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journée Cap’Vert
Êtes-vous sûr de ce que vous distribuez ?

Il est essentiel de contrôler la quantité et la qualité des fourrages distribués aux chèvres. Un atelier lors de la journée Cap’Vert invitait éleveurs et techniciens à jauger les fourrages.

Peut-on juger la qualité d’un fourrage à l’œil ? À force de brasser du foin, la plupart des éleveurs pensent pouvoir évaluer la qualité d’un fourrage en le humant ou le touchant. Pourtant, un atelier de Cap’Vert remettait beaucoup d’humilité dans l’appréciation que l’on peut porter sur un fourrage. Ainsi, en demandant aux éleveurs et techniciens présents de noter trois foins selon la fibrosité, l’appétence et leur valeur alimentaire en protéine (MAT) et en énergie (UFL), force est de constater que les avis divergeaient. Pour quelques paramètres, alors que certains donnaient la meilleure note, d’autres donnaient la moins bonne. « Nous n’avons pas tous le même regard, observait Laurent Galliot du BTPL. Imaginez ces avis divergents entre deux associés d’un Gaec… »

Si les participants ont globalement mieux noté un foin de luzerne de troisième coupe (dont l’analyse donnait 175 g/kg de MAT et 0,72 UFL par kilo de MS), ils ont surapprécié un foin de luzerne de première coupe (142 de MAT-0,68 UFL) par rapport à une autre première coupe avec des résultats pourtant très proches (136 de MAT-0,68 UFL). « Avec plus de feuilles et des tiges plus fines, l’un des foins semblait meilleur que l’autre, pourtant les deux foins étaient tous les deux moyens avec des valeurs très semblables », remarque Rémi Couvet du Saperfel.

Précis dans les quantités distribuées comme dans le rationnement

Les critères d’appétence et de fibrosité sont subjectifs ; le seul vrai baromètre reste la consommation par les chèvres. Par contre, pour les valeurs alimentaires, il est possible de faire une analyse biochimique au laboratoire ou une analyse infrarouge avec l’Agrinir. L’idéal est de réaliser, chaque année, une analyse par coupe et par parcelle homogène. À défaut, quelques analyses permettront de trier au mieux les bottes dans le hangar pour pouvoir les mobiliser au moment opportun. Pour une analyse, le prélèvement se fait soit au champ directement en prenant aléatoirement une quinzaine de poignées dans les andains, soit en prélevant environ 500 g de foin lors de l’ouverture d’une botte. « Il ne faut pas tirer une poignée dans une botte serrée, recommande Hervé Thomas de Copavenir, c’est la meilleure façon de faire tomber les feuilles et ne garder que les tiges… ».

Autre exercice où l’œil de l’éleveur et du technicien n’est pas toujours expert, estimer le poids d’une botte de foin. Même en tâtant la densité et en appréciant au pifomètre le diamètre de la balle, les réponses variaient selon les participants de 200 à 600 kilos pour deux bottes qui pesaient réellement 320 et 440 kilos. L’œil ne vaut rien et, à défaut d’un système de pesée intégré à la fourche ou au télescopique, un peson donne de très bons résultats. Même pour soupeser de plus petites quantités, les bras de l’homme ne valent pas forcément grand-chose. « Un bilan fourrager, c’est un poids et une analyse, défend Romain Lesne, technicien de l’Ardepal. Nos rationnements sont précis à 50 grammes près, il faut aussi essayer d’être précis dans la distribution… » Rémi Couvet du Saperfel le confirme : « parfois nous chipotons dans les rations pour 50 g de maïs mais ça ne sert à rien si la distribution de fourrages varie de 400 grammes… »

Des fourrages bien identifiés pour les donner au bon moment

« Il est toujours utile de tarer régulièrement ses moyens de distribution, renchérit Camille Delaporte de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne. Une boîte de conserve cabossée ne contient pas le même poids de concentrés que la boîte non cabossée… De même, d’une livraison à l’autre, il peut avoir plus ou moins de poussière dans les aliments et la densité peut alors varier. Peser les aliments distribués ne prend que quelques minutes mais cela permet de distribuer la bonne dose. »

Connaître la valeur alimentaire de ses fourrages permet d’affiner au mieux la ration et de distribuer le meilleur foin au bon moment. Dans l’idéal, il faut distribuer les bons fourrages en fin de gestation (trois semaines avant la mise bas) afin de maintenir le volume de la panse, tout en en couvrant les besoins d’un animal dont la capacité d’ingestion baisse à cause de la place prise par les fœtus. Il faut donc apporter à cette période un foin riche en énergie, appétant et qui fait ruminer ; par exemple, une deuxième ou troisième coupe de luzerne ou une première coupe de ray-grass italien précoce, faite par beau temps en début d’épiaison. Au début de lactation, on poursuivra avec ces fourrages en augmentant les quantités distribuées. Il faut donc un stock important de ce bon foin. Pour les reconnaître dans le hangar de stockage, on pourra les identifier avec des filets de couleur, des fils ou des pancartes. Les foins de moins bonne qualité, à repérer également, seront distribués préférentiellement en fin de lactation, entre la fécondation et le tarissement.

L’appréciation visuelle ne vaut pas la balance et l’analyse

Succès de la journée technique Cap’Vert

Le 28 septembre dernier, 425 éleveurs, techniciens et étudiants se sont retrouvés à l’Inra de Lusignan sur le site de Patuchev pour la journée technique Cap’Vert qui était coorganisée par l’Inra, l’Institut de l’Élevage, les chambres d’Agriculture, le Brilac et l’enseignement agricole. Toutes les structures de recherche et développement étaient présentes pour animer des ateliers thématiques sur la valorisation de l’herbe dans les systèmes d’élevage caprin. Parmi les 425 participants, on compte 175 éleveurs et futurs éleveurs, 140 techniciens et une centaine d’apprenants en BTS et CS caprin.

Les huit ateliers techniques proposés lors de la journée ont permis aux participants d’échanger sur les thématiques de l’affouragement en vert, du pâturage, des méteils grains, des solutions face à un déficit fourrager, de la distribution des foins, du semis des prairies, de l’observation du troupeau et du choix du renouvellement.

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