« J’ai détecté facilement un tassement sur l’une de mes parcelles en Côte d’Or grâce à la méthode de diagnostic structural du sol Speed »
Éloi Verdin, agriculteur à Obtrée, en Côte d’Or, fait chaque année 5 à 10 mini-profils 3D pour appliquer la méthode Speed et établir un diagnostic rapide de l’état structural de ses parcelles les plus sensibles au tassement.
Éloi Verdin, agriculteur à Obtrée, en Côte d’Or, fait chaque année 5 à 10 mini-profils 3D pour appliquer la méthode Speed et établir un diagnostic rapide de l’état structural de ses parcelles les plus sensibles au tassement.

C’est lors d’une formation animée par Icosystème, qu’Éloi Verdin, agriculteur du nord de la Côte d’Or, a découvert la méthode Speed. « J’ai suivi la formation AgroCursus organisée par le groupe Souflet et animée par Icosystème, après mon installation sur l’exploitation familiale* en 2017. L’objectif était d’approfondir mes connaissances sur le fonctionnement du sol pour passer en agriculture de conservation des sols (ACS). Nous sommes sur un secteur où les potentiels de rendement sont limités et l’enjeu était aussi de réduire les charges de mécanisation. »
Ouvrir son sol pour détecter les problèmes de structure
C’est au cours de ce type de formation, que Paul Rhéty, agronome chez Icosystème, rappelle qu’il est primordial d’ouvrir son sol pour examiner sa structure et ajuster ses pratiques. Pour inciter ses stagiaires à se pencher sur leurs sols, il leur enseigne la méthode Speed (Soil Physical Evaluation & Efficient Diagnosis), développée par Icosystème, Celesta-lab et Décrypt’Sol. « L’étude structurale des sols est vue par beaucoup d’agriculteurs comme le domaine réservé des experts, et les méthodes existantes, qui utilisent souvent le jargon de la pédologie, peuvent paraître difficiles d’accès, explique l’agronome. Finalement, peu d’agriculteurs se sentent capables de faire un diagnostic structural. C’est pour cette raison que nous avons développé la méthode Speed comme un outil rapide, visuel, pratique et utilisable par tous. C’est un autodiagnostic qui permet des prises de décision très opérationnelles par l’agriculteur lui-même. » La méthode est applicable toute l’année, mais il est préférable d’éviter des sols trop secs.
Une méthode facile à mettre en œuvre
Depuis qu’il s’est formé, Éloi Verdin réalise 5 à 10 mini-profils 3D par an sur son exploitation (50 à 60 cm de profondeur), à l’aide d’une fourche à palette. « Nous appliquons la méthode Speed sur des parcelles de cultures et précédents différents, prioritairement sur les terres limoneuses de vallées, nos terres les plus profondes, souvent sujettes au tassement. » L’agriculteur insiste sur l’intérêt d’avoir vu la méthode appliquée sur des profils avec de bons états de structure, de bonnes dynamiques granulométriques : « Ils vont constituer des bases de comparaison pour identifier des problèmes sur des structures moins serrées, moins dynamiques, et pour visualiser les traces de roues du tracteur… »

Speed met en lumière des problèmes insoupçonnés
Éloi Verdin cite en exemple une de ses parcelles avec un précédent maïs, dont la récolte tardive a impacté la structure. « Cette parcelle, récupérée trois ans auparavant, avait un historique en TCS (technique culturale simplifiée) et un travail du sol réalisé toujours à la même profondeur », avance-t-il. Le diagnostic Speed a permis d’identifier une zone de compaction à 15-18 cm de profondeur dans l’horizon de responsabilité (en lien avec les pratiques de l’agriculteur). « Nous avons cherché un outil pour casser cette semelle, tout en ayant le moins d’impact sur la structure, car en ACS, l’objectif est d’avoir le moins d’interventions mécaniques possible. »
Au printemps, Éloi Verdin et ses associés ont réalisé une fissuration à 25 cm, avec un outil à dents fines, à vitesse réduite (8-10 km/h), pour ne pas mélanger les horizons de surface et bouleverser la structure. « Sans le mini-profil et la méthode Speed, nous ne nous serions pas rendu compte du problème car c’est une parcelle qui a une bonne réserve hydrique, ce qui permet à la culture d’avoir toujours une bonne allure. Nous n’avions pas conscience que son potentiel était encore plus important et qu’il était altéré par un défaut de structure. » La méthode, par sa simplicité, permet de détecter facilement une limite physique à corriger, estime l’agriculteur.
Speed, une méthode en six étapes
Après avoir décrit l’état de surface (étape 1) en identifiant d’éventuelles traces de turricules, battance, ou eau stagnante, la méthode propose de séparer le sol en deux parties : l’horizon de responsabilité (HR) influencé par les pratiques agricoles, et l’horizon naturel (HN) non impacté par l’homme. La limite entre ces deux horizons, qui se situe entre 25 et 40 cm de profondeur, est soit très marquée, traduisant une rupture de perméabilité, naturelle ou de la responsabilité de l’agriculteur, soit peu ou pas marquée, signe d’un transfert efficace entre les deux horizons. L’observateur va noter (étape 2) si la limite est nette, empêchant le passage des racines, voire des lombrics, et diminuant l’infiltration de l’eau, ou progressive.
La troisième étape consiste à identifier la ou les limites physiques présentes dans l’horizon de responsabilité, qui peuvent être synonyme de surfaces très horizontales où l’eau et les racines ne passent plus, puis à caractériser ces sous-horizons éventuels (étape 4) grâce à cinq critères : la porosité (la présence de perforation facilite la circulation de l’eau), la planéité de surface, la friabilité et la taille des mottes (révèlent la capacité de l’horizon à se fragmenter en petits éléments terreux et à être corrigé) et leur forme. Pour chaque critère, la méthode propose différents états possibles associés à une couleur. En les agrégeant, ils permettent de qualifier (étape 5) l’état structural global de l’horizon de responsabilité : vert, la structure est très bonne, jaune, des anomalies légères, orange, des défauts notables à corriger, rouge, une contrainte majeure appelant une action forte. Enfin, la sixième étape consiste à caractériser l’offre de l’horizon naturel en termes de nutriments et d’eau, selon sa profondeur, sa couleur, sa friabilité… Le bilan final va indiquer à l’agriculteur si l’organisation des différents horizons restreint ou non les échanges et la prospection racinaire, et si des interventions mécaniques et/ou biologiques réparatrices sont nécessaires.