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Pyrénées-Atlantiques : la chenille des prairies cause des dégâts majeurs

Le cirphis ou chenille des prairies pullule cette année dans les Pyrénées-Atlantiques. Début août, les dégâts sont déjà importants. Le périmètre de ce ravageur risque de s'étendre à l'avenir. 

Le cirphis (Mythimna unipuncta ou légionnaire uniponctuée), un ravageur de la famille des Noctuelles plus connu sous le nom de chenille des prairies, fait parler de lui depuis juillet dans les Pyrénées-Atlantiques. « Cette année, les attaques se distinguent par leur précocité, leur étendue géographique et leur intensité », explique Marie-Claude Mareaux, conseillère herbe & fourrages de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.

 « Si des épisodes de pullulations survenaient tous les dix à douze ans il y a encore quelques temps, par le fait du réchauffement climatique caractérisé, ils deviennent aussi beaucoup plus rapprochés : il y a eu 2018, 2020, 2022, et cette année 2025 ». 

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Le réseau de surveillance de la Chambre d’agriculture avec le Fredon64 et l'appui des éleveurs, a cartographié dès juillet la présence de cirphis sur pratiquement tout le département. « Un éleveur a perdu la production d’une vingtaine d’hectares de prairies permanentes par exemple. Ponctuellement, des parcelles de maïs et de sorgho fourrager ont aussi été détruites en l’espace de 24-48 heures », relève la conseillère.

L’insecte s’attaque préférentiellement aux prairies mais toutes les graminées sont concernées. En 2022, le cycle du ravageur s’était ainsi poursuivi jusque sur des céréales semées en novembre. 

Une expérimentation de biocontrôle 

Après passage de la chenille, le couvert de la prairie est détruit jusqu'au plateau de tallage entrainant la mort de la plante et la perte de production jusqu’à la fin de l’année est complète. « Un salissement très important de la parcelle s’installe. Les conditions de fin de saison ne sont pas toujours réunies pour pouvoir tenter un sursemis. Auquel cas, les parcelles ne repartent pas au printemps suivant. » 

Lire aussi : Campagnol terrestre : un piégeur à temps plein en Cuma pour tester la lutte collective

Les mesures agronomiques de lutte ne sont pas évidentes à mettre en place et ne fonctionnent que sur de faibles infestations : faire piétiner la parcelle par le bétail avec un fort chargement dès la détection de la présence de chenilles fonctionne bien, mais il faut pouvoir rassembler assez d’animaux dans les temps. Faucher par anticipation impose d'avoir un couvert suffisamment développé, et passer un rouleau n’est pas possible dans des parcelles de montagne non mécanisables. 

Une demande dérogation pour traiter

Aux stades très précoces de la chenille, un traitement par solution biologique Bt (Bacillus thurigensis) donne de bons résultats. Cependant avec des prairies sur lesquelles sont constatées des pontes échelonnées comme cette année, avec des chenilles de toute taille dans la même parcelle, le résultat est très mitigé. 

« Une expérimentation de biocontrôle est en cours. Les premiers tests l’année dernière étaient prometteurs, nous poursuivons cette année, mais il faudra quelques années avant de pouvoir diffuser des résultats sur le terrain », explique Marie-Claude Mareaux. 

Face à l’urgence, et au vu du risque de pullulation pour les semaines à venir, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques avec l'appui de la chambre de Nouvelle-Aquitaine et d'Arvalis ont déposé début août une demande de dérogation auprès de la Commission des usages orphelins du SRAL pour un usage dérogatoire de Coragen sur prairies, le seul produit efficace connu. Ils espèrent obtenir une réponse dès les prochains jours pour que les éleveurs disposent d’une alternative dans un cadre réglementaire ; et ainsi aient une chance d’enrayer l'extension du territoire impacté par des pertes de ressources fourragères.

 

cirphis chenille des prairies
En vert sur la carte : les départements avec expansion significative depuis 2020 selon le réseau Oreina (Association loi 1901 de partage des connaissances sur les papillons de France, 400 adhérents).

 

Maryvonne Lagaronne, éleveuse de blondes d'Aquitaine et vice-présidente de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques en charge du dossier herbe et fourrages, s'investit pour le développement du réseau de piégeage qui, en lien avec des données avancées de météo, facilitera le déploiement de mesures de prévention dès la 2ème génération du ravageur pour espérer éviter les épisodes de pullulation. "L'autre levier porte sur l'avancée des expérimentations de biocontrôle. Nous avons trouvé des financements avec le soutien du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, et les études sont en cours sur des chenilles parasitoïdes naturels et sur des trichogrammes indigènes." 

Elle alerte aussi sur le risque d'installation dans la durée et d'expansion géographique du cirphis. "L'assèchement du climat du Sud peut le conduire à coloniser d'autres espaces." Les populations actuelles viennent selon l'hypothèse la plus sûre des Açores, et ont déjà traversé l'Espagne et les Pyrénées jusqu'à trouver un biotope favorable dans le piémont du Béarn et le Pays Basque. "Le massif landais ne l'arrêtera pas ! Le papillon a été observé dans les hautes vallées pyrénéennes et il constitue un danger pour la biodiversité en altitude.

Des épisodes de pullulation de Mythimna unipuncta se sont déjà produits en Corse, dans les Alpes (en France et en Suisse) et notamment au Canada.  

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