implication.

Si les bases du nouveau programme sont partagées entre tous les acteurs de la génétique caprine, il reste encore à le construire en détail entre les trois acteurs de la nouvelle génétique caprine : Capgenes, les contrôles laitiers et les coopératives d’insémination. Il reste notamment à s’entendre sur le futur modèle économique. « Mais ce n’est pas parce que c’est compliqué qu’on n’y arrivera pas » soufflait le président de Capgenes en marge du lancement officiel. L’organisation serait coordonnée au niveau national par France génétique élevage et par Capgenes, qui deviendra à terme une Breeding society selon la nouvelle terminologie européenne. Cinq grands bassins régionaux de production prendraient le relais pour l’adapter aux besoins locaux (voir carte). Des rencontres en région sont d’ailleurs prévues au premier semestre 2017 pour expliquer Gènes avenir aux éleveurs.

Améliorer la reproduction et la filiation

Dès cette année, Capgenes et ses partenaires proposeront d’améliorer la filiation du troupeau caprin. « Avec seulement 40 % des chèvres filiées actuellement, l’efficacité du schéma génétique est moins importante avec des pertes potentielles de production pour chaque éleveur, regrette Jean-Yves Rousselot, le président de la commission caprine de France conseil élevage. En passant de 40 à 60 % de chèvres filiées dans les troupeaux adhérents au schéma, ce serait 500 000 litres de lait gagnés collectivement au bout de trois ans ». Si la filiation par analyse génétique est théoriquement opérationnelle, son coût pourrait cependant retarder son adoption. Resterait alors le rappel des bonnes pratiques pour mieux connaître le père et la mère.

Le second levier d’action visera une amélioration de la maîtrise de la reproduction dans les élevages. Des formations des conseillers et la mise en place d’un bilan fertilité pour tous les éleveurs en contrôle de performances pourraient améliorer l’organisation de la reproduction, la fertilité et la gestion du chantier de reproduction.

Un site pour mettre en relation acheteurs et vendeurs de boucs

Une troisième évolution concernera le contrôle de performances. Grâce à de nouvelles méthodes de calcul des lactations, les fréquences du contrôle laitier pourraient être progressivement allégées. Seuls une demi-douzaine de contrôles pourraient être suffisants pour la sélection génétique. Enfin, pour mieux valoriser la génétique produite par les éleveurs impliqués dans le schéma, la vente de reproducteurs pourraient être facilitée avec, par exemple, la mise en place d’un site internet pour vendre ses boucs ou ses chevrettes de qualité. « Les béliers de race bouchère sont vendus trois fois le prix d’un bouc, compare François Perrin. Pour moi, ce n’est pas immoral de vendre plus cher des boucs issus d’insémination ».

Une réorganisation rendue nécessaire par la technique et le règlement européen

À partir de 2018, le second volet du programme sera activé en réorganisant la création génétique. Ainsi, de plus en plus de plans d’accouplements seront programmés pour produire les boucs d’IA et les mères à boucs et optimiser les chantiers de reproduction. L’éleveur se verra proposer de nouveaux engagements avec les structures partenaires du schéma que sont le contrôle laitier, les inséminateurs et Capgenes. « Le travail de sélection est un travail de longue haleine, rappelle François Perrin. Ce nouveau pacte doit permettre d’avancer ensemble vers des solutions de reproduction et de sélection durables et adaptées aux besoins de chacun ».

Cette réorganisation était rendue nécessaire par la baisse du nombre d’éleveurs et les récentes évolutions techniques : Lactocorder, analyse fine de la composition du lait, identification électronique, informatisation des éleveurs et, prochainement, l’intégration de la génomique. Avec le futur règlement zootechnique européen, le contexte réglementaire oblige aussi à évoluer.

« Un service à la carte qui permettra d’élargir la base de sélection »

« Ce travail est le fruit de deux ans de réflexion entre les éleveurs caprins et les structures accompagnant les éleveurs dans le suivi de la reproduction et de la génétique : techniciens, directeurs et éleveurs-élus de Capgenes et des entreprises de conseil en élevage et de mise en place » apprécie Geneviève Barat, la présidente de la commission caprine de France génétique élevage. L’Institut de l’Élevage, l’Inra, la Fnec, l’Anicap ainsi que les coopératives et l’industrie laitière ont aussi été largement impliqués dans la réflexion.

Gènes Avenir remplace le programme Gènes +, né en 1992. « Ce programme de sélection, efficace au niveau national et reconnu à l’international, a permis des avancées en génétique caprine » rappelle Geneviève Barat en listant les améliorations sur la quantité de lait, les taux ou la morphologie. « En 25 ans, les primipares suivies en contrôle laitier officiel sont passées de 580 kg de lait à 850 kg, soit une augmentation de 50 % de leur potentiel laitier ». Mais ce contrat proposant une prestation unique réservée aux créateurs de génétique a pu paraître coûteux aux éleveurs de la base de sélection qui n’étaient plus que 590 adhérents en 2015.

Le nom « Gènes avenir », qui reprend le nom des boucs avec la meilleure génétique française, a été proposé par Dimitri Gallard, un éleveur de 420 chèvres en Deux-Sèvres. « Ce service à la carte permettra d’élargir la base de sélection et tous les éleveurs devraient y trouver son compte » apprécie le jeune éleveur de 34 ans. Reste maintenant à mobiliser largement les éleveurs caprins pour qu’ils soient de plus en plus acteurs de leur programme de sélection génétique.

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