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Stabulation pour vaches allaitantes
Attention aux coûts de fonctionnement

La paille est une denrée pas forcément rare mais trop souvent chère. Attention aux bâtiments 100 % paillés si l’exploitation est éloignée des principaux bassins de production.

Les tensions prévisibles sur le prix de la paille compte-tenu du développement du débouché énergie mérite une attention aux coûts de fonctionnement des bâtiments.
Les tensions prévisibles sur le prix de la paille compte-tenu du développement du débouché énergie mérite une attention aux coûts de fonctionnement des bâtiments.
© F.Alteroche

Même si ses tarifs sont redevenus plus raisonnables pour l’hivernage en cours, la paille est encore loin d’être bon marché. Dans de nombreuses régions, son prix rendu sur l’exploitation avoisine les 70 euros la tonne. Dans le cas d’une stabulation à aire paillée intégrale, le fait de pailler ses animaux en respectant les préconisations de 8 à 10 kg/jour/vache se traduit par une dépense conséquente qui s’accroît très vite si la durée de l’hivernage traîne un peu en longueur. « Ce qui attire les éleveurs vers l’aire paillée intégrale, c’est bien entendu le coût plus modique de l’investissement initial, mais beaucoup sousestiment le coût de fonctionnement de ces bâtiments avec les besoins conséquents en paille qui en résultent, surtout dans le cas d’exploitations situées en zone de montagne où la part de paille auto-produite est faible, voir nulle et où la durée de l’hivernage en bâtiments avoisine parfois six mois », explique Philippe Moreau, spécialiste des bâtiments à l’EDE du Puy-de-Dôme. Loin de remettre en cause tout l’intérêt et le confort des aires paillées, Jacques Capdeville, en charge du secteur bâtiments à l’Institut de l’élevage, regrette que cette solution ait été trop systématiquement envisagée ces dernières années en système allaitant « surtout dans les régions où pratiquement toute la paille doit être achetée à l’extérieur ! » Et de pointer du doigt les mises aux normes des bâtiments. « Le fait de pouvoir stocker au champ le fumier s’il était issu de litière accumulée est en partie responsable de cette tendance à la généralisation de l’aire paillée. Eleveurs et techniciens n’ont pas voulu faire de stockage pour le fumier. C’est parfois dommage. Avant d’investir dans un bâtiment, il ne faut pas oublier d’intégrer à la fois son coût de construction mais aussi son coût de fonctionnement. »

Paille énergie

Pour les années à venir, l’éventualité de voir émerger un débouché « énergie » pour ce sous-produit des céréales constitue, pour le secteur de l’élevage, un risque de tension supplémentaire sur les prix qui ne doit pas être négligé. Le phénomène de concurrence entre la « paille litière » et la « paille énergie » n’est pas encore vraiment perceptible, mais toutes les utilisations de produits ligneux pour produire de l’énergie se développent. Cette tendance est très nette pour tous les déchets de bois issus des scieries. L’époque où la sciure était généreusement offerte est désormais révolue et pour les éleveurs, l’éventualité de voir une part croissante de la paille produite en France terminer dans des chaudières et non sous des sabots est une donnée nouvelle à prendre en compte. « Dire précisément quand ce phénomène va vraiment se développer, on en sait rien. Mais prédire qu’il existera à l’avenir dans certaines régions une tension sur les prix et une concurrence entre le débouché énergie et le débouché litière, c’est plus que probable », ajoute Jacques Capdeville. Face à ce risque, dans les zones éloignées des régions très céréalières et pour les exploitations au faible degré d’autosuffisance en paille, d’autres formules que la trop classique aire paillée accumulée sont à étudier pour gagner en autonomie. La logette est une solution. Même si elle est peu courante en système allaitant, elle donne des résultats intéressants. « Logette ne veut pas dire inconfort », estime Jacques Capdeville. La formule logette + caillebotis est une solution très économique pour les besoins en paille, mais qui se traduit par un investissement initial nettement plus important. « Avec cette formule, attention dans les régions escarpées à la localisation des surfaces d’épandage et à l’accessibilité de ces dernières avec du gros matériel. S’il y a peu de surfaces mécanisables, le lisier sera toujours épandu sur les mêmes parcelles ce qui, à terme peut poser des problèmes surtout si les sols ont déjà tendance à être acides », explique Luc Sarrouy, technicien en charge des bâtiments pour cheptels allaitants à la chambre d’agriculture de Lozère. Le système logettes + caillebotis présente cependant beaucoup d’atouts pour réduire le temps de travail à consacrer aux animaux avec également une moindre consommation de carburants pour la gestion ultérieure des effluents. « Même si le paillage et le curage est mécanisé, avec une litière paillée, il faut mettre la paille, puis sortir le fumier, le mettre en tas, puis le reprendre quelques mois plus tard avant de l’épandre avec encore une manipulation supplémentaire si on a choisi de le composter. Le lisier, on le pompe, on l’épand dans la foulée et le travail est terminé », ajoute Luc Sarrouy qui pour autant souligne les plus grands atouts du fumier comparativement au lisier en tant que fertilisant.

Attention aux glissades

Le choix des dates et des conditions de mise à la reproduction doit aussi être pris en compte si on envisage un bâtiment sur caillebotis. « Avec du vêlage d’automne, à moins de faire inséminer le troupeau, si les saillies doivent avoir lieu en bâtiment, le caillebotis ne convient pas. Le risque d’accident est trop important. Il faut prévoir un petit parc pour le taureau et les saillies avec la nécessité de sortir les vaches les unes après les autres au fur et à mesure qu’elles viennent en chaleur pour les mettre avec le taureau. Cette option est alors contradictoire si le premier objectif de l’option caillebotis avait été la volonté de limiter le temps de présence et de travail avec le troupeau! Attention aussi aux parcs de saillie en extérieur. Si en janvier-février, le sol est totalement gelé comme cette année sur une belle épaisseur, le risque de glissades est aussi élevé que sur caillebotis. » Même si elle ne résout pas les problèmes de glissades, la solution caillebotis derrière les cornadis puis aire paillée dans le fond du bâtiment est une solution possible pour éviter l’aire râclée et la construction d’une fumière. « Cela permet d’économiser environ 30 % de paille. On fait passer les besoins théoriques pour la litière à 5 à 6 kg/vache/jour. » Ce choix de bâtiment oblige cependant à avoir recours à une tonne à lisier et à un épandeur à fumier pour les effluents.

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