Dermatose nodulaire contagieuse : « On s’est vite rendu compte que cette maladie était très vicieuse », des jeunes éleveurs savoyards racontent leur lutte
Bastien Chappet, éleveur en Haute-Savoie, et Guillaume Léger, éleveur laitier et président des Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie, prennent la parole sur les réseaux sociaux pour raconter leur expérience face la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine.
Bastien Chappet, éleveur en Haute-Savoie, et Guillaume Léger, éleveur laitier et président des Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie, prennent la parole sur les réseaux sociaux pour raconter leur expérience face la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bovine.
« Pour éradiquer la DNC, il est nécessaire de respecter le triptyque – dépeuplement, vaccination, interdiction de mouvement – comme nous l’avons fait dans les Savoie », ainsi s’exprime Bastien Chappet, jeune agriculteur et éleveur en Haute-Savoie, impacté par la DNC sur son canton du pays de Faverges, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par les Jeunes agriculteurs. Alors que la contestation contre le protocole sanitaire enfle, l’abattage total des lots infectés concentrant colère et incompréhension, des éleveurs des Savoie sous étiquette Jeunes agriculteurs ont décidé de prendre la parole pour expliquer leur vécu.
On a décidé de faire le choix de faire confiance à des experts de la maladie, à des scientifiques, à des épidémiologistes
« La dermatose nodulaire contagieuse est arrivée sur notre territoire fin juin, début juillet sur mon canton. C'était une maladie inconnue en France, que personne ne maîtrisait », rappelle le jeune agriculteur.
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Confiance dans la parole des experts de la maladie
« Nous, tout de suite, en local, en tant que déjà responsables agricoles, mais surtout agriculteurs, on a décidé de faire le choix de faire confiance à des experts de la maladie, à des scientifiques, à des épidémiologistes. […] Et on s'est vite rendu compte que cette maladie, elle était vicieuse », s’exprime Bastien Chappet.
Dans une autre vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Guillaume Léger, président des Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie confirme : « on a fait confiance aux scientifiques, parce que ne pas reconnaître le travail d'un scientifique ou d'un épidémiologiste qui a 15 ou 20 ans d'expérience, c'est comme si on nous disait, à nous, éleveurs laitiers, par exemple comme moi, au bout de 15 ans d'activité, que je n'y connais rien aux vaches ! »
Suivi du triptyque : interdiction de mouvements, vaccination, abattage des lots infectés
Bastien Chappet raconte ensuite comment lui et ses collègues ont été rapidement mis au courant de l’expérience des pays Balkans où chaque pays a adopté une stratégie différente. « Au courant de l'été, on a reçu pas mal de témoignages du côté du réseau scientifique et des services sanitaires du GDS, mais aussi des témoignages d’éleveurs de Tunisie, d'Algérie, qui tiraient la sonnette d'alarme en disant « la maladie est installée chez nous, regardez ce qu'elle fait encore » », témoigne aussi Guillaume Léger.
« On a fait le choix sur les Savoie de suivre une stratégie que l'État nous imposait, qui est un triptyque sur l'interdiction des mouvements des animaux dans les pâtures ou dans les estives, la vaccination […]et l'abattage total des lots infectés », poursuit Bastien Chappet.
Lors de dépeuplements dans quel état étaient les animaux confrontés à la DNC ?
Et d’en profiter pour saluer « la plupart des agriculteurs dans les Savoie, pour ne pas dire tous » qui ont accepté « de faire ce choix de dépeuplement dans l'unique et seul but, c'est de protéger leurs voisins ». Les dépeuplements se sont faits très vite, en l'espace de 48 heures en général, raconte ensuite l’éleveur, expliquant que les éleveurs eux-mêmes ont « travaillé main dans la main avec les services de l’Etat ».
Personnellement, j'ai participé à cinq dépeuplements, des dépeuplements d'animaux
« Personnellement, j'ai participé à cinq dépeuplements d’animaux », témoigne Bastien Chappet, certains « asymptomatiques, qui étaient en pleine forme, c'était la pire chose qui puisse nous arriver », d'autres dans de sales états, « qui agonisaient ». « On a aussi eu affaire à des animaux, positifs à la maladie qui, en l'espace de 48 heures, étaient déjà morts », poursuit-il martelant : « la DNC est très très vicieuse ».
Guillaume Léger est également intervenu « sur des dépeuplements ». « Certains animaux étaient morts avant le début du dépeuplement, d'autres, dont ceux qui ont été euthanasiés à ce moment-là, portaient des symptômes et étaient très malades. Des animaux qui souffraient, qui étaient amaigris, qui avaient les pieds gonflés, qui avaient arrêté de produire pour certains, pour d'autres qui n'arrivaient plus à se lever. Certains avaient été euthanasiés par les agriculteurs eux-mêmes parce que leurs éleveurs ne voulaient pas les voir souffrir », raconte-t-il.
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Une vaccination réalisée en 4 jours
Les dépeuplements se sont faits rapidement dans les Savoie mais aussi la vaccination. « Ce qui a fait l'efficacité de la vaccination sur les Deux-Savoie, c'est qu'en 4 jours, jour et nuit, avec l'appui des vétérinaires de l'ADDPP, on a vacciné à une vitesse record », explique Bastien Chappet.
Aujourd’hui notre combat est vraiment contre la maladie.
« Aujourd’hui on a éradiqué la maladie dans les Savoie, en abattant que 0,6% du cheptel », conclut-il appelant les éleveurs des autres régions confrontées à la dermatose nodulaire bovine à ne « pas se tromper » : « aujourd’hui notre combat est vraiment contre la maladie. »
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