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Hygiène de traite
Des mamelles propres et des manchons sains

Chez Marie et Anthony Mercier, les chèvres et les mamelles sont choyées. Ils ont installé un système pour désinfecter les manchons trayeurs et un autre pour les trayons après la traite.

Les abords de la ferme comme l’intérieur de la chèvrerie de Marie et Anthony Mercier traduisent bien le niveau d’ordre et de propreté qui règne dans l’élevage. À Betz-le-Château en Indre-et-Loire, rien ne traîne et le sol est parfaitement propre. Après les deux traites quotidiennes des 300 chèvres, Anthony endosse sa souffleuse thermique et il balaye à grande vitesse le couloir central légèrement crotté par le passage des animaux.

Dans la salle de traite Delaval de 24 postes avec décrochages automatiques et bras de basculement, c’est pareil. Tout est propre. Les quais reçoivent un coup de jet d’eau après la traite en plus du passage du nettoyeur haute pression une fois par mois. L’hygiène se poursuit pendant la traite puisque les manchons trayeurs sont désinfectés entre chaque chèvre avec une solution à base d’acide peracétique. « C’est la principale molécule utilisable pour la désinfection des manchons trayeurs, explique Maxime Bienne de Kersia. Après désinfection, cette molécule se décompose en eau, oxygène et acide acétique au contact de la matière organique comme le lait ».

De la crème Nivea désinfectante en fin de traite

Pour nettoyer les manchons, rien de plus simple, on prend un manchon trayeur dans chaque main et on appuie sur les deux boutons-poussoirs blancs qui envoient alors une pulvérisation de produit Actiflash 5 + dilué à l’intérieur des manchons. « C’est le même principe que le rinçage à l’eau des verres dans les bars » compare Maxime Bienne. Cela prend environ deux secondes par chèvre. Après la pulvérisation, les manchons s’égouttent un peu avant d’être placés sur les trayons. Cette désinfection des manchons trayeurs est complétée par une pulvérisation des trayons après la traite.

Quand la chèvre est finie de traire, Marie pulvérise une solution de Trayor qui désinfecte les trayons et la base de la mamelle. « En plus de l’action désinfectante, cela a un effet cosmétique sur la peau des trayons, apprécie Marie. C’est comme de la crème Nivea qui hydrate et assouplit la peau ». La pulvérisation du produit est assurée par l’automate Kit Spray un pistolet relié à l’air comprimé d’un compresseur par un tuyau spiralé souple. En salle de traite, le passage sous les mamelles est tellement rapide qu’il est dur pour le photographe de fixer ce bref instant…

Mis en place de l’installation suite à des staphylocoques

Installés éleveurs de chèvre en septembre 2013, Marie et Anthony, 32 ans tous les deux, ont investi environ 300 000 euros dans une nouvelle chèvrerie de 320 places achevée en mars 2016. Mais en juin 2017, ils commencent à avoir de gros soucis de staphylocoques. Les analyses de la laiterie ont montré un lait positif de juin à novembre 2017, soit une pénalité de 150 € les mille litres pendant ces six mois. Livré à la laiterie de Verneuil, le lait en AOP sainte-maure-de-touraine a été payé au prix moyen de 785 euros les mille litres l’an dernier.

« Il n’y avait pas de cycle clinique de mammites sur les mamelles des chèvres », se souvient Marie. Après avoir analysé le lait de toutes les chèvres, ils mettent en place un protocole de soin avec le vétérinaire qui comprend traitements antibiotiques et vaccinations. Après une deuxième analyse quartier par quartier, ils tarissent quelques chèvres et quelques demi-mamelles. La pulvérisation pour le post-trempage est installée en octobre 2017 puis la désinfection des manchons trayeurs fin décembre.

Dix minutes de plus pour une tranquillité d’esprit

Les staphylocoques baissent et les cellules aussi, passant d’un plafond de 2,2 millions à 1,5 million maintenant. « Nous ne revendiquons pas de baisse de cellules immédiate, explique Maxime Bienne, mais plutôt une prévention en évitant de contaminer les chèvres saines. Sur une quarantaine d’exploitations caprines équipées en France, nous avons observé que les chevrettes restent saines plus longtemps. »

« Sur une heure et demie de traite, cela me prend dix minutes de plus, reconnaît Marie. Mais je suis plus tranquille maintenant. S’il y a des mammites, on ne va pas les transmettre aux autres. On ne se rendait pas compte mais le manchon est utilisé sept fois chez nous entre deux nettoyages. » Et, en une traite, Marie se sera lavé quatre fois les mains. Le coût du Trayor et de l’Actiflash 5 + est estimé à moins de cinq euros par chèvre et par an mais, comme l’indique sagement Anthony, « on est prêt à mettre trois sous si on peut en gagner six… » Les éleveurs pourraient aussi faire du prétrempage mais il faudrait alors réglementairement rincer et essuyer les trayons, ce qui est très peu pratiqué en caprin.

Lumières, brosses, ventilateurs et pédicures

Avec ces soins pendant la traite, les chèvres produisent 1 250 kilos de lait en moyenne. Cette performance est aussi a imputée à l’alimentation basée sur du foin de trèfle violet à volonté au râtelier auquel s’ajoutent 900 grammes de concentré spécial chèvre laitière, 450 g d’orge aplati et 450 g de maïs aplati en deux repas. Cette ration est complétée par 100 grammes de tournesol distribué par la stalle Albouy en salle de traite.

Dans le bâtiment large et lumineux, les chèvres ont tout pour être à l’aise. Marie et Anthony les gâtent car elles disposent aussi de ventilateurs et de cinq brosses rotatives Delaval qui tournent une vingtaine d’heures par jour. Les éleveurs envisagent aussi d’installer un système de goutte à goutte placé sur la toiture pour perdre quelques degrés et gagner un peu de fraîcheur. Les chèvres reçoivent aussi vitamines et hépatoprotecteurs tous les ans. Elles ont aussi à disposition une pierre de minéraux et de l’argile à volonté. Signe encore une fois que rien n’est laissé au hasard, les onglons sont coupés deux fois par an. Et la traite se déroule toujours en musique sur les ondes de Graffiti ou de RTL2… Un paradis pour chèvres.

Pour casser la contamination par les manchons

Combien ça coûte ?

6 150 € de matériel et moins de 5 € par chèvre et par an

Il faut compter 950 euros pour l’automate kit Spray pour la désinfection des trayons. Pour la désinfection des manchons trayeurs, on compte 250 euros par poste. Ici, douze postes ont été installés de chaque côté. Sur un roto de traite, un seul poste aurait suffi. L’automate de prélèvement et de dilution de la solution et la tuyauterie reviennent à 1 200 euros. « La pose, offerte par Kersia, a demandé une journée à trois personnes », indique Emmanuel Cogneau de Kersia. Sur l’année, la consommation pour la désinfection des manchons avec l’Actiflash 5 + est d’environ 0,3 kg par chèvre, soit environ 0,8 euro par chèvre, et d’environ un kilo de Trayor par chèvre pour la pulvérisation des trayons, soit 3,75 euros environ.

Désinfection automatique en sortie de traite

Kersia propose également une cage de pulvérisation pour désinfecter automatiquement les trayons dans un couloir en sortie de traite. Au passage de la chèvre, l’animal est détecté par plusieurs capteurs qui déclenchent la pulvérisation du désinfectant. Adapté pour les rotos de traite, ce matériel DTLG Spray est vendu aux alentours de 3 150 euros HT. Il faut y adjoindre un extracteur d’air pour environ 2 000 euros.

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