Agriculture de conservation des sols : Laurent Terrien continue de booster la vie du sol en Vendée
Réduire les insecticides, fongicides et engrais minéraux s’est fait en parallèle d’un travail pour améliorer la vie du sol, à l’EARL Les Luctières.
Réduire les insecticides, fongicides et engrais minéraux s’est fait en parallèle d’un travail pour améliorer la vie du sol, à l’EARL Les Luctières.

Sur les cinq dernières années, Laurent Terrien, éleveur laitier en Vendée, en agriculture de conservation des sols, sans insecticide ni fongicide, est passé de 140 à 85 unités d’azote minéral épandu sur maïs et céréales. « Pour diminuer les doses, j’ai fait des tests. Là, je ne peux pas descendre davantage. L’azote fait fonctionner les bactéries du sol pour que les cultures démarrent vite. C’est indispensable parce que je ne mets pas d’insecticide et qu’il faut qu’elles concurrencent les adventices. »
Valoriser le fumier
Il apporte 20 tonnes de fumier par hectare en été et à l’automne sur les couverts en condition humide, puis 35 tonnes l’hiver avant le maïs. Sur les prairies, Laurent Terrien épand 15 à 20 tonnes de fumier « maximum, pour pouvoir faire pâturer derrière » à l’automne et au printemps, « toujours avant la pluie ». « J’utilise un épandeur de 7 tonnes maximum pour ne pas tasser les sols. »
Des micro-organismes efficaces
L’éleveur se tourne aussi vers les micro-organismes efficaces (EM), « sorte de boisson fermentée », pour « booster les bactéries et les champignons du sol ». Le produit s’applique en conditions humides. « Selon les conditions d’application, les EM jouent le rôle de biostimulant racinaire ou foliaire. Je les utiliserai surtout pour les céréales à paille, les prairies et la luzerne. L’objectif est de diminuer encore un peu les apports d’azote minéral et d’utiliser la matière organique disponible dans le sol, stockée depuis vingt ans. »
Des déchets verts façon compost
Laurent Terrien a mis en place une plateforme pour récupérer les déchets verts des paysagistes aux alentours, qu’il broie ensuite avec les résidus d’entretien de ses haies. « Au début, je l’épandais tel quel mais je me suis fait quelques frayeurs en voyant des fleurs nouvelles sur les bords des champs. Alors maintenant, après le broyage, je laisse chauffer le tas à 70 °C dans le cœur, comme pour un compost. Je déplace le tas une fois pour qu’il réchauffe. Ensuite, j’utilise ce compost sur les cultures mais surtout en litière pour les veaux, les génisses et les taries. » Deux atouts à cette méthode façon compostage : « Je ne vois pas de nouvelles plantes apparaître. Et je n’ai pas peur que mes animaux grignotent une plante toxique. » En application directe au champ, Laurent Terrien compense le risque de fin d’azote par un apport de fumier. « Quand j’épands la litière, en revanche, elle est imbibée d’urine et de bouse, il n’y a pas de risque. Et c’est très intéressant en apport de calcium et de potasse. »