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Schéma Lacaune viande du Gebro
Apport d´un gène culard pour un meilleur gigot

Le Gebro a lancé un programme d´introgression d´un gène culard pour améliorer encore la qualité du gigot. La diffusion auprès des éleveurs devra être maîtrisée afin d´éviter toute « erreur ».


L´une des chances de la race Lacaune viande, est peut-être de voisiner avec sa cousine laitière. Après la spécialisation de celle-ci vers le lait, à la fin des années soixante-dix, des éleveurs ovins viande ont senti la nécessité de dessiner une branche davantage orientée vers la viande : ce fut d´abord Ovi-Test dont le schéma de sélection mit l´accent sur les aptitudes de reproduction (prolificité et valeur laitière), puis quelques années plus tard, le Gebro qui s´orienta sur les aptitudes bouchères (croissance, conformation et qualité des carcasses). Une sélection qui a su tirer parti de la branche laitière. Ainsi, le testage des béliers sur descendance est effectué sur des agnelles laitières. « Cela permet de faire un travail normal sans enlever du potentiel génétique sur la base de sélection », indique Didier Grasset, qui anime la section reproducteurs du Gebro avec, à ses côtés, Myriam Vionnet, technicienne. « Et d´avancer vite », ajoute Yannick Bonnefous, sélectionneur.
Des agneaux croisés Lacaune viande X Lacaune lait en cours d´engraissement dans la station de testage sur descendance du Gebro. ©B. Griffoul

Mise en avant des caractères maternels
Si les aptitudes bouchères sont toujours son objectif principal, depuis dix ans, l´unité de sélection a davantage mis l´accent sur les caractères maternels (prolificité et valeur laitière) qui étaient un peu son point faible. Toutefois, la régularité est bonne avec extrêmement peu de naissances à plus de deux agneaux. Un schéma de sélection au sein duquel s´élaborent « des nouveautés tous les 2 ou 3 ans », selon Didier Grasset. Parmi les innovations les plus marquantes, un projet d´introgression du gène culard issu de la race Texel Belge qui déboucherait dans quelques années sur la diffusion d´une génétique qui permettra de faire un grand pas dans l´amélioration des aptitudes bouchères. Ce programme a été lancé il y a cinq ans suite aux travaux de recherche d´équipes belges et françaises avec l´aide financière de la région Midi-Pyrénées. « Le négoce se plaint que l´agneau local manque de conformation. Il est vrai qu´il y a encore trop d´agneaux classés O dans la région. Notre but est d´homogénéiser sur un standard R », affirme D. Grasset. L´idée consiste donc à obtenir des reproducteurs transmettant ce gène tout en conservant les caractères qui font la valeur de la race Lacaune.
Le choix s´est porté sur la race Texel pour ce gène qui améliore significativement le développement musculaire, mais sans excès, et sa propension à faire peu de gras. Le projet a été facilité par les techniques de génétique moléculaire : une simple analyse de sang permet de détecter les reproducteurs porteurs du gène. L´expérimentation a été conduite hors base de sélection pour ne pas risquer d´y introduire le gène sans d´abord connaître les résultats comme les risques. Les 48 brebis, destinées à être accouplées avec des béliers Texel, ont cependant été choisies chez les sélectionneurs parmi les meilleures et de familles différentes, pour que les produits soient très bons aussi en valeurs maternelles. Trois générations de croisements en retour vers la race Lacaune ont été réalisés en reprenant des mâles issus du précédent accouplement. En fin de programme, quatorze béliers F3, qui n´ont plus que 12,5 % de sang Texel, ont sailli ce printemps 720 brebis chez les sélectionneurs afin de créer des reproducteurs mâles et femelles porteurs du gène culard et possédant 93,75 % de sang Lacaune.
Aucun produit ne sera laissé dans les élevages. Un troupeau de huit mâles et 120 femelles, porteurs hétérozygotes du gène en question, sera constitué chez un nouvel éleveur. Ils seront accouplés pour produire des animaux homozygotes capables de transmettre à coup sûr le caractère culard. Ce cheptel va être développé les années suivantes.
Dans un premier temps (en 2010), le Gebro en fera une diffusion « restreinte », limitée à des doses de béliers pour du croisement terminal. Il est trop tôt en effet pour se prononcer sur la voie femelle : « Il faut voir s´il n´y a pas de risques avant de mettre des agnelles dans la nature », prévient Didier Grasset. Vérifier notamment qu´il n´y ait pas de difficultés de mise bas, de perte de la valeur laitière ou une quelconque autre « bourde ». Depuis le début du programme, aucune césarienne n´a cependant été nécessaire. La discussion, au sein de l´Upra, devra porter aussi sur le risque d´une mauvaise utilisation du gène une fois lâché en dehors de la base de sélection. Notamment l´erreur qui consisterait à conserver des animaux hétérozygotes pour le renouvellement et perdre ainsi la maîtrise du gène culard.

Une prolificité correcte et régulière
Si des questions subsistent, ce programme a permis une « découverte ». Les 48 brebis du départ, issues d´une dizaine d´élevages différents, ont exprimé une prolificité naturelle de 2,10 une fois mises dans des conditions d´élevage identiques et optimales. Un résultat que Didier Grasset considère comme de bon augure pour la suite du programme : « Nous avons une prolificité correcte et régulière. Mais, nous devons encore poursuivre le travail. Dans l´avenir, avec ce troupeau que nous allons créer de toutes pièces, nous améliorerons rapidement les caractères bouchers par le gène culard. Nous pourrons ainsi sélectionner davantage les caractères maternels tout en poursuivant le schéma classique pour au moins maintenir les acquis sur les caractères bouchers. A condition bien sûr qu´en cours de route il n´y ait pas de paramètre faux. »

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