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Chaufferettes contre le gel en verger : un intérêt sur les petites parcelles très gélives

Le risque de gel fait son retour sur cette deuxième quinzaine d'avril. Plusieurs entreprises proposent des convecteurs à chaleur ou chaufferettes pour lutter contre le gel en verger. Les tests effectués en 2021 par la Chambre d'agriculture de la Drôme sur deux modèles montrent un intérêt de ce mode de protection sur des petites parcelles très gélives [Article publié initialement en février 2022].

Les bougies utilisées contre le gel en verger présentent certaines limites. En effet, selon l’espèce et l’intensité du froid, elles ne permettent pas toujours permis de sauver la récolte malgré toute l’énergie déployée pour les allumer. Leur approvisionnement fait aussi défaut au bout de plusieurs nuits consécutives de gel. En alternative à ce produit, certaines entreprises proposent des chaufferettes ou convecteurs à air chaud, comme Viti-chauffe, Filpack, Terreco ou encore Flam-Energie. Tous les modèles sont des tubes ou des cônes en inox qui diffusent une chaleur produite par la combustion de briquettes, granulés, bois ou déchets de production. Deux modèles ont été testés en 2021, en comparaison avec des bougies ou une protection par aspersion.

 

Gain de température à l’allumage supérieur à celui des bougies

« Nous avons utilisé les chaufferettes Wiesel Frost Oven commercialisées par la société Filpack pour protéger les parcelles de pruniers en 2021, témoigne Eric Delareux, chef d’exploitation de la station expérimentale de La Pugère (Bouches-du-Rhône). Pour tout vérifier, nous avons positionné des stations météo de la société TCSD Comsag. Au plus fort des gelées, la température de -5,2°C a été atteinte hors protection. Les pruniers étaient à un stade phénologique où le seuil de gel se situait à -0,5°C. Sur la parcelle protégée avec 200 chaufferettes par hectare, nous avons pu sauver 70 % de la récolte. Sur celle protégée en micro-aspersion sous-frondaison, nous n’avons rien récolté. »

Vidéo de la Chambre d'agriculture de la Drôme sur l'utilisation des chaufferettes (Benoit Chauvin-Buthaud)

Selon le chef de culture, si la chaufferette est fermée par un couvercle, l’acier crée un effet masse et le rayonnement peut se ressentir physiquement sur une hauteur de 1,30 à 1,50 m et un rayon de 3 m. Selon un essai sur la même station comparant chaufferettes et bougies, à l’allumage le gain de température des chaufferettes est significativement plus élevé que celui des bougies. Elles délivrent plus de chaleur sur une courte durée, de façon moins longue et moins régulière que les bougies. Leurs limites résident dans leur mise en place, la durée de la combustion et leur prix. « Leur installation, plus longue que celle des bougies, demande de l’organisation », souligne Eric Delareux. Et donc une anticipation des périodes de gel.

« Une fois mises en place, les chaufferettes restent dans les vergers toute la saison de gel, ce qui est problématique s’il est nécessaire de passer dans les vergers, continue le spécialiste. Mais il est sans doute possible d’imaginer une installation un rang sur deux. » La durée et la dynamique de combustion sont variables selon le type de combustible. Ces chaufferettes acceptent des briques de bois compressées, de la plaquette, du bois brut ou encore des déchets de production, tels que des grignons d’olive ou des coques d’amande concassées. Avec deux sacs de 10 kg de briquettes compressées, dans l’essai de La Pugère, leur combustion a duré 5 à 6 h, contre 10 h pour une bougie. « Cette solution convient pour de petites parcelles ou dans le cas de parcellaires morcelés », analyse le chef d’exploitation.

Un rayonnement trop bas pour Viti-chauffe

Après cinq années consécutives de gels dans les vergers d’abricotiers du sud de la Drôme, la Chambre d’agriculture a mis en place en 2021 des essais afin de comparer les bougies et des chaufferettes, dont les modèles de l’entreprise Viti-chauffe. Granulés ou grignons peuvent être utilisés comme combustibles pour ce modèle. « Ce système intéressant sur le plan écologique n’a malheureusement pas résisté au gel survenu dans la nuit du 7 au 8 avril avec un gel intense à -8°C. Nous avions installé 180 chaufferettes/ha, une densité sans doute insuffisante pour résister à l’intensité du gel », observe explique Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur en arboriculture fruitière à la Chambre d’agriculture de la Drôme.

Retour d'expériences sur l'utilisation des chaufferettes (Benoit Chauvin-Buthaud)

La promesse de Viti-chauffe est en effet, en vigne comme en vergers, une protection jusqu’à -5°C pour une densité de 200 chaufferettes par hectare. Sur des gelées de -8 à -9°C avec une densité augmentée à 300 par hectare, elles ont fait l’objet d’essais concluants sur des vignobles en Champagne en 2021. « Mais les relevés que nous avons réalisés sur la parcelle d’essai montrent que le rayonnement produit par les chaufferettes Viti-chauffe n’atteint que la hauteur d’une vigne et n’a pas permis de protéger suffisamment les fruits et les bourgeons en hauteur sur les arbres. Il a également été constaté une hétérogénéité de la chauffe sur la parcelle. Par ailleurs, l’allumage est plus compliqué que pour les bougies et la manipulation des granulés est lourde à mettre en œuvre. » L’autonomie de ces chaufferettes est estimée à 13 h dans les essais de la Chambre d’agriculture de la Drôme, avec une consommation moyenne de granulés de 3 kg/h. « Ces résultats nous conduisent à penser que, pour le moment, ce type de protection doit être réservé à des parcelles à très fort risque de gel afin d’amortir chaque année l’investissement. »

Un investissement à amortir

Le principal frein de ce mode protection est son investissement. Etant réutilisables, ces chaufferettes ont un coût à l’achat supérieur aux bougies auquel il faut ajouter le prix du combustible. Il est d’une cinquantaine d’euros pour le modèle vendu par Filpack et de près de 200 euros pour celui de Viti-chauffe. Les densités conseillées par les vendeurs sont pour Viti-chauffe de 200 unités/ha et pour Filpack de 150 à 300 unités/ha pour des gels de -2° à -4°C et de 300 à 350 unités/ha pour les gels jusqu’à -6°C.

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