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Filière caprine française
100 000 tonnes de fromages mais toujours trop d´importations de lait

L´Association nationale interprofessionnelle caprine poursuit ses actions de promotion et d´appui à la filière qui vient de franchir le cap des 100 000 tonnes de fromages de chèvres produits en France.

© DR/La Chèvre


Réunis en assemblée générale le 22 juin dernier à la Maison du lait à Paris, éleveurs de chèvre, transformateurs privés et transformateurs coopératifs, formant l´interprofession caprine, se sont félicités de la conjoncture caprine observée en 2006. « Peu de filières fromagères peuvent se targuer d´une telle croissance en France » se félicite Marilyne Le Pape, directrice de l´Anicap, en présentant les chiffres des fabrications de fromages en hausse de 6 % en 2006 par rapport à 2005. Avec 86 000 tonnes de fromages de chèvres industriels produites et 15 000 tonnes de fromages fermiers estimées, la barre « symbolique » des 100 000 tonnes de fromages de chèvres vient d´être franchie en 2006.
Cependant, l´enthousiasme était modéré par le niveau élevé d´importation des produits intermédiaires (lait vrac, caillé et lait concentré) équivalent à 17 % de la production française en 2006. Le président de l´Anicap, Jacky Salingardes, n´a cessé d´appeler à « redynamiser la collecte nationale pour éviter à terme une délocalisation pérenne, même partielle, de nos approvisionnements ». « Pour avoir du lait, il nous faut rendre la filière attractive, en communiquant sur le métier d´éleveur et en cherchant ensemble les moyens d´assurer le renouvellement des exploitations » encourage-t-il en expliquant qu´un groupe de travail composé d´éleveurs et de responsables de collecte se réunira prochainement.

Jacky Salingardes, président de l´Anicap appelle à « redynamiser la collecte nationale pour éviter une délocalisation pérenne, même partielle, de nos approvisionnements ». ©D. Hardy


Démocratiser le fromage de chèvre sans le banaliser
Si les fromages se fabriquent autant, c´est qu´ils se vendent bien. Et de plus en plus à l´extérieur de nos frontières où partent 16 % des tonnages de chèvres produits en France. « C´est désormais à l´export que se dessine l´avenir de notre filière » prédit le président de l´interprofession. Pour Guy Maingret, président de la coopérative Eurial-Poitouraine, « la filière du fromage de chèvre n´échappera pas à la mondialisation et on ne peut pas laisser ces marchés non approvisionnés ».
Robert Arnaud de la Fnec s´interroge, avec provocation, sur la vocation de la filière : « doit-on prendre du lait à l´étranger et le transformer en France pour revendre des fromages à l´étranger ? ». « Le marché est saturé en France et on remplace les fromages de vache premiers prix par des fromages de chèvre premiers prix fabriqués avec du lait espagnol » raille cet éleveur qui ne veut pas dissocier la problématique des importations de celle du prix du lait. Or, la problématique est bien de « démocratiser la consommation de fromage de chèvre sans la banaliser » selon Jacky Salingardes.

Bien présente des débats, la question du prix du lait est soulevée par les éleveurs qui continuent de voir leurs charges augmenter. Jacky Salingardes, encore président de l´Anicap pour quelques semaines avant de passer la main, tente de calmer le débat en appelant les industries à être « innovantes et performantes pour vendre des fromages ». Mais, Dominique Verneau qui représente les industries laitières privées ne peut que constater que les négociations ne sont pas aisées avec la demi-douzaine de clients de la grande distribution. Surtout quand le fromage de chèvre n´est pas un produit stratégique de l´entreprise.

 


La promotion ne s´appuie pas sur les valeurs nutritionnelles
L´Anicap consacre près d´un tiers de ses ressources à la promotion collective des fromages de chèvres. En France d´abord où le livre « Pur Chèvre » a servi de base à la relation avec les médias. Une occasion de parler des fromages dans 155 articles lus par 22 millions de lecteurs et d´inscrire le chèvre dans la quotidienneté des Français. En octobre, l´interprofession mettra à disposition des chroniques radio d´une minute trente qui pourront être repris par les mille stations FM de l´hexagone. Le site internet www.fromagedechevre.com a permis de mieux faire connaître le chèvre aux 86 000 visiteurs de 2006 (contre 42 000 visiteurs en 2004).
Les grandes surfaces qui vendent 90 % des fromages de chèvres sont aussi la cible d´actions financées par l´Anicap. L´interprofession va ainsi éditer une carte des fromages de chèvre de France et un guide de merchandising à destination des chefs de rayon fromage. Les acheteurs de fromage des centrales d´achat seront également invités à visiter des exploitations caprines pour « leur faire toucher du doigt la réalité de l´élevage ».

Pour conforter notre position de leader dans le marché allemand où 6200 tonnes de fromages de chèvre sont vendues chaque année, l´Anicap utilise la même stratégie qu´en France via des relations presse, des actions Internet et des actions en grande surface.
En Grande-Bretagne par contre, la perfide Albion ne semble pas aussi accueillante avec nos chèvres puisque les mêmes efforts auprès de la presse britannique et du site www.frenchgoatscheese.com n´a permis qu´à douze articles de parler du « french cheese » en 2006. Cette année, la communication devra s´orienter vers le slogan « chic et chèvre » avec toute une série de recette chic sur le site.

Si le fromage de chèvre est chic, il n´est pas un produit de régime. L´étude sur la valeur nutritionnelle des fromages de chèvre menée par l´ITPLC(1) et financée par l´Anicap a montré que le fromage de chèvre n´est pas moins gras qu´un fromage au lait de vache. Des fiches nutritionnelles seront éditées pour les fermiers, les industries laitières et pour les enfants via la petite brochure « salut les caprins ». Mais l´interprofession ne recommande pas une communication proactive au sujet de la nutrition, estimant que des notions telles que la diversité des goûts et des textures, l´authenticité, le terroir ou la gastronomie sont des territoires privilégiés de communication en faveur des fromages de chèvres.
(1) Institut technique des produits laitiers caprins

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