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FNSEA : Christiane Lambert « entre fierté et émotion », l'entretien confession

A quelques jours du 77e congrès de la FNSEA, Christiane Lambert, présidente du syndicat majoritaire agricole, se confie pour Réussir.fr en dressant le bilan de ses deux mandats. Avec humour, elle joue aussi le jeu de l’interview décalée en vidéo.

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le 15 mars dans les locaux du syndicat majoritaire agricole à Paris.
© Nathalie Marchand

Le 15 mars Christiane Lambert nous reçoit rue de la Baume à Paris pour une interview bilan de sa carrière syndicale et en particulier de ses six ans à la tête de la FNSEA, à quelques jours du congrès électif du syndicat agricole les 29 et 30 mars à Angers. Elle ne brigue pas de troisième mandat et son successeur sera officiellement élu trois semaines plus tard, Arnaud Rousseau étant le seul candidat.

Un entretien confession interrompu avant d’avoir vraiment commencé par une bonne nouvelle. « Yahou on a gagné ! » s’exclame la présidente du premier syndicat agricole en levant les bras, sortant aussitôt de la salle pour partager la bonne nouvelle avec ses collaborateurs. La commission mixte paritaire sur la proposition de loi Descrozaille, qui étend notamment la non-négociabilité de la matière première agricole aux marques de distributeurs dans les négociations commerciales, est conclusive, Christiane Lambert a beaucoup bataillé en ce sens et savoure ce succès. Elle revient en s’excusant, l’interview peut commencer.
 

Quel est votre sentiment à quelques jours de votre dernier congrès en tant que présidente de la FNSEA ?

Je suis partagée entre émotion et fierté. Je quitte quand même une maison que j’aime beaucoup et pour laquelle j’ai beaucoup travaillé. Je souffrais de la mauvaise image qu’elle avait, je trouvais ça profondément injuste et aujourd’hui nous avons des retours positifs sur la FNSEA tant en interne qu’en externe.

Je suis restée connectée aux agriculteurs, mais en même temps j’ai tout fait pour ouvrir les portes et les fenêtres et faire mieux reconnaître la FNSEA.

J’ai derrière moi 30 ans de syndicalisme national, et 42 ans en tout, mais je n’ai pas vu le temps passer. Ce qui est émouvant ce sont tous les témoignages qui arrivent en masse aujourd’hui. Au passage, j’ai envie de dire aux gens « faite-le avant qu’on s’en aille ! ».

[Pendant l’entretien, les SMS sur son téléphone affluent pour célébrer la bonne nouvelle]

Quand il y a des victoires, aujourd’hui avec les SMS ou groupes WhatsApp on a des réactions rapides. Et moi je suis une compétitrice je n’aime pas perdre, j’ai joué au handball pendant longtemps, je sais que les victoires s’arrachent parfois à la dernière minute !

J’ai une connexion régulière avec le ciel mais il ne m’enverra pas un préavis !

Pour revenir à la question, j’ai aussi le sentiment d’avoir fait le bon choix. Je m’étais donnée six ans. Quand j’ai été élue je savais que j’aurai 61,5 ans au bout du 2e mandat. J’ai vu Xavier (Beulin, ndlr) mourir au boulot, cela a été une douleur inimaginable. Et j’ai entendu l’épouse de Jean-Michel (Lemétayer, ndlr) dire « je l’ai attendu pendant 30 ans, aujourd’hui la vie sans Jean-Michel n’a plus de saveur ». Je ne veux pas vivre la même chose. J’ai une connexion régulière avec le ciel mais il ne m’enverra pas un préavis ! J’ai été opérée du cœur en 2010 mon médecin m’a alors conseillé : « un peu moins de café, un peu moins de stress et un peu plus de sommeil Madame Lambert ! ». Or un mandat à la FNSEA c’est 250% d’investissement.

Voir aussi l'interview décalée de Christiane Lambert


Avez-vous le sentiment du travail accompli ?

Oui ! J’ai fait le maximum et on a des avancées sur plusieurs dossiers : comme les EGA (lois Egalim 1, 2 et aujourd’hui la PPL Descrozaille) et le Varenne agricole de l’eau et adaptation au changement climatique. Ce sont des avancées structurantes sur le prix et la résilience.

Le Varenne, nous sommes allés le chercher dans le bureau du président de la République en 2021, un mois avant le salon en lui disant « Monsieur le président, sur l’irrigation vous n’avez pas été au rendez-vous, sous votre mandature seules trois réserves d’eau sont sorties de terre, il faut mettre le turbo lors de votre second mandat ». Et puis le gel est arrivé et cela a tout accéléré. On avait aussi à l’époque un ministre « executive man » (Christiane Lambert fait allusion à Julien Denormandie, ndlr), et nous avons obtenu des avancées sur les trois domaines : la gestion des risques avec la réforme opérationnelle depuis le 1er janvier 2023 (et les agriculteurs s’assurent c’est une satisfaction !), l’adaptation aux changements climatiques et l’irrigation (la région Auvergne Rhône-Alpes a fait 129 réserves sur les deux dernières années, ça avance quand même !).

Nous avons aussi avancé sur l’épargne de précaution qui permet de donner de la résilience à l’exploitation.

Autre satisfaction : avoir obtenu d’être dans le plan de résilience.


Ce n’était pourtant pas gagné !

Oui ! Quand Julien Denormandie me dit le 2 juillet 2020 « et bien non on n’y est pas, Bercy considère qu’on n’a pas eu de baisse d’activité pendant le Covid », je lui réponds « vous rigolez ou quoi ! il faut que l’agriculture y soit ! ». Deux jours après on voyait Jean Castex et on décrochait 1 milliard d’euros. Et le jour du lancement du plan de résilience à l’Elysée sur le grand teasing, des agneaux, des vaches, du blé, côtoyaient Ariane Espace, des avions et des voitures.

Les Français ont redécouvert que derrière l’alimentation il y avait l’agriculture. Et qu’il pouvait y avoir des pénuries et des rayons vides

Nous avons beaucoup travaillé pour faire reconnaître l’importance de la souveraineté alimentaire et de l’alimentation, avec des slogans comme « plus vert c’est plus cher » ou encore « n’importons pas l’alimentation que nous ne voulons pas ». Les Français ont redécouvert que derrière l’alimentation il y avait l’agriculture. Et qu’il pouvait y avoir des pénuries et des rayons vides. C’est le syndrome de la moutarde, de l’huile de tournesol, aujourd’hui des œufs.

On a aussi fait remonter aussi en considération l’agriculture par rapport au changement climatique, comme une solution et pas un problème. Et ça c’est très positif.


Un effet de vos efforts en matière de communication ?

Je me suis toujours rendue disponible pour les médias avec un mot d’ordre, « pédagogie, pédagogie, pédagogie ! ». Les journalistes apprécient le franc-parler et la didactique, il faut expliquer le pourquoi et le comment.

J’ai aussi mis en place un comité des parties prenantes à la FNSEA qui se réunissait tous les premiers lundis des trimestres. Il a associé une trentaine de personnes en tout, sur le principe des Critical friends, qui venaient apporter leur regard sur nos orientations et nos décisions dont : le contrat de solution, la contribution de l’agriculture au changement climatique, One health, la compétitivité qui s’effrite, quelle est l’alimentation de demain, la biodiversité. Erik Orsenna en était le grand témoin. Ils nous ont beaucoup apporté sur la manière d’aborder les sujets. Ils devenaient aussi des émetteurs de messages positifs.


D’autres avancées ?

Dans les avancées il y a aussi eu la retraite. Nous avons corrigé des injustices flagrantes. En six ans nous avons fait grand chelem sur le dossier : avec les mesures sur les carrières complètes des exploitants, pour les conjointes, et les 25 meilleures années ce qui pour les agriculteurs peut représenter plus 250 à 400 euros par mois.

Sur les phytos on a souffert, mais le fait d’avoir fait des « chartes riverains », même si elles sont attaquées aujourd’hui, permet de limiter les dégâts dans les départements.


Quel est le succès dont vous êtes le plus fière durant votre présidence ?

En interne, c’est la victoire aux élections Chambre d’agriculture en 2019. J’ai été élue le 13 avril 2017 et nous avons attaqué la campagne dès l’automne 2017. On sortait quand même d’années compliquées. Le réseau avait envie d’y croire mais avec une nouvelle présidente, une nouvelle équipe, ce n’était pas gagné, il fallait partir sur le terrain. Et les journalistes disaient qu’avec l’abstention allant crescendo dans les scrutins politiques, la FNSEA risquait de passer en-dessous de 50%. Je suis allée dans 42 départements en trois mois, dont 26 départements rien qu’en janvier. Il faisait un froid de chien à Paris, quand je suis partie à Mayotte, à peine rentrée, je repartais en Ardèche il faisait moins 7°C !

Je suis allée dans 26 départements en janvier, j’avais un sac de couchage et un oreiller dans la voiture

J’avais un sac de couchage et un oreiller dans la voiture et je faisais des breaks et des sommes régulièrement [une méthode de récupération que lui a apprise Jacques Chirac, dans le bureau de Christiane Lambert il y a souvent deux chaises face à face, signe qu’elle a fait une micro-sieste réparatrice, nous confiera-t-elle plus tard]. Mais notre campagne a fait boule de neige. On a vu que l’esprit prenait petit à petit, que l’enthousiasme revenait autour du projet que l’on portait « une agriculture à la fois compétitive, durable et résiliente ».

Je suis très enthousiaste, j’ai une âme de coach, j’ai été coach en handball. Au final quand on a récolté 55,55% des voix, j’ai hurlé de joie. Reconquérir le Puy-de-Dôme, le Calvados, l’Ariège, la Charente…. C’était un sacré défi !


Et en externe ?

En externe, je suis fière des avancées sur les dossiers que j’ai cités : EGA, Varenne, plan de relance, retraite, et aussi le contrat de solution. Deux mois après mon élection en juin 2017, nous avons réuni une commission environnement durant laquelle nous avons décidé d’engager une démarche positive pour mieux communiquer sur les phytos, il a fallu argumenter, c’était chaud dans la salle ! Le 14 novembre 2017 on lançait le contrat de solution avec 15 organisations autour de nous. Et aujourd’hui il y a 44 partenaires. L’idée c’est de dire que l’on soutient l’usage des phytosanitaires, en revanche on cherche des solutions chaque fois que c’est possible.

Le gouvernement n’a pas tilté assez tôt sur le sujet. On vient juste d’obtenir au salon de l’Agriculture l’engagement de la première ministre sur une proposition que j’ai faite suite aux annonces de la fin des néonicotinoïdes et S-métolachlore qui ont été un choc dans la tête des agriculteurs.

C’est un refus de la science, c’est de l’obscurantisme ! On le paie cash aujourd’hui

Je leur ai énuméré la litanie des mauvaises décisions des dernières années : du Grenelle de l’environnement (Nicolas Sarkozy croit alors qu’on peut baisser de 50% les phytos sans mettre un euro de plus dans la recherche, en trois ans !), à Barbara Pompili qui inscrit dans la loi l’interdiction des néonicotinoïdes et le principe de non-régression du droit de l’environnement en passant par Stéphane Le Foll qui délègue le rôle politique à l’Anses.

Conséquence : nous sommes aujourd’hui le seul pays, pourtant premier producteur de betterave, à ne pas avoir d’alternative aux néonicotinoïdes quand les autres pays ont l’acétamipride.

Ce n’est pas normal, c’est un refus de la science, c’est de l’obscurantisme ! On le paie cash aujourd’hui, l’agriculture régresse : nous étions premiers, nous sommes sixième…


Finalement qu’avez-vous proposé à Elisabeth Borne au salon de l’Agriculture ?

Nous avons proposé de réunir plus souvent le comité de suivi des usages orphelins, et d’analyser une par une les 240 molécules en renouvellement d’AMM et quand il y a une impasse de faire un PNRI (plan nationale de recherche et d’innovation), comme sur les betteraves mais en lui donnant du temps (pas trois ans mais cinq ans) et s’il n’y a pas de solution, quitte à réduire le dosage, on ne supprime pas la molécule. Et surtout pas de surtransposition par rapport à l’Europe.

Ce que j’ai appelé la programmation pluriannuelle des alternatives aux produits phytosanitaires (2PA2P), nous l’avons vendue à Marc Fesneau dix jours avant le salon, à Elisabeth Borne cinq jours avant et à Emmanuel Macron quatre jours avant et les trois l’ont adopté.

 

Votre plus grand regret ?

Le regret c’est que sur les produits phytosanitaires, on n’ait pas avancé aussi vite qu’on aurait dû. Cette harmonisation européenne aurait dû être opérée beaucoup plus tôt. On avait créé le Corena, comité de rénovation des normes en agriculture, il n’a pas débouché sur suffisamment de simplification et d’harmonisation. Nous n’avons pas réussi à faire comprendre qu’en faisant de la surtransposition la France se tirait une balle dans le pied. C’est pour ça que j’ai haussé le ton avec Elisabeth Borne et Emmanuel Macron avant le salon. Je leur ai montré deux courbes, celle des importations qui progresse et celle des exportations qui plonge. Et je leur ai dit : « pour gagner quelques voix vertes, vous avez pris des décisions contre l’agriculture ». Comme pour le nucléaire.


Quel est le moment de votre présidence qui vous a le plus marqué ?

C’est la victoire aux élections chambres !

Après ce qui a été très difficile, c’est le Covid. Moi qui suis quelqu’un de contact, très tactile, faire une assemblée générale en visio… j’étais à deux doigts de pleurer. Faire un discours devant une caméra alors que d’habitude il y a 1200 personnes devant et que les salles s’enflamment…

Faire une assemblée générale en visio... j'étais à deux doigts de pleurer

Ces deux années de confinement ça a été dur. Ce qui m’a marqué aussi c’est quand on se retrouvait ici avec Jérôme Despey et Henri Bies-Péré, toutes les semaines, tous seuls à l’étage avec le directeur. Les plateaux repas riz-poulet sans goût j’en pouvais plus !


Quel évènement a connu la présidente de la FNSEA que vous êtes, que la présidente des JA que vous avez été n’aurait pas pu imaginer ?

La guerre ! J’avais une réunion à Bruxelles le 23 et le 24 février 2022, le 24 au matin les bombes sont tombées en Ukraine. Dans la salle il y avait 27 nationalités dont des Polonais, des Roumains, des Lettons, des Finlandais, on était tous tétanisés. Et je voyais les Polonais qui n’arrêtaient pas de sortir de la salle pour appeler leurs familles. C’était un choc !

J’avais sous-estimé la pression sur les épaules du président de la FNSEA

Ensuite au congrès des Deux-Sèvres nous avons reçu Mariia Didukh, secrétaire générale du Forum national agricole ukrainien, venue témoigner de ce que vivaient les agriculteurs, c’était affreux.

Ce que j’avais aussi sous-estimé c’est la pression sur les épaules du président de la FNSEA. L’attente de toutes les productions, toutes les régions, sur tous les dossiers, c’est une pression inimaginable. Même si je suis quelqu’un de très collectif, il y a des moments dans la négociation où l’on se retrouve tout seul. C’est stressant. Je les aime tous mes présidents de fédération mais ils ont une capacité à mettre la pression qui est solide !


Pourtant vous étiez proches des précédents présidents de la FNSEA, vous la voyez cette pression ?

J’ai vu Luc (Guyau, ndlr) souffrir pendant la période José Bové, Jean-Michel a souffert avec l’Apli, Xavier aussi car il était toujours challengé. C’était quelqu’un de très humain mais présenté comme quelqu’un de froid, c’était terrible pour nous qui le connaissions. Je craignais aussi cette mise à l’index.

C'est dur d'avoir été présidente de Farre et d'avoir eu à gérer à la FNSEA toutes les impasses des phytos

Ce qui est difficile aussi c’est qu’après les Jeunes agriculteurs, à Farre (que j’ai présidé de 1999 à 2004) on avait prévenu qu’il allait falloir utiliser moins de phytos pour pouvoir les utiliser plus longtemps. Et malheureusement cela n’a pas suivi, les alternatives ne sont pas arrivées, en tant que présidente de la FNSEA j’ai eu à gérer toutes les impasses des phytos. Pourtant je l’avais dit devant des colloques de 500 personnes à la Maison de l’Unesco. Mais après la conditionnalité et son approche coercitive sont arrivées, ça a braqué les agriculteurs, puis le Grenelle… Avoir porté ce changement en amont et finalement avoir à gérer les problèmes quand même c’est difficile !

Surtout que dans notre exploitation on l’a mis en place. Ca aussi j’en suis fière, avec mon mari, on a mis en place ce pour quoi j’ai milité en tant que responsable JA, Farre, Ifocap, Vivea et FNSEA. Notre exploitation a été qualifiée agriculture raisonnée puis certifiée HVE et le renouvellement a été fait en septembre dernier. On a fait des progrès pour améliorer les IFT, puis sur le sujet bien-être, on a ouvert nos portes, on a porté ces évolutions dans d’autres exploitations agricoles.


Est-ce que ce sont les disparitions tragiques de Jean-Michel Lemétayer et Xavier Beulin qui vous poussent à arrêter maintenant ?

Déjà je m’étais mis dans la tête que j’allais faire deux mandats. J’aurais pu faire un troisième mandat et j’étais poussée à le faire. Certains me demandaient de rester jusqu’aux prochaines élections chambres d’agriculture (en 2025, ndlr) mais dans les éléments ayant orienté mon choix, il y a la santé. Je n’ai pas envie que mes enfants aient peur pour ma santé, et puis la transmission est un moment très important pour moi.

Je n’arrive même pas à avoir une demi-heure par semaine avec mon fils qui projette de s’installer

J’ai bénéficié de l’aide de mes parents et de mes beaux-parents, or quand je vois que je n’arrive même pas à avoir une demi-heure par semaine avec mon fils qui projette de s’installer, ça me désole ! Il y a un an et demi on n’avait pas de repreneur mais maintenant on en a deux : notre fils et notre salariée. C’est une satisfaction ! J’aime être utile, rendre service et là je ne peux pas aider mes enfants qui s’installent et qui ont un bébé de 7 mois…. Mon mari a aussi pris beaucoup de choses en main au niveau de la gestion, l’élevage, l’exploitation, la maison….Tous m’ont beaucoup donné, c’est à moi de leur donner un peu maintenant.


Allez-vous garder des responsabilités ?

Je lève le pied mais je n’arrête pas. Je garde le Copa (mandat jusqu’à septembre 2024). J’ai été réélue à l’unanimité (en septembre 2022, ndlr), c’est la première fois qu’il y avait un renouvellement de mandat.

Je garde le Copa

Je vais garder aussi une ou deux responsabilités par exemple à la tête d’Epiterre (commercialisation de compensation biodiversité) et puis des engagements dans la défense de l’élevage..


Et quid d’une carrière politique ?

… J’ai dit non plusieurs fois pour des mandats politiques parce que ce n’était pas ce dont j’avais envie, je me sentais plus utile dans la responsabilité syndicale.

J'ai dit non plusieurs fois pour des mandats politiques

Mais je vois aussi l’importance d’avoir des relais politiques quand on mène des négociations. Pouvoir avoir des députés et sénateurs connaisseurs des dossiers sur les sujets agricoles c’est extrêmement important. Mais c’est un travail de titan surtout à Bruxelles, je suis très admirative de ceux qui le font. J’ai évolué dans ma perception mais pour l’instant ça ne m’attire pas.


Vous ne dites pas non je note quand même…

Non car dans la vie il ne faut jamais dire jamais. En revanche, il ne faut pas mélanger les choses et ça je ne l’ai pas fait.


Vous avez été la première femme à accéder à la présidence des JA puis de la FNSEA, quel défi en tant que femme aimeriez-vous encore relever ?

Je ne sais pas, je suis toujours un peu gênée par rapport à ça. Je ne me suis pas regardé pédaler, j’ai travaillé, travaillé ! Je travaillerai jusqu’à la dernière seconde. J’ai conscience d’être très exigeante avec mes équipes j’ai un directeur super qui a vraiment compris mon fonctionnement, il est besogneux, diplomate, sait négocier, c’est un plaisir de travailler avec des gens en qui on a toute confiance. J’ai réussi à les emmener et ça c’est ma plus grande fierté.

Ma conception des responsabilités, c'est plus un sentiment de devoir que de pouvoir

Je n’avais pas de plan de carrière, je suis très bien comme numéro deux quand j’ai quartier libre. C’est protecteur d’être numéro 2. C’est vrai que j’ai pensé à la présidence de la FNSEA mais je ne pensais pas le faire un jour ça me semblait une marche tellement haute ! Puis mes trois appréhensions étaient : les élections chambre, la réforme de la Pac et garder la confiance. Quand je fais le bilan j’ai réussi à changer beaucoup de choses. Ma conception des responsabilités c’est plus un sentiment de devoir que de pouvoir.

J’ai parfois tranché seule mais très peu souvent. Je suis quelqu’un de dialogue et de consensus. Par exemple j’ai réuni toutes les organisations agricoles qui font du développement international, ils en parlent encore. Nos fermiers et propriétaires avaient des relations plutôt difficiles j’ai passé deux fois trois heures à les réunir ici dans cette salle et on a trouvé un accord en six points. Au dernier congrès ils ont parlé ensemble.

Je sais faire la fête, déconner, boire un coup, danser

Beaucoup d’agricultrices sont fières qu’une femme ait été élue présidente et ça je ne le mesurais pas. Souvent à la décente des tribunes en Assemblée générale, elles viennent me voir, en pleurs parfois. Certaines me sont tombées dans les bras au dernier salon. J’ai un contact très facile, les gens me disent parfois « tu as su rester simple », mais pourquoi je serais devenue compliquée ! Moi je sais faire la fête, déconner, boire un coup, danser et taper sur l’épaule de quelques-uns. Il faut rester des responsables qui ressemblent aux gens.

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