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Filière AOC : Rocamadour veut organiser son développement

Confrontée à une pénurie de lait, la filière Rocamadour veut favoriser de nouvelles installations mais dans un cadre maîtrisé et orienté selon les contraintes de l´AOC.


C´est grâce à la mobilisation de tous les acteurs de la filière que le fromage de chèvre Rocamadour a été reconnu comme Appellation d´Origine Contrôlée, il y a maintenant plus de cinq ans, en janvier 1996.
En quelques années la dynamique créée autour de l´AOC a permis de structurer une véritable filière autour du produit. La production s´est accrue de 10 % par an, en moyenne pour atteindre 650 tonnes en 2000, plaçant ainsi le Rocamadour en 3e position des fromages de chèvre AOC, après le Chavignol et le Sainte Maure de Touraine.
Aujourd´hui, 55 % des volumes sont produits par 4 artisans fromagers et une coopérative, les 45 % restant étant fabriqués par 35 producteurs fermiers. Au total, la filière fait vivre plus de 150 familles de la zone AOC.
Si, à la création de l´AOC, la production fromagère fermière était dominante, le rapport s´est désormais inversé en faveur des fromages artisanaux fabriqués avec du lait (ou du caillé) collectés chez les éleveurs.
"Le potentiel commercial de progression du Rocamadour dans l´avenir est de l´ordre de 10 % l´an, précise M. Verdier, principal artisan transformateur de l´AOC, nous avons donc globalement besoin de 5 à 10 % de lait en plus chaque année, c´est pourquoi il nous faut installer des jeunes producteurs tout en accompagnant la progression des éleveurs existants qui veulent se spécialiser".
Face à la demande du marché national qui s´accroît régulièrement, la filière Rocamadour se trouve, depuis l´année dernière, confrontée à un début de pénurie de lait de chèvre qui a conduit le Syndicat à définir une stratégie de développement, qui se veut maîtrisée et orientée dans le respect des fondements de l´AOC.
La collecte de lait de 2,6 millions de litres en 1999 s´est accrue à 3 millions en 2000, avec une perspective de 500 000 litres supplémentaires pour cette année, du fait de l´installation de 4 nouveaux élevages laitiers et de 5 producteurs fermiers. Au total, les besoins estimés sont de l´ordre de 7 à 10 installations nouvelles par an sachant que, désormais, la quasi -totalité du lait et du caillé collecté sur la zone AOC est destinée à la transformation en Rocamadour.
Le marché local de la zone de production étant considéré comme proche de la saturation, l´objectif est désormais d´accroître la production de lait, de caillé ou de fromages collectés par les artisans privés, les coopératives ou les affineurs. En privilégiant ainsi l´approvisionnement des circuits organisés, qui vendent hors marché local, le Syndicat entend mieux organiser le développement de la filière.
Un programme intégré de développement (P.I.D.) a donc été élaboré et présenté pour financement auprès de la région Midi-Pyrénées, qui l´a accepté récemment.
Nouveaux ateliers en diversification
Outre le développement des élevages existants, par augmentation des troupeaux, qui pourront bénéficier de financements spécifiques, en particulier pour l´acquisition de cheptel et les bâtiments, l´analyse du contexte régional s´oriente vers des actions en faveur de la création de nouveaux ateliers caprins.
Différentes situations ont ainsi été examinées :
- Si la solution d´installations individuelles, se faisant souvent hors cadre familial, est toujours possible, la concurrence existant sur le foncier dans le secteur est telle que l´offre se révèle limitée et coûteuse. Il est donc nécessaire d´examiner d´autres hypothèses, car les nouvelles installations ne sauraient assurer, de façon significative, les nouveaux besoins en lait de la filière.

- La reconversion d´exploitations existantes semble offrir des opportunités, en particulier celles qui possèdent des vaches laitières avec un petit quota. Leur reconversion en lait de chèvre permettrait une restructuration de la filière bovin lait, tout en assurant un avenir à ces producteurs. Bloqués par un petit quota qui ne leur assure pas un niveau de revenu convenable, la reconversion en chèvres laitières offre une opportunité intéressante, d´autant que la zone AOC Rocamadour est largement couverte par la collecte de lait de chèvre.

- Autre voie qui doit être explorée : celle que la diversification d´exploitations de la zone qui se consacrent à l´élevage ovin et bovin viande et disposent de disponibilités fourragères. La création d´un atelier caprin permettrait d´assurer le revenu d´un associé ou d´un jeune, sans agrandissement de surface.
Afin d´aider les candidats à la création de nouveaux troupeaux caprins, il est envisagé de mettre en place un système de parrainage pour les jeunes diplômés intéressés par une installation. De même un système de financement en groupement d´employeurs en vue d´associer le salarié embauché pour le nouveau troupeau doit voir le jour.
Ces installations, reconversion ou diversification en élevage caprin, bénéficieront d´un encadrement technique de la part des techniciens du contrôle laitier et des conseillers agricoles de secteur.

Un nouveau défi, celui d´une croissance maîtrisée, s´ouvre donc pour la filière Rocamadour parallèlement aux autres chantiers en cours : orientation vers de nouveaux systèmes d´alimentation avec suppression de l´ensilage et protection de la typicité du fromage.


Informations :
Syndicat des producteurs de fromages Rocamadour,
430, avenue Jean Jaurès - BP 199 - 46004 Cahors Cedex
Tél. : 05.65.23.22.21 Télécopie : 05.65.23.22.19.
©J-C.L.J

Chèvres sur le Causse
Du fait de la pression sur le foncier, la reconversion d´exploitations existantes semble offrir des opportunités.

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