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Elevage caprin
Du lait dès septembre

Désaisonné dès sa création, le troupeau du GAEC de la Bellimure dans le Vaucuse assure une production de lait d´automne et d´hiver soutenue par des prix du lait très incitatifs.


C´est sur le plateau d´Albion (Vaucluse), le pays de la lavande, du petit épeautre et de l´agneau du Ventoux que Laurent Chabanon et Marc Furrasola élèvent leur troupeau de 140 alpines. A 850 mètres d´altitude le climat est rude, continental et méditerranéen, froid l´hiver et chaud l´été.
« Dès mon installation, en juin 1998, j´ai démarré avec un troupeau désaisonné, explique Laurent. La Fromagerie de Banon m´avait donné son accord pour collecter le lait à la condition de produire du lait d´hiver. J´ai donc créé le troupeau avec des chevrettes pleines et désaisonnées et les premières mises bas ont eu lieu dès septembre, trois mois après l´installation. Ce démarrage avec un système désaisonné était intéressant car les premières rentrées d´argent ont été rapides ».

Depuis août 2003, le GAEC de la Bellimure a été constitué avec Marc qui avait déjà travaillé sur l´exploitation comme stagiaire. Le troupeau est conduit en système herbager avec pâturage gardé ou en parc sur prairie naturelle ou cultivée. Pendant la période de tarissement de fin juin à mi-août, les chèvres sont en estive, sur un parcours de sous-bois en collines à une heure de marche de l´exploitation. En automne-hiver, du début de la lactation au mois de septembre jusqu´en mars, l´alimentation de foin et concentré est distribuée en chèvrerie.
Depuis décembre 1998 le protocole de désaisonnement lumineux avec mélatonine est appliqué sur chevrettes et boucs, le chèvres adultes n´étant pas traitées à la mélatonine.
©J.-C. Le Jaouen


Pic de production laitière en octobre
« C´est un système qui marche bien, constate Laurent, avec 80 à 85 % de mises bas des chèvres adultes sur août et septembre et 40 à 65 % de mises basdes chevrettes d´août à octobre. Les chèvres repérées vides à l´échographie au mois de février, environ 15 à 20 % de l´effectif, restent en lactation longue de 22 mois, avec des lactations pouvant atteindre 1300 kg de lait en 400 jours ».
Le pic de production laitière est obtenu en octobre, avec cependant un léger creux en février car le troupeau ne sort pas encore en pature et le meilleur foin a été utilisé du début de la lactation jusqu´en décembre. Dès le début du printemps, avec la mise à l´herbe, la lactation remonte pour décliner ensuite jusqu´au moment du tarissement en juillet. La moyenne de production au contrôle laitier est de 891 kg de lait pour les adultes et 793 kg pour les premières lactations.

« Notre objectif est de réduire au minimum le nombre de chèvres vides en juin. Certaines seront taries fin juin avec le reste du troupeau et les moins bonnes seront vendues en réforme. Ceci implique de conserver un peu plus de chevrettes qu´avec un taux de renouvellement normal, ce qui est un coût supplémentaire lié au désaisonnement lumineux. L´idéal serait de parvenir à atteindre une fertilité de 90 à 95 % sur tout le troupeau désaisonné. La fertilité des nullipares est trop faible, il va donc falloir l´améliorer. Pour cela nous avons plusieurs pistes qui seront appliquées : renforcer l´éclairement, mettre des jeunes boucs de deux ans et non plus des boucs de l´année ».
L´entreprise qui collecte le lait est fortement demandeuse de lait d´automne et d´hiver et pratique un différentiel de prix très incitatif atteignant 343 euros/1000 litres entre décembre et mai-juin (soit 2,25 F/litre).

Au cours de la dernière campagne, avec près de 100 000 litres de lait livré par le Gaec, le prix du lait hors taxe s´est établi, en tenant compte de diverses primes, à 616 euros/1000 litres en mai-juin et 949 euros en décembre, soit près de 1 euro par litre en fin d´année.
« En fait, nous essayons de travailler la marge au litre de lait sur coût alimentaire, expliquent Laurent et Marc, nous ne recherchons pas la performance laitière dans l´absolu même si notre moyenne de troupeau est tout à fait honorable. L´important c´est le revenu, donc la marge au litre. Une autre contrainte dont nous devons tenir compte est celle qui est imposée par les conditions de production de l´AOC Banon est le plafonnement à 850 kg de lait par chèvre et par an en moyenne. Pour les autres dispositions du cahier des charges, notre système d´élevage est conforme aux exigences de l´AOC ».

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Cet article est extrait du dossier de Réussir La chèvre de Novembre-Décembre 3003 intitulé : « Désaisonnement : maîtriser les traitements lumineux  ». «  Le caractère saisonnier de la production laitière caprine conduit les entreprises à inciter les éleveurs à produire du lait d´automne et d´hiver, remarque Jean-Claude Le Jaouen, rédacteur en chef de la revue. La technique du traitement lumineux proposée depuis 1989 rencontre un large succès auprès des éleveurs laitiers et fromagers, mais sa maîtrise pose parfois des problèmes d´application.  » Ce dossier d´une douzaine de pages est l´occasion de rappels utiles sur les protocoles de maîtrise de la reproduction par le photopériodisme, articles complétés par des témoignages d´agriculteurs. (Réussir La Chèvre nº 259).
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