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Dans la Vienne
Des synergies entre les chèvres et les vaches

Au Gaec Grains Gars Lait, la complémentarité des productions et une bonne organisation du travail entre les associés permettent d’obtenir de bons résultats tout en maîtrisant le temps de travail.

« 2015 a plutôt été une très bonne année pour nous, avec des chèvres, du lait, des prix… reconnaît Yohan Cools, éleveur de 600 chèvres à Saint-Julien-l’Ars, dans la Vienne. Nous avons eu du bon foin, nous avons gardé plus de primipares, les chèvres ont eu beaucoup de lait au démarrage, quatre kilos de moyenne et ont bien tenu en lait. » Vendus à Poitouraine, les 1 100 kilos de lait par chèvres ont été valorisés au prix moyen de 705 euros sur l’année 2014, avec des taux de 40,1 et 33,9, sans problème de cellules. La période de mises bas, en mai, leur permet de produire du lait au moment où le prix est le plus élevé. Elle a aussi été fixée de manière à s’intercaler entre les autres pointes de travail de l’exploitation. En effet, les six associés du Gaec Grains Gars Lait produisent aussi du lait de vache avec 150 têtes et des grandes cultures sur 100 des 300 hectares de SAU. Si chacun a sa spécialité — Yohan Cools et Lionel Béjaud sur les caprins, deux autres associés sur les vaches, un cinquième sur les cultures et le dernier sur l‘administratif et les mélangeuses — ils s’entraident lors des pics de travaux.

Hormis 100 hectares de blé destinés à la vente, le reste de la SAU est dédié aux animaux : 100 hectares de maïs pour faire de l’ensilage et du maïs grain, 30 ha de colza, 20 ha de luzerne et 50 ha de prairies en mélanges graminées-légumineuses. 240 hectares sont irrigables. « L’irrigation a été essentielle pour intensifier les cultures et nourrir les animaux avec la surface dont nous disposons. »

Les mêmes aliments sont utilisés pour les vaches et les chèvres

La présence des différentes productions permet de lisser le résultat global : quand une production va moins bien, l’autre compense. De plus, vaches et chèvres sont complémentaires et permettent des économies d’échelle. En effet, la même mélangeuse sert pour les bovins et caprins, et les mêmes aliments (soja, aliment concentré de production) sont utilisés pour les deux troupes, ce qui permet de passer des commandes en gros et de diluer les charges. Les refus des chèvres sont distribués aux génisses et les premières coupes des luzernes et prairies sont ensilées pour les vaches. La ration des chèvres au pic de lactation se compose donc de trois kilos d’ensilage de maïs et 600 grammes de foin pour les fourrages. Elle est complétée par 600 grammes de maïs grain, 100 g de tourteau de colza, 150 g de soja, 230 g de correcteur azoté et 300 g de concentré de production vache laitière à base de lin et colza. Ce dernier a été introduit pour enrichir la ration en matière grasse à la suite de la mise en place de la nouvelle grille de paiement. Tout est distribué en ration mélangée en un seul passage mais un robot repousse les aliments cinq fois par jour.

Un tiers des chèvres sont passées en lactation longue. Seules 400 chèvres, les meilleures, sont inséminées, en deux lots. Cela leur donne de quoi couvrir les besoins : 200 chevrettes pour le renouvellement et 70 à 80 chevrettes qui sont vendues chaque année. Le premier lot d’IA regroupe les primipares principalement. Le deuxième lot, 15 jours plus tard regroupe des chèvres de deuxième et troisième lactations qui avaient bien pris l’insémination l’année d’avant ou avec une bonne génétique. Un lot de repasse est ensuite constitué pour que toutes les primipares mettent bas. Les autres passent en lactation longue si elles ne sont pas pleines. Les chèvres en lactation longues sont réformées quand elles ne tiennent plus en lait. La chèvrerie est organisée en quatre lots, passant à la traite dans un ordre précis : d’abord les primipares, puis les chèvres inséminées, puis celles en lactation longue et, en dernier, les chèvres à problèmes, futures réformes. La salle de traite est un roto de 38 postes et la traite est réalisée en 2 h 15 par une seule personne.

Toujours une personne disponible pour les chèvres

Les chevrettes reçoivent du colostrum pendant trois jours après la naissance avant de passer à la poudre de lait 0 %. Elles sont sevrées à 16 kilos et consomment ensuite de la paille et un aliment chevrettes, d’abord à volonté puis rationné. Elles sont mises à la reproduction en octobre, vers six mois, en décalé des chèvres. « Cette année, des petits lots de lutte ont été constitués avec un seul bouc de façon à pouvoir identifier les pères, car nous voulons encore travailler sur la génétique pour améliorer nos résultats. » Toutes les chevrettes d’IA sont gardées et les autres sont vendues vers neuf mois à un prix de 250 euros. Les chevreaux, quant à eux, sont engraissés et vendus vers un mois à un poids de 10 kilos à la Caveb. « Nous avons essayé pour la première fois en 2015 des granulés de paille pour leur litière. Cela permet de gagner du temps car il n’y a plus besoin de pailler et cela absorbe mieux l’humidité. Mais nous continuerons à mettre de la paille pour la litière des chevrettes d’élevage car cela les incite à en consommer. »

Tout est pensé pour passer le moins de temps possible au travail. En temps normal, il faut compter sept heures à une personne pour faire l’ensemble des travaux liés aux soins aux chèvres. Les deux éleveurs font alternativement la traite du matin ou du soir. Le matin, pendant que l’un trait, l’autre balaie les auges, enlève les refus, paille et s’occupe des chevrettes. Le fait d’être deux personnes dédiées à l’atelier caprin permet d’avoir toujours quelqu’un de disponible pour les chèvres, même quand il y a d’autres travaux ou chantiers à réaliser sur la ferme. « Il n’y a pas forcément besoin d’y passer beaucoup de temps pour avoir de bons résultats. Notre organisation nous permet de passer beaucoup de temps à observer le comportement des animaux, les crottes, analyser les résultats de contrôle laitier, et préparer la ration… » Le week-end, les travaux sont assurés par une seule personne, en 5h30 en les réduisant au strict minimum, sans la mélangeuse assurée par un autre associé.

Pas besoin d’y passer beaucoup de temps pour avoir des résultats

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