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Mylord voit sa pomme Swing.bio en 360°

Mylord’ a l’exclusivité de développement de la pomme Swing en France et a décidé de le faire uniquement en bio. Mais au-delà du cahier des charges, il s’agit pour Mylord’ de revendiquer tous ses engagements et de catalyser toutes ses innovations. Abeilles et ruches connectées, bandes fleuries, mélilot jaune pour les besoins NPK, éducation des enfants... Un réel engagement dans un contexte de bio en crise.

Sous la pluie, un mercredi matin gris d’octobre. Les abeilles sont rentrées au chaud mais les cueilleurs sont à l’œuvre, les pieds dans les parterres de trèfle, de sauge et de mélilot jaune. Cela fait déjà une semaine que les vergers de la Sica Gerfruit ont débuté la récolte de la pomme Swing, une nouvelle variété sur le marché et dont le projet a débuté en 2016, directement et uniquement en bio.

« Notre passion de la production, notre expertise sur les projets variétaux et notre utilisation raisonnée des produits phytosanitaires, voici qui est Mylord (Sica Gerfruit), résume Baptiste Geoffray, responsable innovation & nouveaux marchés chez Mylord’ et en charge du projet Swing.bio, en nous accueillant ce 25 octobre avec le sourire.

Passé 100 % en Bee Friendly il y a déjà quelques années, Mylord’ a franchi le pas du bio avec désormais 15 % des surfaces en bio, en variété Swing. « Oui, c’est vrai, le bio est une opportunité de marché pour nous. On cherchait une variété avec des résistances, pour la deuxième partie de campagne et dans l’état d’esprit de Mylord’, c’est-à-dire avec un très bon gustatif. On a découvert Swing », relate Baptiste Geoffray.

 

Qui est Swing ?

« Pour nous c’est une pomme qui coche toutes les cases », affirme Baptiste Geoffray. Mylord a obtenu l’exclusivité du développement en France de Swing et a choisi de le faire uniquement en bio, cette variété présentant des résistances naturelles. Et bien sûr, en Bee Friendly.

Lire aussi : Swing, une variété club [encadré 1, en fin d’article]

Swing est une variété bicolore, gustativement sucrée avec un peu d’acidité, très aromatique -« un vrai goût de pomme ». Bien que technique, agronomiquement « elle tient la route en bio », avec un bon rendement et surtout une résistance à la tavelure et une tolérance au puceron cendré.

Sa récolte s’étale sur deux semaines fin octobre généralement, et elle se conserve bien, ce qui permet à cette pomme d’être croquante et gouteuse en deuxième partie de campagne, en bio (disponibilité de février à juin, voire même jusqu’à fin juillet).

Lire aussi : Moins de pommes d'hémisphère sud en rayon : Joya a sa place 

 

Un projet à 360 ° : nourrir les abeilles, éduquer les enfants

Au-delà du bio, Swing est « un projet pour catalyser toute notre innovation ». Le projet a été pensé global. « C’est plus qu’une variété, c’est un projet à 360°, affirme Baptiste Geoffray. 360° car la biodiversité est partie prenante du projet, la dimension sociale aussi. »

Les emballages de Swing.bio sont issus de forêts certifiées et gérées durablement. Et dans la lignée des abeilles avec BeeFriendly et l’initiative des ruches connectées de BeeGuard [lire plus loin], Swing.bio est engagée pour la biodiversité des pollinisateurs et auxiliaires grâce à des bandes fleuries [lire juste ci-dessous]. Il s’agit dans tous ces projets de créer des bases de données suffisantes et des protocoles solides pour, à terme, mettre en place des outils d’aide à la décision (OAD) fiables.

Baptiste Geoffray présente les premiers résultats de l’impact des bandes fleuries sur les populations d’auxiliaires (par grandes familles d’auxiliaires) [photo de gauche)], et les résultats obtenus par les ruches connectées, les abeilles étant utilisées comme bioindicateurs de la santé et de la richesse des vergers [photo de droite]. © Julia Commandeur

Côté social, pour montrer le sens du travail d’agriculteur et « aussi avoir un impact sociétal positif », un partenariat avec l’association Ekölo a été mis en place. Ekölo est une association qui organise des séjours-vacances pour les 6-15 ans sur des principes fondateurs de “ultra-connectés à la nature”. En juillet 2023, pour la première fois un séjour pour les enfants au cœur des vergers Swing.bio. « On part du principe que si on veut changer le monde, il faut passer par l’éducation des enfants », affirme Baptiste Geoffroy.

 

  • Comment les bandes fleuries peuvent-elles participer à peupler ses parcelles d’auxiliaires et de pollinisateurs ?

Swing.bio est suivie par l’entomologue Johanna Villenave Chasset. Elle étudie les mélanges pour bandes fleuries afin d’augmenter la biodiversité, les bandes fleuries étant des sources de pollen et de nectar essentielles à de nombreux auxiliaires et pollinisateurs des cultures.

Mélilot jaune, fétuque, minette, sauge des près, plantain, mais aussi les légumineuses comme le trèfle souterrain ou la vesce pour structurer les sols et apporter de l’azote au sol… Depuis 2019, ces essences fleuries fournies par Phytosem et l’alsacien Nungesser se retrouvent au pied des pommiers ou en inter-rang afin de calculer un indice de biodiversité. Trois indices de biodiversité sont en réalité calculés, sur 4 parcelles de Swing.bio : l’indice de Margalef (richesse spécifique), celui de Shannon-Weiner (diversité) et celui de Hurlbert (équitabilité). 

« Nous n’avons pas encore suffisamment de recul en termes de solidité de protocole, mais les premiers résultats sont très intéressants, annonce Baptiste Geoffray. Les semis de bandes fleuries font augmenter nos populations d’auxiliaires année après année, c’est-à-dire qu’on les sédentarise. En outre, la faune est mobile puisqu’on la retrouve aussi dans les pommiers. »

 

  • Des ruches connectées pour vérifier la disponibilité du bol alimentaire pour tous les auxiliaires

Mais de manière plus large, comment mesurer l'impact de ses actions sur la biodiversité ? Mylord’/Swing.bio s’est rapproché de la startup BeGuard et de ses ruches connectées. La startup propose de s'appuyer sur les abeilles en tant que bioindicateurs, l’abeille étant un insecte sentinelle (elles rayonnent de 2 km par jour). BeeGard consiste à mesurer l’activité de la ruche pour quantifier le bol alimentaire dont elles disposent, et donc par extension, le bol alimentaire dont disposent les autres auxiliaires, dans le verger. 

Pour cela les ruches connectées sont posées sur des balances et sont aussi équipées de balises : taux d’humidité et température à l’intérieur de la ruche (pour estimer la ponte de la reine). Une station météo à côté observe la température extérieure et les précipitations. Les résultats croisés permettent de mettre en évidence les périodes où les parcelles de Swing.bio sont excédentaires en fourniture alimentaire pour la biodiversité et au contraire les périodes critiques.

 

Et le sol dans tout ça ? Mylord’ s’intéresse aussi, au-delà de Swing.bio, à la vie et à la structure des sols. Comment affiner les besoins du sol en engrais ? Un travail avec un agronome va caractériser les sols des producteurs de la Sica en 5 ou 6 grands types et voir quel itinéraire technique pour chacun permet d’obtenir des sols actifs et en bonne santé. Les analyses de sève permettront de mettre en évidence les excès ou les carences de certains éléments du sol, ce qui jouerait sur l’efficience de la photosynthèse et donc la qualité des fruits. En parallèle, un essai avec du mélilot jaune, une légumineuse, est lancé. Il s’agit de vérifier dans quelle mesure la couverture de 25 % de la surface du verger par du mélilot jaune peut couvrir les besoins NPK (azote, phosphore et potassium) du pommier. 15 ha de mélilot jaune (sur les 900 ha de vergers de la Sica) ont été semés au printemps et cet automne en couvert fleuri (semé 1 rang sur 2, ou sur 3 ou sur 4). « Des analyses de sol et de fourrage nous permettront de voir ce qui est restitué à l’arbre et dans quelle proportion de chaque élément. On est très emballés par ce projet, on a hâte de voir ce que ça peut donner », s’enthousiasme Baptiste Geoffray.

 

Les emballages sont issus de forêts certifiées et gérées durablement. Le design est spécifique à Swing.bio. © Swing.bio

 

Swing en France : quelle production, quel marché ?

Un peu moins de 4 000 tonnes bio sont annoncées pour cette campagne. Il s’agit de la 4e récolte, débutée le 18 octobre dans le Val de Loire. En France, 35 producteurs sont engagés en Swing. La Sica Gerfruit dans le Val de Loire a planté environ 90 ha. Ses partenaires dans le Sud-Ouest, Languedoc et dans les Alpes ont chacun planté une quinzaine d’hectares, pour un total France de 120 ha. « On consolide déjà ce qui est en place, et si le projet fonctionne, on reprendra les plantations », confirme Baptiste Geoffray.

Le rendement de Swing.bio (objectif : 45 à 50 tonnes/hectare) permet un coût de production maîtrisé. « Cela fait 5 ans que l’on fait de la Swing. Aujourd’hui, l’itinéraire technique est fixé, maîtrisé. Il s’agit désormais de travailler le commerce », annonce Baptiste Geoffray. C’est une année importante pour Swing.bio dans la mesure où, sur un marché de la pomme bio en crise, les distributeurs ont commencé à diminuer le nombre de références du rayon.

En termes de prix, Swing.bio a aujourd’hui une valorisation, -« on est un peu au-dessus d’une pomme bio classique »- mais que Baptiste Geoffray estime « trop juste du fait de la pression à l'offre » au regard du travail des producteurs et des besoins que sous-entendent le lancement d’une nouvelle filière. 

 

S’affirmer sur un marché bio en crise

« Le segment du bio a vu, après des années avec un manque d’offre et un marché en croissance à deux chiffres, de nombreux projets émerger. On s’est tous mis à convertir des vergers, à planter des variétés bio, mais sans se concerter, analyse Baptiste Geoffray. Or depuis deux ans la consommation fléchit, le marché aussi et on voit des déconversions. En parallèle, jamais il n’y a eu autant d’innovations variétales, dans le goût, dans les démarches. Dont celui de Swing.bio [le projet a débuté en 2016, NDLR], qui outre son double cahier des charges bio/Bee Friendly, repose sur le goût et le plaisir. C’est dur de pousser un projet variétal dans un marché qui va mal. Mais commercialement on se défend, Swing.bio est bien référencée, avec ses plus grosses ventes de février à juin. »

Swing.bio est référencée en GMS dans diverses enseignes (notamment « Auchan au national qui est avec nous depuis le début ») et en magasins spécialisés, en France mais aussi en Allemagne (où le bio est aussi en perte de vitesse). Elle est à date le challenger du segment bio en pomme, avec une dynamique commerciale en croissance. Il s’agit donc de conforter sa place.

C’est donc la première fois que Swing.bio communique à grande échelle. Une agence de communication a même été engagée. L’objectif ? « Augmenter la notoriété de la marque pour augmenter la consommation et donc le référencement. On veut être identifiés comme l’autre variété forte du bio, celle qui est présente en deuxième partie de campagne. On va se battre car elle a du potentiel », affirme Baptiste Geoffray.

Swing.bio est une pomme bicolore sucrée et légèrement acidulée qui se conserve bien, ce qui en fait une pomme croquante et gouteuse en deuxième partie de campagne, en bio. Sur cette photo, le lot qui vient d’être récolté [25 octobre à Chenu, Val de Loire] sera a priori commercialisé en juin. © Julia Commandeur

 

Swing, une variété club

La variété Xeleven a été créée par Jean-Luc Carrières, obtenteur français dans le Lot et membre du groupe franco-italien Red Moon. Il était à la recherche d’une pomme bicolore de deuxième partie de campagne. Les ancêtres de Xeleven sont une pomme ancestrale (pour les résistances à la tavelure), l’hybride américain très gouteux Esopus Spitzenberg, et Gala

Red Moon est propriétaire de tous les droits, a créé et enregistré la marque Swing. Le matériel végétal est produit sous le nom de Swing Xeleven par les pépinières Braun (Italie) et Escande (France). En tant que variété club, les plants de Swing sont disponibles exclusivement pour les producteurs des partenaires licenciés.

Mylord’ (Sica Gerfruit) en a l’exclusivité pour la France et a choisi de la développer uniquement en bio. C’est le seul partenaire à s’être positionné sur ce segment et ses choix, notamment en termes de marketing, « ouvrira la voie aux autres membres ».

Swing est également plantée par d’autres partenaires en Europe mais de façon limitée, en Autriche (une vingtaine d’hectares), un petit peu en Italie… et l’Australie va prochainement planter une trentaine d’hectares.

Les ancêtres de Xeleven sont une pomme ancestrale (pour les résistances à la tavelure), l’hybride américain très gouteux Esopus Spitzenberg, et Gala. © Swing

 

Qui est Mylord’ ?

Mylord’ est la marque des producteurs de la Sica Gerfruit, qui produisent 40 à 50 000 tonnes de pommes de 19 variétés (dont Gala, Jazz, Golden, Granny, Pink Lady, Swing, Envy, Reine des reinettes, Rubinette, Kissabel…).

La Sica Gerfruit dans le Val de Loire est une OP -organisation de producteurs- qui regroupe 9 familles de producteurs sur 870 ha consolidés et une centaine d’hectares supplémentaires de producteurs partenaires. Ils sont situés le long de la vallée du Loir, dans la Sarthe, le Maine-et-Loire et l’Indre-et-Loire.

On parle d’une entreprise familiale car la marque Mylord’ est détenue par la famille Tessier (4e génération) depuis sa création en 1976. Mylord’ c’est un bureau de vente, une unité de stockage, cinq stations fruitières, et un service technique commun. Les producteurs sont un groupe mais restent indépendants.

Mylord’ se caractérise par son innovation, notamment technique et variétale (importante comparée à sa taille, moyenne pour la filière pomme). Il est l’un des principaux producteurs de Jazz et est connu pour son expertise en projet variétal du verger à la conservation en passant par la mise en marché. Sa technicité en verger en fait aussi un acteur reconnu pour la qualité de ses fruits. Mylord’ est un acteur engagé dans la biodiversité et dans Bee Friendly, dont ses vergers portent désormais tous le label.

Le marché français constitue le principal débouché des pommes Mylord’ (grande distribution principalement, grossistes) pour un peu plus de 50 % des volumes, suivi de l’export en Europe, surtout en Allemagne avec un bureau de vente sur place et au Royaume-Uni (client historique dont Mylord’ se détache depuis la crise de la vache folle)... Le grand export, 15 %, vers le Moyen-Orient, l’Asie et surtout l’Amérique du Sud qui se développe beaucoup ces dernières années, complète. A noter : Mylord’ s’est associé avec des entreprises du Sud-Est, du Sud-Ouest et des Alpes dans le bureau de vente Harmonie pour le grand export de fruits français.

Baptiste Geoffray, responsable innovation & nouveaux marchés chez Mylord’ et en charge du projet Swing.bio : « Swing.bio un projet pour catalyser toute notre innovation. » © Mylord’

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