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Sécurité en élevage caprin
De bonnes pratiques pour se prémunir contre les accidents ou les maladies

Les principaux risques pour la santé sont les chutes, la route et les machines mais aussi la répétition quotidienne des gestes. Rappel des bonnes pratiques de sécurité.

La brouette électrique permet de distribuer un concentré sur toute la longueur de la chèvrerie, sans efforts et sans besoin de recharger. © B. Morel
La brouette électrique permet de distribuer un concentré sur toute la longueur de la chèvrerie, sans efforts et sans besoin de recharger.
© B. Morel


Philippe Don est conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA des Deux-Sèvres depuis 27 ans. Basé dans la région caprine de Melle, il connaît les risques spécifiques aux élevages de chèvre. « La sécurité, c´est surtout du bon sens, explique-t-il. C´est avoir l´état d´esprit de se poser la question `comment pourrais-je faire autrement pour que ça aille mieux ?´ ». Car il n´est pas question de jouer avec la sécurité de l´exploitant, de sa famille, des salariés ou du livreur. En France, un accident du travail sur trois est lié à une chute. Or, des moyens de protection peuvent être mis en oeuvre comme des garde-corps sur toutes les zones dangereuses (silos, fosses, cuves.). « Pour accéder à des parties en hauteur, il faut utiliser un outil approprié comme une échelle plutôt que la fourche avant du tracteur » recommande P. Don qui chasse les vieilles échelles en bois « de l´âge du grand-père » que l´on utilise qu´occasionnellement jusqu´à ce qu´un barreau ne lâche.
« Trop souvent, on raisonne la circulation des animaux avant de penser à celle des hommes, s´agace aussi P. Don. Pourtant, avec un bâtiment, on en prend pour 20 ans et il est important de bien l´aménager ».

 

La MSA accompagne les exploitants vers une meilleure prise en compte des risques de leur métier. ©D. Hardy


Les machines sont à utiliser avec précautions
Souvent, il y a un arbitrage à faire entre l´homme et l´animal : une porte pour accéder aux chèvres, c´est souvent deux places de cornadis en moins mais beaucoup d´enjambements potentiellement dangereux en moins.
Contre les risques d´incendies, il faut surveiller l´échauffement du fourrage et placer des extincteurs aux endroits stratégiques. Pensez aussi à vérifier et changer, si nécessaires, les chaînes qui supportent les radians pour l´élevage des chevrettes.
Les risques d´accident sont aussi liés à l´utilisation des machines. « Parmi les salariés d´exploitations agricoles, la moitié des décès au travail, soit 50 morts par an, sont causés par les accidents de la route » rappelle le conseiller. En 2003, une étude nationale de la MSA montrait que seul 17 % des protections de l´arbre de transmission à cardans étaient complets, c´est-à-dire avec tubes, bols et chaînette en bon état.

 

 

Philippe Don, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA des Deux-Sèvres : « la sécurité, c´est surtout du bon sens ». ©D. Hardy


Mauvaises postures et répétition des gestes
Autre risque plus sournois, les maladies professionnelles peuvent vite devenir handicapantes. Dans les élevages caprins, ce sont les troubles musculo-squelettiques, liés aux gestes répétitifs, qui sont les plus fréquents. « Cela se traduit par des réveils la nuit avec un fourmillement dans les mains, explique Philippe Don. Là, il faut absolument consulter un médecin. Si on attend trop, cela va remonter au coude puis à l´épaule, et là, c´est une année d´arrêt de travail qui sera nécessaire pour remettre l´organisme en place ». Ces troubles causés par un conflit entre l´os et le muscle sont liés à une mauvaise posture et à la répétition de gestes. Ils sont renforcés par les conditions de traite (froid, courant d´air), le stress ou le fait de démarrer avec des muscles froids. Pour diminuer les risques de troubles muscullo-squeletiques, le service prévention de la MSA des Deux-Sèvres travaille avec des kinésithérapeutes pour élaborer des gestes d´échauffement spécifiques à la traite et des mouvements d´étirement bénéfiques pour réharmoniser le corps.
La conception de la salle de traite doit être réfléchie en fonction du trayeur et de sa taille. Les mamelles doivent se présenter à une hauteur comprise entre le coude et les épaules. Ainsi, le quai doit être à 90 centimètres de haut environ pour un trayeur de 1,60 mètre et à un mètre pour un trayeur de 1,80 mètre.
Avec 250 chèvres, c´est 500 manipulations de godets trayeurs par traite soit 1 000 par jour. Et à 800 grammes la griffe, c´est 800 kg de griffes qui sont manipulés par jour !
Pas étonnant que le syndrome du canal carpien lié aux gestes répétitifs se développe dans les poignets des trayeurs. « C´est un symptôme que l´on rencontre plus fréquemment chez les éleveurs caprins que chez les bovins à cause du nombre important d´animaux à traire » observe Philippe Don en bénissant le décrochage automatique pour ce qu´il apporte comme confort.

 

 

Un distributeur automatique de concentrés ou le décrochage automatique permettent de simplifier la tâche et de ménager sa santé. ©D. Hardy


Ne pas hésiter à faire appel à des professionnels
De la même façon, les distributeurs automatiques de concentrés, ou même plus modestement une brouette distributrice, sont des engins utiles pour le dos qui évitent bien des hernies discales. « Il peut être intéressant de prendre le temps de peser et calculer les charges transportées par jour par un chevrier » explique Philippe Don en citant un couple d´éleveurs qui portent chacun 1,2 tonne par jour de paille, de foin et de concentrés pour nourrir leurs 250 chèvres. Les dérouleuses à foin et pailleuses automatiques sont aussi des engins bénis pour le dos.
Autre action ingrate et parfois dangereuse, la taille des onglons met le poignet et le dos de l´éleveur à rude épreuve. Philippe Don recommande alors de faire appel à des professionnels spécialisés ou d´investir dans un taille-onglons électrique ou pneumatique. Dans ce cas, l´achat de ce matériel en groupe permet de réduire les frais.

 

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