Effectuer une taille de qualité de la vigne derrière la prétaille pour diminuer les coûts sans grever la pérénnité
Dans ce contexte de crise, Massimo Giudici, maître tailleur chez Simonit & Sirch, insiste sur l’importance de réaliser une taille de qualité après une prétaille, afin de maintenir la vigueur de la vigne et de préserver sa pérennité.
Dans ce contexte de crise, Massimo Giudici, maître tailleur chez Simonit & Sirch, insiste sur l’importance de réaliser une taille de qualité après une prétaille, afin de maintenir la vigueur de la vigne et de préserver sa pérennité.
Gagner du temps à la taille, oui. Mais au détriment de la pérennité du pied, non. « Avec le contexte économique, beaucoup de viticulteurs veulent aller vers des tailles moins coûteuses, constate Massimo Giudici, maître tailleur chez Simonit & Sirch. Mais il faut réfléchir à long terme et non juste aux coûts de l’année. » Et de citer l’exemple du cognaçais qui, lors de la crise des années 2000, avait massivement eu recours à la prétaille mécanique sans faire de vraie taille derrière. « Au bout de dix à quinze ans, on perd le vignoble, prévient-il. Notamment lorsqu’il s’agit de cépages sensibles aux maladies du bois comme l’ugni blanc. On peut faire de la taille économique mais en respectant les bons gestes. »
Troquer le guyot double pour le cordon
Pour diminuer les coûts de la taille, il préconise de troquer le guyot double pour le cordon. « Un cordon est très facile à mettre en place, plaide-t-il. Et les vignes ainsi conduites produisent autant qu’un guyot double. » Il rappelle que tailler des vignes en guyot et en respectant les flux de sève nécessite de la main-d’œuvre qualifiée, le geste étant très technique. « Or il n’y a ni argent ni main-d’œuvre qualifiée bien souvent », souligne-t-il.
À l’inverse, le cordon peut être prétaillé. À condition d’effectuer une vraie taille derrière. « Il ne s’agit pas de juste passer et ôter quelques rejets ou autres sans tenir compte de la physiologie de la vigne, insiste-t-il. Il faut une vraie taille derrière la prétaille, pour éviter que la vigne s’épuise. Sans cela, elle aura trop de bourgeons et de pampres, de sarments. Il y aura des croisements de végétation qui occasionneront des hausses de coût de protection phytosanitaire, de coût de taille in fine et des baisses de rendements. » Il ajoute que cette taille peut être effectuée par de la main-d’œuvre peu experte. « Il suffit que les consignes soient énoncées clairement », observe-t-il.
Finis les tirages de bois et liages
Le fait de passer au cordon prétaillé engendre d’autres économies, car qui dit guyot double, dit tirage des bois et liage. « Or ces deux étapes représentent 80 % des coûts liés à la taille », indique l’expert en taille. Et de conclure : « on peut économiser tout en produisant comme avant et en préservant le vignoble. Il ne faut surtout pas tailler à diable et tuer la vigne ». À bon entendeur !
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