Fertilisation azotée : « J’ai fait évoluer mon dernier apport avec moins d’azote, mais une meilleure valorisation par la plante »
Céréalier à Gennes-Val-de-Loire (Maine-et-Loire), Sébastien Pihée raisonne la fertilisation azotée de ses céréales pour réduire autant que possible l’utilisation d’engrais de synthèse.
« Je cultive habituellement entre 25 et 30 hectares de blé, mais compte tenu des marges faibles, je n’en ai semé que 13 hectares pour la campagne 2025-2026. J’apporte globalement entre 160 et 180 unités d’azote pour des blés panifiables avec un objectif de rendement à 90 quintaux par hectare. J’utilise préférentiellement de l’ammonitrate que j’achète tôt, fin mai à début juin (1,30 € l’unité d’azote).
Au dernier apport, 30 à 40 unités sont ainsi apportées entre épiaison et floraison. Mais quand le temps est sec, ces apports d’azote ne sont pas valorisés. C’est la raison pour laquelle en 2025, j’ai irrigué mes blés. L’autre solution que je mets de plus en plus en œuvre est de remplacer l’ammonitrate par de la solution azotée moins onéreuse, associée à des oligoéléments et de la mélasse pour éviter les brûlures sur le feuillage. L’unité d’azote fournie est mieux valorisée et j’apporte 15 à 20 unités en moins par rapport à des pratiques précédentes.
Ainsi, sur des blés améliorants en 2024, j’ai réalisé un dernier apport à 15 litres par hectare de solution azotée 39 (6 unités d’azote, 6 €) mélangée avec 3 kg par hectare d’Epso Top (3 €) pour obtenir un engrais foliaire de type Azofol enrichi en magnésium et en soufre. Ces éléments interagissent avec l’azote pour une meilleure valorisation par la plante. J’ajoute du bore et du molybdène car, selon des analyses de sève, mes blés sont carencés en ces éléments et leur apport contribue à une alimentation mieux équilibrée. Sur ces blés, j’avais obtenu 80 quintaux par hectare pour 13,5 de protéines. Selon le conseiller du Cerfrance 49 et des résultats d’essais, l’azote apporté en foliaire est valorisé 3 à 4 fois mieux que par un engrais solide.
Dans l’objectif d’économie d’engrais azotés, pour mes cultures de printemps j’ai mis en place des couverts avant avec une base de 100 kg/ha de féverole, des graminées et de la phacélie pour me rapporter un peu d’azote fixé par la féverole. Pour mes orges de semences hybrides, j’ai remplacé une partie de la fumure de fond et azotée par un apport de matière organique avant le semis, le coût étant couvert par les unités de NPK apportées et j’apporte de la matière organique en plus avec ses bénéfices sur la vie du sol.
Enfin, pour aller vers plus de précision en fertilisation de fond et azotée, je me suis engagé dans la démarche « be Api » potentiel et fertilité pour caractériser mes sols, les connaître au mieux et ainsi fertiliser le plus précisément possible (fertilisation modulée dans la parcelle en fonction des éléments présents dans le sol pour la fumure de fond et du potentiel de la culture ajusté aux réserves utiles en eau du sol pour l’azote). Nous terminons la phase de diagnostic et commençons cette année la modulation. »