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Gestion de troupeau : quel logiciel est fait pour vous ?

Respect des obligations réglementaires, gestion sanitaire, pilotage de la reproduction, suivi de la croissance… les développeurs multiplient les services de leurs logiciels pour faciliter le travail des éleveurs en quête de simplification ou de performance.

Mickaël Burlaud, pour Boviclic et Synel. « Le fait de retrouver en un clic l’historique sanitaire complet pour chaque animal incite l’éleveur à être davantage en ...
Mickaël Burlaud, pour Boviclic et Synel. « Le fait de retrouver en un clic l’historique sanitaire complet pour chaque animal incite l’éleveur à être davantage en alerte. »
© S. Bourgeois

« Nous avons identifié deux profils types : les éleveurs dits 'pragmatiques' à la recherche d’un outil pour leur simplifier le quotidien dans la gestion administrative et technique de leur cheptel et les 'agri-managers', qui vont aller plus loin dans l’analyse de leurs données d’élevage et souhaitent disposer de bilans technico-économiques complets pour optimiser leurs performances », illustre Delphine Huet-Milon, chef de marché élevage chez Isagri pour Troup’o. Cela explique que les offres soient la plupart du temps segmentées en une formule de base et des modules additionnels plus poussés et plus coûteux.

Gestion de troupeau : Quel logiciel est fait pour vous ?

« L’inventaire des animaux et la gestion des boucles sont devenus le point d’entrée, c’est pourquoi nous faisons en sorte que la saisie soit la plus simple possible, observe Mickaël Burlaud, directeur des ventes et partenariats de la SAS Elsa pour Boviclic et Synel. Aujourd’hui, il faut compter moins de deux minutes pour enregistrer une naissance. Les éleveurs apprécient particulièrement de pouvoir gérer ce type d’opérations depuis leur smartphone, en direct, au milieu de leur troupeau. Une fois que c’est rentré dans leurs habitudes, ce n’est plus perçu comme une contrainte. » « Le passage sur l’application mobile représente un gain sur le temps administratif considérable, confirme Thomas Gilet, chef de projet informatique chez Seenovia pour Pilot’élevage. C’est un bon moyen de couper entre vie professionnelle et vie privée. La saisie des mouvements au fil de l’eau enlève aussi un stress quant au délai de notification à l’EDE (NDLR : à réaliser au plus tard dans les 7 jours suivant l’événement) ». Autre avantage : des notifications push peuvent être paramétrées pour aider à respecter la réglementation en cas d’oubli.

Passer le cap du carnet sanitaire numérique

Toujours sur l’approche réglementaire, le sanitaire fait également partie des volets incontournables des outils de gestion de troupeau. « Beaucoup d’éleveurs peinent encore à passer le cap de la tenue du carnet sanitaire de l’élevage en ligne mais le nombre d’utilisateurs est tout de même en croissance », fait savoir Mickaël Burlaud, pour Boviclic et Synel. Pour faciliter la démarche, les éditeurs s’emploient là encore à simplifier au maximum le nombre de données à renseigner et à générer des bilans directement interprétables par l’éleveur. Sur la base des références nationales, les applicatifs ont en mémoire les listes des pathologies, médicaments et délais de traitements préremplis. Plus spécifiquement en allaitant, « le bilan sanitaire va davantage cibler les performances de reproduction et la santé des veaux. L’idée est de mettre à disposition de l’éleveur un bilan à la fois adulte, génisse et veau qui va lui permettre de se situer sur la base de critères adaptés à sa production », explique Loïc Maurin, vétérinaire conseil chez Innoval. Pour un repérage plus visuel et rapide, l’applicatif iCownect a par exemple défini un code couleur suivant le statut de l’élevage (vert s’il est en situation très favorable, jaune s’il est inférieur à la moyenne, orange s’il présente un état alarmant et rouge pour un état critique).

Des saisies groupées par lot, catégories d’animaux ou lieux sont proposées par certains outils pour gagner du temps. Également, « des connectivités avec différents outils métiers comme Vet’élevage (SNGTV) permettent la remontée automatique des interventions et ordonnances vétérinaires », indique Delphine Huet-Milon, pour Troup’o. Et des alertes sanitaires (traitement du jour, rémanences, rappels de vaccins) peuvent être programmées pour être sûr de ne rien louper. Les logiciels Troup’o et iCownect vont jusqu’à proposer une gestion du stock de médicaments (numéros de lots, numéros d’ordonnance, date de péremption).

« Le fait de retrouver en un clic l’historique sanitaire complet pour chaque animal incite l’éleveur à être davantage en alerte. C’est beaucoup plus motivant sur le volet de la surveillance que se dire qu’on remplit uniquement son carnet sanitaire en cas de contrôle », ajoute Mickaël Burlaud.

Suivre la reproduction de son troupeau à chaque étape

La gestion de la reproduction fait partie des autres services très plébiscités par les éleveurs allaitants. La visualisation des parcelles permet de suivre ses lots en un seul coup d’œil sur son smartphone. Quelles femelles sont à mettre à la reproduction ? Quelles sont celles à échographier prochainement ? Quelles sont celles prêtes à vêler ? Le logiciel de gestion de troupeau vient en appui pour suivre l’ensemble de ces évènements. « Si l’éleveur renseigne l’entrée d’un taureau dans un lot à date, l’outil fera ressortir toutes les femelles potentiellement gestantes de ce mâle », illustre Julien Chevreteau, chef de projet chez Innoval pour iCownect. Autre exemple concret décrit par Thomas Gilet, pour Pilot’élevage : « l’éleveur a la possibilité d"indiquer la durée de gestation et le numéro du taureau en même temps que les résultats des échographies. Cela permet en une saisie de renseigner le résultat du diagnostic de gestation et la date de saillie naturelle déduite de la durée de gestation. La date de saillie naturelle permet ensuite un calcul précis de la date de terme et la proposition du père probable lors de la déclaration de naissance ».

Une fois la campagne de vêlage achevée, de nombreux indicateurs peuvent être entrés pour établir le bilan de reproduction (veaux simples, gémellaires, IVV, mortalité, taux de productivité numérique…). Certains logiciels permettent d’éditer des listes personnalisables où l’éleveur peut choisir les indicateurs qu’il veut suivre en fonction de ses objectifs.

« L’éleveur peut consulter la carte d’identité de sa vache ainsi que toutes les performances de ses produits, les conditions de vêlage et les éventuelles causes de sortie. Cet historique - qui peut remonter jusqu’à la naissance de l’animal - est un support précieux pour faciliter le travail dans les plans d’accouplement, les choix de réforme et la surveillance des vêlages », appuie Thomas Gilet pour Pilot’élevage.

Pour les aider dans ce sens, Pilot’élevage a également mis en place une fonctionnalité Post-it qui permet aux éleveurs d’épingler une note avec un commentaire libre et une couleur. « Ils peuvent mettre des observations sur le comportement d’un animal, une qualité ou un défaut remarqué et s’en servir de pense-bête. Certains l’utilisent aussi pour renseigner l’accouplement prévu », poursuit le spécialiste.

La consultation des index génétiques Iboval permet d’affiner cette analyse. Chez Innoval, qui compte ajouter les index en races allaitantes en 2024, « il sera possible dans les fonctionnalités les plus avancées de calculer via une simulation un accouplement en fonction de la consanguinité et d’estimer le potentiel génétique du produit à naître », reprend Julien Chevreteau pour iCownect.

Certains outils proposent par ailleurs un module IPE pour ceux qui la pratiquent, avec gestion du plan de cuve.

Piloter les performances de croissance

Une fois les précédents volets bien maîtrisés, les éleveurs friands de ces technologies peuvent pousser le pilotage encore plus loin avec le module croissance. « Ce dernier s’adresse majoritairement aux éleveurs en contrôle de performances ou bien équipés de bascules de pesées », rapporte Mickaël Burlaud, pour Boviclic et Synel. La saisie de pesée officielle pour les éleveurs munis d’une bascule agréée évite la double saisie par le conseiller Bovins croissance. L’ensemble des données valorisées au pointage (index, GMQ, poids à âge type) peuvent être ensuite récupérées pour estimer des courbes de croissance et simuler des prévisions de vente à une date donnée.

​A posteriori, la liaison avec Normabev permet également de disposer des résultats d’abattage (poids de carcasse, prix, classement) et d’établir un bilan économique du lot. « Des portails comme EstElevage vont encore plus loin en proposant une solution de valorisation des données économiques issues des ventes d’animaux avec les coopératives régionales partenaires, projet initié et concrétisé par un Atelier viande composé d’éleveurs très impliqués et force de propositions », fait savoir Guillaume Courtois, responsable EstElevage.

D’autres services, moins utilisés mais tout aussi intéressants, ont été développés par quelques éditeurs de logiciels sur la gestion parcellaire avec la possibilité de configurer son cahier de pâturage. Des outils d’aide au rationnement et de suivi des stocks fourragers sont également disponibles pour les plus avancés. Autre service fort utile proposé par certains, le lien direct avec les services de l’équarrissage en cas de déclaration de la mort d’un animal.

Une dernière particularité qui mérite d’être relevée pour les systèmes polyculture élevage : la start-up Baoba a développé la première solution "tout en un" intégrant les productions animales (bovins viande, petits ruminants et volailles) et les productions végétales (cultures, prairies) sur un même outil. « Cet axe de différenciation sur l’alliance animal végétal et multifilière nous donne une forme de résilience en termes de marché et d’activités », souligne Frédérick Mouvier, son fondateur.

Loïc Maurin, vétérinaire conseil chez Innoval

Loïc Maurin, vétérinaire conseil chez Innoval

« Des échanges plus directs et constructifs avec son vétérinaire traitant »

« Sur le terrain, nous constatons que la saisie sanitaire est une obligation encore mal suivie. Lors des visites par la DDPP, peu de sanctions sont prises vis-à-vis de la conformité du carnet sanitaire, et son utilisation par l’éleveur reste approximative. La dématérialisation, qui permet à l’exploitant de monitorer la stratégie sanitaire de son élevage, vise à redonner de l’intérêt à la saisie. Elle fait passer l’obligation réglementaire au second plan. Il reste encore des marges de progression et nous devons poursuivre nos efforts sur ce volet-là car nous ne sommes pas à l’abri d’un renforcement de la législation et de contrôles plus drastiques. Si les éleveurs ont été suffisamment préparés en amont, ils n’auront pas de difficultés à assumer des contraintes supplémentaires. La profession vétérinaire pousse en tout cas en ce sens. Le bilan sanitaire en format numérique se révèle très utile pour établir les bases de la réflexion autour du bilan prescription délivrance (1). Si l’éleveur renseigne ses évènements sanitaires régulièrement et dispose d’un carnet à jour au passage du vétérinaire traitant, les échanges seront d’autant plus directs et constructifs sur les stratégies à élaborer pour améliorer les points déficients à l’échelle du troupeau. L’applicatif est aussi un moyen de mettre à disposition du praticien des données sanitaires à distance. »

(1) Le bilan prescription délivrance demande de prioriser les pathologies les plus fréquentes du troupeau et de mettre en place des protocoles de soin.

Travailler sur la facturation

Avec son outil Oribase, le réseau Elvea France a travaillé tout particulièrement sur la facturation. « Pour avoir l’agrément des organisations de producteurs non commerciales (OPNC) que sont les Elvea, nous avions besoin du retour d’une partie des données commerciales en temps réel. Nous avons donc développé notre propre outil informatique au début des années 2000 afin que nos adhérents puissent renseigner les informations nécessaires et nous les transférer automatiquement », retrace David Lebeau, directeur de la SAS Oribase. En plus de la date de vente et du nom de l’acheteur, les utilisateurs ont la possibilité de rentrer la catégorie, le poids, le prix ainsi que les éventuelles plus-values associées aux labels pour le gras. L’outil peut générer une facture à l’avance et la mettre en attente jusqu’à la notification de sortie à l’EDE. L’éleveur a également la possibilité d’éditer un bon d’enlèvement pour le faire signer à son acheteur. « La facturation est un volet complexe à aborder entre les différentes catégories de bovins, les modalités de vente et les changements de taxes… il faut sans cesse se tenir au courant des évolutions réglementaires et effectuer les mises à jour adéquates », explique David Lebeau. Des spécificités économiques qui ont particulièrement intéressé Boviclic, avec lequel un rapprochement s’est opéré en 2019 (1). « Les échanges de données commerciales avec les différents opérateurs sont un axe de travail qui nous semble primordial », conforte Mickaël Burlaud, pour Boviclic.

(1) Depuis, le logiciel Oribase a intégré en plus toutes les fonctionnalités de Boviclic mais garde sa propre marque commerciale et reste géré par le réseau de diffuseurs Elvea.

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