DNC dans les Pyrénées-orientales : « Je veux couper court aux fake news »
Alors que 10 foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine ont été confirmés dans le département, le préfet des Pyrénées-orientales fait le point ce 4 novembre sur la stratégie d’ « éradication de la maladie » et répond aux contre-verités véhiculées sur les réseaux sociaux.
Alors que 10 foyers de dermatose nodulaire contagieuse bovine ont été confirmés dans le département, le préfet des Pyrénées-orientales fait le point ce 4 novembre sur la stratégie d’ « éradication de la maladie » et répond aux contre-verités véhiculées sur les réseaux sociaux.
« Cela fait un mois que nous sommes confrontés à cette épizootie il est pertinent de faire un point sur notre stratégie guidée dans un objectif clair d’éradiquer la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) », entame Pierre Regnault de la Mothe, préfet des Pyrénées-orientales ce 4 novembre lors d’une conférence de presse organisée à Perpignan. « Je veux aujourd’hui répondre aux questions que j’entends ici ou je lis là sur les réseaux sociaux. Je veux couper court aux fake news » poursuit-il.
Alors que des blocages d’abattage ont été organisés le 3 novembre à Fontpédrouse et Thuès-entre-Valls et dispersés par la gendarmerie, le préfet rappelle les trois points de la stratégie de lutte contre la DNC.
Vaccination : « les 13 000 bovins du département vaccinés cette semaine »
« Un des maîtres-mots de notre stratégie est l’objectif de vacciner les 13 000 bovins du département. Nous sommes à plus de 90% de bêtes vaccinées, nous atteindrons les 100% en fin de semaine », explique le représentant de l’Etat. Les vaches qui restent à vacciner sont dispersées dans les estives ou appartiennent à des éleveurs « réticents ». « Trois éleveurs n’ont pas montré de volonté spontanée de vacciner. Nous avons envoyé des mises en demeure. L’un a procédé à la vaccination ce week-end, un deuxième ce matin, et les vaches du troisième seront vaccinées d’ici la fin de semaine on ne lui laissera pas le choix », énonce Pierre Regnault de la Mothe.
Nous sommes à plus de 90% de bêtes vaccinés, nous atteindrons les 100% en fin de semaine
Puis de répondre à deux questions vues sur les réseaux. « Peut-on manger de la viande de bête vaccinée ? La réponse est oui ! Le vaccin est sans conséquence sur la qualité de la viande », rappelle le préfet à la presse. « Est-ce un vaccin à ARN messager ? La réponse est non ! Il s’agit d’un vaccin classique à virus atténué », souligne-t-il.
Abattage : « Non ! l’Italie n’a pas arrêté de procéder à l’abattage total »
A propos de la délicate question de la stratégie d’abattage, qui suscite le plus d’oppositions, le préfet rappelle que la DNC « est une maladie très contagieuse pour les bovins avec un délai d’incubation de plusieurs semaines ». « La mortalité est plus importante que ce que j’entends ici et là et les bêtes peuvent avoir l’air saines mais être en train d’incuber la maladie. Par ailleurs les tests PCE ne permettent pas de déterminer à 100% si une bête est négative », explique-t-il.
« La mortalité est de 4 à 10% dans certains pays d’Afrique mais si on laissait la maladie courir ce serait beaucoup plus, car en France les vaches ne sont pas préparées à lutter contre la maladie » complète Frédéric Guillot, de la DDPP des Pyrénées-orientales.
En France les vaches ne sont pas préparées à lutter contre la maladie
Concrètement, les Pyrénées-orientales comptent 10 foyers à ce jour avec 301 bovins abattus « sur 12 chantiers », souligne le préfet. On entend par « abattage total », « l’abattage de l’îlot épidémiologique », précise-t-il rappelant qu’une « bête malade peut en contaminer 17 autres ». « Pour 10 chantiers d’abattage sur 12, on a pu cantonner l’abattage sur un îlot. Dans un élevage du Conflans on a procédé par exemple à l’abattage de 15 bêtes sur les 80 dont l’éleveur était propriétaire » explique-t-il. Deux éleveurs ont en revanche vu leur troupeau totalement abattu.
Et de revenir sur une « fake news » véhiculée sur les réseaux sociaux. « Non l’Italie n’a pas arrêté l’abattage total ! Comme l’Espagne, elle applique les règles européennes », rétablit le préfet expliquant qu’un recours en justice contre un abattage en juillet en Sardaigne, gagné en première instance, avait été contredit en appel.
Lire aussi : La DNC poursuit sa progression dans les Pyrénées-Orientales
Un accompagnement pour chaque éleveur concerné
Accompagné du coordinateur national interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, le préfet rappelle enfin que pour chaque éleveur touché par la DNC, « la MSA intervient en première intention » puis le Centre hospitalier de Thuir, spécialisé en santé mentale, prend le relai. « Une infirmière va au contact des éleveurs et propose un accompagnement adapté », poursuit-il rappelant aussi que le volet indemnisation est en cours, cinq éleveurs ayant déjà reçu des avances.
Le vaccin commence à produire ses effets, on a bon espoir de sortir de cette contamination
« Le vaccin met 28 jours à être efficace, il commence à produire ses effets, on a bon espoir de sortir de cette contamination », conclut le préfet Pierre Regnault de la Mothe. « En Savoie, il a fallu 4 mois. Ici il en faudra moins. Il faut aider les éleveurs et ne pas jeter de l’huile sur le feu », complète Olivier Damaisin qui lâche « ceux qui viennent faire des barrages ne seront plus là après ». « Les gens ne se rendent pas compte du mal qu’ils font en diffusant par exemple des photos des bêtes mortes alors que l’éleveur a fait exprès de ne pas être là au moment de l’abattage. C’est terrible, limite criminel », s’indigne le coordinateur national interministériel du plan de prévention du mal-être en agriculture.
L’Espagne sollicitée pour un problème d’animaux divagant sur le territoire français
A propos du mode de contamination des bêtes dans les Pyrénées-orientales, le préfet souligne ne pas savoir pour l’instant d’où elle vient. En revanche les contrôles de déplacement des animaux ont été renforcés et le préfet indique avoir alerté le consul général d’Espagne sur la présence de vaches divagant sur le territoire français et originaires d’un élevage espagnol. « Je souhaite que les autorités espagnoles trouvent le moyen d’y répondre. J’ai confiance après l’entretien constructif avec le consul ».