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Marie-Ange Rondot en Côtes-d’Armor
Réinvestir en œufs bio en fin de carrière

Pour mieux préparer sa retraite, Marie-Ange Rondot a misé à nouveau sur les œufs alternatifs en donnant une seconde jeunesse/nouvelle vie/à son atelier label rouge.

Marie-Ange Rondot n’est pas née de la dernière pluie. Avant d’être éleveuse, cette femme énergique et passionnée de chevaux fut propriétaire d’un centre équestre, d’une agence matrimoniale et mère de famille nombreuse. Son arrivée dans l’élevage des poules alternatives en 2002 coïncide avec sa volonté de rester active tout en élevant ses quatre enfants à la maison. Plutôt une ancienne ferme située à Pommerit le Vicomte, un petit bourg des environs de Guingamp, en Côtes-d’Armor, qui disposait de quelques hectares à partager avec des chevaux. Produire des œufs label rouge fermier avec 6 000 poules était idéal pour occuper un mi-temps à horaires souples. De plus, deux petits bâtiments existants d’engraissement de porcs charcutiers à façon ont achevé de remplir son emploi du temps. Mais les années ont passé, les enfants ont grandi et l’atelier avicole amorti en 2014. Avec le temps, les gestes répétitifs — surtout la mise des œufs label rouge en alvéoles — se sont traduits par des soucis articulaires. Pour Marie-Ange, il était temps de faire évoluer son atelier pour travailler dans un meilleur confort et pour s’alléger avant que l’heure de la retraite ne sonne. « En résumé, je voulais travailler autrement, gagner au moins autant en ne faisant que des poules, réinvestir pour payer moins de MSA et d’impôts. Tout en sachant que cet outil revalorisé trouvera un repreneur. »

Un jardin d’hiver géant

Pour passer du projet à la réalité, Marie-Ange Rondot attendait le feu vert de sa coopérative D’Aucy (ex Cecab), avec laquelle elle travaille à façon depuis le départ. « Cecab Ponte devait être sûr d’un débouché durable pour mes poules bio sans que l’arrêt des 6 000 label rouge pénalise l’activité. » Augmenter le revenu impliquait plus de poules, bio de surcroît, donc avec une moindre densité intérieure (6/m2 au lieu de 9/m2). Pour passer de 6 000 poules à 9 000, il fallait plus que doubler la surface d’élevage (1 500 m2 au lieu de 667 m2), alors que celle du parcours reste quasi inchangée : 3,6 ha (4 m2/poule) au lieu de 3 ha (5 m2/poule). La solution la plus simple a été la meilleure. L’ancien bâtiment de 11 mètres de large a été transformé en zone de ponte, avec plus de nids (83 poules/m2 de nid) sur deux niveaux au lieu d’un, en zone de nourrissage avec plus de points d’abreuvement (4 lignes de pipettes au lieu de 2) et d’alimentation (3 chaînes doubles au lieu de 2) et en zone de couchage avec les 18 cm réglementaires de perchage par poule, y compris au-dessus des mangeoires. Cette partie est intégralement sur caillebotis. La surface supplémentaire consiste en une extension de 13 mètres de large ouverte sur l’existant débarrassé d’un long pan. C’est un bâtiment en charpente bois, à double pente sans isolation, avec des parois à claire-voie pour la ventilation naturelle. La surface bétonnée de plus de 900 m2 est exempte de matériel. Cet immense jardin d’hiver sert d’aire d’exercice où les poules expriment leurs comportements naturels tout en étant protégées des intempéries.

Durée de collecte divisée par deux

Mises en place à la mi-juin, les 9 000 poules ont atteint une production de 8 600 œufs par jour au pic de ponte vers 29 semaines. Marie-Ange Rondot avait deux craintes qui se sont révélées infondées. Que la ponte au sol augmente dans ce grand espace disponible. « Après avoir éduqué les jeunes poules la première semaine, je ne dépasse pas la soixantaine d’œufs au sol par jour au pic. » Et que l’ambiance intérieure soit modifiée par la grande largeur (24 mètres entre les extrêmes). « Malgré l’absence d’isolation du jardin d’hiver, l’été s’est bien passé. Côté ventilation, le système à claire-voie a bien fonctionné. » Pour l’heure, l’amélioration la plus notable concerne la mécanisation du conditionnement des œufs, autorisée en bio (mais pas en label rouge). Marie-Ange a investi près de 30 000 euros HT dans une emballeuse-empileuse Prinzen. Cet investissement passe avec 9 000 poules bio, mais c’est le minimum. « La subvention de 30 000 euros accordée au titre du PCAEA m’a permis de m’offrir ce luxe », plaisante l’éleveuse. Marie-Ange consacre environ une heure à cette tache au lieu de deux heures trente d’auparavant. « Aujourd’hui cela n’a plus rien à voir. Je me contente de surveiller, de faire le tri et de poser les alvéoles empilées sur la palette de stockage. » Marie-Ange est une éleveuse intégrée à façon, rémunérée à l’œuf. Avec une surrémunération plus élevée par rapport au label (charges fixes supérieures en bio), elle escompte au moins 10 euros de marge brute par poule, la fourchette allant de 9 à 13 euros. « Elle devrait y arriver, souligne son technicien Pierre Desannaux. Nous obtenons des résultats très surprenants en mode d’élevage bio, avec des indices alimentaires de 2,3 à 2,35 kilos d’aliment par kilo d’œuf et 310-320 œufs obtenus en moyenne à 72 semaines. » Enfin, cerise sur le gâteau, Marie-Ange vient d’apprendre qu’elle va bénéficier du crédit d’impôt de 2 500 euros comme tous les agriculteurs bio. « Cela ne se refuse pas ! »

« Avoir une emballeuse-empileuse, c’est le top »

Un outil facile à transmettre

Lorsqu’elle est allée voir son banquier du CMB à Guingamp, Marie-Ange n’a pas eu à argumenter. Il a dit oui sans sourciller à sa demande de prêt pour couvrir les 172 000 euros répartis principalement sur trois postes : bâtiment et béton, emballeuse et pondoirs. Ces 57 euros par poule supplémentaire et 19 euros par poule présente, sont à comparer aux 45 euros en cas de création. « Avec cet atelier rénové et agrandi, je n’aurai aucune difficulté à trouver un repreneur », estime l’éleveuse, d’autant plus que les œufs bio ont le vent en poupe. Son technicien Pierre Desannaux précise que la coopérative D’Aucy avance avec prudence et ne fait pas le forcing pour développer ce créneau. La structure bretonne compte quelque 2,2 millions de poules en cage, 350 000 en plein air, 250 000 en bio et 220 000 en label rouge.

Parcours

1996 Achat de l’ancienne exploitation agricole avec quelques ha pour des chevaux de loisir
2002 Construction du poulailler de 6 000 poules sous label rouge
2016 Travaux d’agrandissement pour passer à 9 000 poules conduites en bio

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