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« J’ensile les betteraves en fin de saison pour ne pas les perdre », dans la Meuse

Au Gaec de l’Ouest, dans la Meuse, Alexandre Couchot cultive 12 hectares de betteraves fourragères. Il a testé plusieurs méthodes pour les ensiler. Un ensilage qu’il ne conseille qu’en fin de saison, pour conserver le surplus de betteraves plus longtemps.

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En avril 2025, le Gaec de l’Ouest a réalisé un chantier d’ensilage des betteraves par leurs propres moyens.
© L. Vivenot

Alexandre Couchot, éleveur dans la Meuse, implante des betteraves fourragères depuis cinq ans. De 3,5 hectares au départ, il en cultive dorénavant 12 hectares, avec des rendements proches des 80 tonnes brutes par hectare.

Pour conserver plus longtemps ses betteraves, il a testé l’ensilage, en mélange avec du maïs. Il n’en est que moyennement satisfait. « Pour moi, ensiler les betteraves, ce n’est pas un objectif, je pense qu’il vaut mieux les distribuer fraîches, résume l'éleveur. Toutefois, c’est intéressant pour les conserver un peu plus longtemps, en fin de saison. Il faut voir ça comme un fourrage de substitution, je dirais que cela se rapproche de la pulpe de betterave. » 

En décembre 2023, Alexandre Couchot a ensilé 750 tonnes de betteraves avant l’hiver. Elles étaient restées à l’extérieur non bâchées d’octobre à décembre. Il a donc été nécessaire de les nettoyer et de les hacher avant
qu’elles ne soient mises en silo.

<em class="placeholder">Alexandre Couchot, éleveur laitier</em>
« Les betteraves ensilées, il faut voir ça comme un fourrage de substitution, cela se rapproche de la pulpe de betterave », estime Alexandre Couchot. © A. Legendre
 

Un chantier d’ensilage en prestation à 13,50 euros la tonne

Ces opérations ont été réalisées par un entrepreneur belge équipée d’une nettoyeuse épierreuse hacheuse Rhino Cross. « J’aurais aimé qu’il hache les betteraves plus finement, mais il y avait des pierres, et l’entrepreneur a eu peur d’abîmer son broyeur », confie Alexandre Couchot.

Le silo a été confectionné en étalant une couche d’1,5 mètre d’ensilage de maïs et au-dessus, une couche d'1,5 mètre de betteraves broyées grossièrement. « Le chantier a couté 13,50 euros la tonne, en comptant environ 3 euros de conservateur qui n’a servi à rien, puisque le mélange ne s’est pas très bien conservé », assène Alexandre Couchot, déçu. « Tous les sucres de la betterave se sont transformés en éthanol », ajoute-t-il. Il estime avoir perdu les avantages de la betterave en l’ensilant.

Ensilées, pas d’effet positif des betteraves sur les taux

 
<em class="placeholder">épierreuse betterave</em>
Alexandre Couchot a investi 6000 € dans une déterreuse d’occasion pour nettoyer les betteraves. © A. Couchot

En effet, l’intérêt principal de ce fourrage est son effet bénéfique sur les taux butyreux et protéique. Avec des betteraves distribuées fraîches entre octobre et décembre 2023, le taux butyreux est passé de 42,5 en septembre à 45,8 en décembre et le taux protéique de 34,3 à 36,7. « On sait que l’effet saison, avec la baisse de la luminosité, peut expliquer une augmentation automnale de 1,5 point en TB comme en TP. Cela ne suffit pas à expliquer l’augmentation observée », indique Lionel Vivenot, conseiller à l’Union laitière de la Meuse. Ainsi, la betterave fraîche pourrait avoir apporté +1,8 point de TB et +0,9 point de TP entre septembre et décembre 2023, soit environ 10 euros de plus aux 1000 litres.

À partir de janvier 2024 et jusque fin juillet, les betteraves ont été apportées en ensilage. Le taux butyreux est passé de 45,8 en janvier à 41,4 en juillet et le taux protéique de 36,7 à 32,8. « Même si on sait que les taux baissent lorsque la durée du jour augmente, cette baisse est de l’ordre de 1,5 point, or la diminution au Gaec de l’Ouest est plus importante », relève Lionel Vivenot. Difficile d’imputer la chute des taux intégralement à l’ensilage de betteraves, mais ce qui est sûr, c’est qu’elles ont perdu leur effet bénéfique.

En revanche, la quantité de lait produite n’a pas été impactée par la distribution de cet ensilage, et seuls les mois de janvier et février ont présenté des taux de butyriques plus importants qu’à l’accoutumé.

Ensilée, la betterave doit donc être considérée plutôt comme apporteuse d’unités fourragères lait (UFL) et non de sucre. « Son coût doit être comparé à un maïs grain à 230 euros la tonne laminé pour 1,22 UFL par kilo de MS, soit 0,214 euro par UFL, estime Alexandre Couchot. Entre le prix de la culture de betterave et celui du chantier d’ensilage 2023, elle nous est revenue à 0,232 euro par UFL. »

 

 
<em class="placeholder">chargement mélangeuse</em>
Lors du chantier d’ensilage d’avril 2025, les betteraves ont été mélangées avec du maïs épi et du maïs ensilage, dans le bol de la mélangeuse, puis disposées dans un silo. © L. Vivenot

Réaliser l’ensilage soi-même pour limiter les coûts

Déçu par ce premier essai, mais convaincu de l’intérêt des betteraves fraîches dans sa ration, l’éleveur a changé de stratégie pour la récolte 2024 : il a distribué les betteraves fraîches de la récolte jusqu’en avril, et ensilé lui-même ce qui restait, pour ne pas les perdre.

Pour le chantier d’ensilage d’avril 2025, Alexandre Couchot a décidé de se passer d’entrepreneur. « Nous avons voulu limiter les coûts », explique-t-il. Les betteraves à ensiler avaient été rapatriées sur le site principal de l’exploitation et abritées quelques semaines auparavant. Elles ont été nettoyées sommairement, sans les mouiller, grâce à une déterreuse d’occasion achetée 6 000 euros en 2024. En effet, l’année précédente, le lavage avait fait baisser la teneur en matière sèche des betteraves de 3 points, et la teneur en sucre de 20 points. L’éleveur a donc voulu éviter cette étape.

Une fois les betteraves nettoyées, elles ont été mélangées avec du maïs épi et du maïs ensilage dans la mélangeuse, pour une meilleure homogénéité. Ce mélange a ensuite servi à constituer le silo.  Il comptait 40 % de betteraves à 17 % de MS, 40 % de maïs épi à 50 % de MS et 20 % de maïs ensilage à 41 % de MS.  

Cette année encore, l’analyse du silo a fait ressortir une très faible teneur en sucre, de 0,3 %. « Il faut vraiment que l'ensilage reste du dépannage pour ne pas jeter le surplus de betteraves », conclut l'éleveur. 

Fiche élevage

3 associés

4 salariés

3 millions de litres de lait

300 vaches laitières Prim’holstein

310 ha de SAU dont 60 ha de blé, 80 ha de maïs ensilage, 12h de betteraves et 150 ha de prairies

Objectif 5 % de sucres dans la ration

Fraîches, les betteraves sont distribuées à hauteur de 5 à 7 kg par vache et par jour, en fonction de la production de betteraves et de la qualité des autres fourrages. L’objectif : atteindre, sans dépasser, 5 % de sucres dans la ration, 25 % d’amidon plus sucres. Elles sont incorporées directement dans le bol de la mélangeuse, avec le reste de la ration. « Les couteaux de la mélangeuse les coupent en morceaux gros comme le poing, et on obtient un mélange assez homogène », indique Alexandre Couchot. Une fois les betteraves ensilées, le mélange est distribué à hauteur de 13 kg par vache et par jour, pour respecter la même proportion de betteraves dans la ration que le reste de l’année.  

Lionel Vivenot, conseiller à l’Union laitière de la Meuse

« Viser 40 % de matière sèche pour l’ensilage de betteraves »

 

 
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Lionel Vivenot, conseiller à l’Union laitière de la Meuse. © A. Legendre

" Plusieurs éleveurs de notre groupe de réflexion autour des betteraves fourragères ont testé l’ensilage, en mélangeant les betteraves avec des fourrages divers : maïs ensilage, maïs épi, pulpe de betterave déshydratée, farine de maïs grain ou encore enrubanné. Dans tous les cas, il faut viser 40 % de matière sèche pour le mélange, pour limiter les problèmes de conservation. Comme la betterave est assez humide, entre 18 et 20 % de MS, il faut la mélanger avec des fourrages assez secs. On évitera l’ensilage d’herbe humide par exemple. Il faut également être vigilant sur la hauteur du silo, 1,50 mètre paraît prudent. En effet, l’ensilage de betteraves est très dense, et il a tendance à se dilater à mesure que le jus des betteraves est absorbé par les autres fourrages. Nous avons eu le cas d’un silo boudin qui a éclaté, et chez Alexandre Couchot, qui avait monté son silo à plus de 2 mètres cette année, un des murs s’est écroulé. Dernière précaution, stocker les betteraves à l’abri pendant trois semaines avant le chantier d’ensilage, puis les « décrotter ». En procédant de la sorte, le lavage n’est pas forcément obligatoire."

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