Abreuvement au pâturage : position des bacs et débit d’eau sont essentiels
Placer le bac à moins de 150 mètres du fond de la pâture, assurer un bon débit d’eau, ajuster diamètre des tuyaux et taille des bacs : tour d’horizon des principales préconisations pour amener une eau de qualité en quantité suffisante aux vaches laitières.
Placer le bac à moins de 150 mètres du fond de la pâture, assurer un bon débit d’eau, ajuster diamètre des tuyaux et taille des bacs : tour d’horizon des principales préconisations pour amener une eau de qualité en quantité suffisante aux vaches laitières.




Les points importants qui pêchent le plus souvent pour un abreuvement efficace au pâturage sont une distance trop élevée entre l’abreuvoir et le fond de la parcelle, un débit d’eau insuffisant, des bacs mal positionnés dans les parcelles ou, carrément, un manque de bacs.
Le bac à plus de 30 mètres de l’entrée du paddock
« Pour éviter le piétinement de l’entrée ou de la sortie du paddock et pour mieux répartir les bouses, le bac ne doit pas être placé trop près des issues : au moins à 30, voire à 40 mètres », indique Guillaume Baloche, de PâtureSens. Et surtout pas dans un coin, pour éviter la compétition entre les vaches.
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Un bac à moins de 150 mètres du fond de la parcelle
La règle est que les vaches – étant paresseuses – ne doivent « pas avoir trop de distance à parcourir pour aller s’abreuver », rappelle Guillaume Baloche. La préconisation est de placer le bac à moins de 150-200 mètres du coin le plus éloigné de la parcelle. Ainsi, les vaches viennent plus facilement boire seules ou par petit groupe et pâturent sur toute la surface.
« Si la distance est trop longue, la fréquence d’abreuvement est plus faible et l’effet grégaire fait que les vaches vont aller boire par grand groupe. La compétition va alors pénaliser les dominées. Le piétinement de la zone d’abreuvement sera plus marqué. L’herbe sera moins bien valorisée sur toute la surface, détaille Stéphane Boulent, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Si la parcelle fait plus de 300 mètres de longueur, cela vaut le coup d’installer deux bacs. »
L’idéal : le bac au milieu du paddock
« L’idéal est de placer le bac au milieu du paddock pour réduire les phénomènes de compétition autour du bac, diminuer le piétinement, tout en maximisant la fréquentation grâce à une distance au bac minimale pour chaque vache, quelle que soit sa position dans le paddock, présente Stéphane Boulent. L’idéal est alors d’enterrer le tuyau à 80 cm de profondeur, pour le protéger du matériel et des températures extrêmes. » Autre option : un tuyau au sol qui est retiré quand les animaux ne sont pas dans la parcelle. Mais sur le terrain, « pour augmenter la valorisation de l’herbe, il faut plus de paddocks, donc plus de points d’eau. Et donc, plus d’investissement et plus de nettoyage des bacs. La tentation est alors grande de chercher à économiser des tuyaux, des raccords et des bacs, expose Guillaume Baloche, de PâtureSens. Un compromis satisfaisant est de placer un bac entre deux paddocks. »
Attention au bac entre deux paddocks
Ce dispositif fonctionne, mais il présente l’inconvénient de générer plus de concurrence entre vaches et plus de piétinement. « Les éleveurs prennent alors des bacs de plus grande capacité et surtout de forme plus allongée », précise Shane Bailey, de PâtureSens.
Autre inconvénient : il peut y avoir des courants électriques parasites. « Si l’abreuvoir sert deux paddocks, éviter d’installer un fil électrique à moins de 25 cm au-dessus du niveau de l’eau », conseille ainsi le Guide de l’abreuvement des chambres d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté.
Gare au manque de bacs
« Il manque souvent des bacs, constate sur le terrain Stéphane Boulent. Quand c’est le cas, les abreuvoirs sont souvent placés sur des points de passage des animaux. » Dans les grandes parcelles, un seul bac peut s’avérer insuffisant. Quand un abreuvoir sert à plusieurs paddocks, la contrainte est qu’il faut souvent le déplacer pour que les vaches y aient accès. Le risque est alors une sous-consommation d’eau et/ou un pâturage non optimal.
Un débit d’au moins 15 à 20 litres par minute
Une vache doit pouvoir boire beaucoup et rapidement : elle est capable d’engloutir entre 10 et 20 litres en 1 minute ! Et comme elle ne consacre qu’entre 20 et 40 minutes par jour à son abreuvement, il faut assurer un bon débit : au moins 15 à 20 litres par minute.
La taille et le débit à l’abreuvoir doivent être en concordance avec le nombre d’accès au bac. Si un grand nombre d’animaux vient s’abreuver en peu de temps et que le volume et le débit sont insuffisants, les animaux vont vider le bac, le déplacer et risquent d’endommager le raccordement et le tuyau. « Pour les points d’eau peu éloignés du fond de la parcelle (moins de 150-200 mètres), le système doit permettre à au moins 10 % des animaux de s’abreuver en même temps », indique un guide édité par l’entreprise La Buvette et repris par plusieurs chambres d’agriculture. « Nous estimons que le débit doit permettre d’apporter 40 % de la consommation journalière au pâturage dans l’heure qui suit la traite, qui est un moment stratégique », indique Guillaume Baloche.
Pour un troupeau de 50 vaches laitières buvant plus de 60 litres par jour, avec un abreuvoir de 800 litres qui peut accueillir 7 vaches en même temps, un débit de 15 litres par minute est suffisant pour abreuver rapidement tout le troupeau. Mais en anticipant un besoin en eau plus important en été, il faut prévoir un débit plus important ou un bac plus grand.
Un diamètre de tuyau non limitant
Pour assurer du débit, le point clé est un diamètre de tuyau suffisant, surtout dans un réseau qui dessert plusieurs parcelles. En effet, « dans un tuyau de 19-25 mm de diamètre, la pression de l’eau perd 1 bar par 100 mètres de tuyau ou 10 mètres de dénivelé. Dans un tuyau de 26-32, l’eau ne perd que 0,65 bar par 100 mètres ou 10 mètres de dénivelé », rappelle Denis Denion, de Seenovia.
« Souvent, il n’y a plus assez de débit en bout de réseau, observe Stéphane Boulent. Les tuyaux de 19-25 mm de diamètre conviennent pour un réseau de 500 mètres. Mais si on ajoute un ou plusieurs paddocks en bout de réseau, ce n’est plus suffisant. Il convient alors de passer en diamètre 26-32, en début de réseau au moins. » Il faudra parfois prévoir un surpresseur.
À défaut d’améliorer le débit, les éleveurs optent pour des bacs de plus grande capacité. Mais qui dit grands bacs, dit moins de renouvellement de l’eau, plus d’eau gaspillée à la vidange, plus de surface à nettoyer et un coût plus élevé. Il vaut mieux assurer un bon débit et prendre des bacs moins grands. « Pour 150 vaches, on pourra installer un bac de 800 litres au lieu de 2 000 litres, avec des tuyaux de 32, 40 voire 50 de diamètre, éventuellement un surpresseur, et assurer ainsi un débit de 175 l/min », illustre Shane Bailey, de PâtureVision. Autre avantage selon lui : il y a moins de compétition car « les vaches dominantes, voyant que l’eau se renouvelle rapidement, n’ont pas peur de manquer et ne restent pas à stationner devant le bac ».
Pour monter une pente, remettre une pression d'1 bar tous les 10 m de dénivelé
« Un surpresseur permet d’assurer une pression suffisante en bout de ligne, quand il y a une grande distance ou du dénivelé », rappelle Simon Becherie, de PâtureSens. « Quand il y a beaucoup de dénivelé, même avec une pompe qui monte la pression à 14 bars, cela peut être compliqué, témoigne Shane Bailey. Nous améliorons le débit du réseau en nous servant de grands abreuvoirs ou de citernes placés en haut de pente, qui font office de château d’eau, pour assurer l’alimentation de petits bacs d’abreuvement en contrebas. »
Des bacs pas trop petits
Les bacs ne doivent pas être trop petits. En effet, la vache boit en immergeant son museau dans l’eau et elle préfère s’abreuver dans de grands bacs (plus de 500 litres), rappelle le guide Abreuvement au pâturage : à consommer sans modération, de la chambre d’agriculture des Ardennes.
« Souvent, je remarque des capacités de bacs insuffisantes. La référence est de 10 à 15 litres par vache avec un débit de 15 à 20 litres d’eau par minute, rappelle Stéphane Boulent. Mieux vaut opter pour un bac un peu plus grand qu’un plus petit, pour réduire le risque de compétition entre les vaches, pour se prémunir d’un manque de débit en bout de ligne, et anticiper un agrandissement du troupeau. »
La taille s’adapte aussi aux besoins particuliers de chaque élevage. « Si la durée de traite est longue, dans l’heure qui suit la traite, les vaches assoiffées vont avoir besoin de bacs offrant beaucoup de place autour de l’abreuvoir et une réserve d’eau élevée, afin de permettre à un grand nombre d’animaux d’y accéder rapidement », ajoute Shane Bailey.
La fiche du GDS L’abreuvement au pâturage indique que « pour un bon accès à l’eau, la hauteur de l’abreuvoir doit être de 70 à 75 cm pour les vaches, 55 à 70 cm pour les jeunes bovins et 50 à 55 cm pour les veaux. Pour ces derniers, il est possible d’installer une marche au pied de l’abreuvoir des adultes ».
Pas de bacs sous les arbres
Plusieurs raisons amènent à proscrire l’installation d’abreuvoirs sous un arbre : éviter de salir l’eau, éviter la concurrence des vaches pour l’ombre et l’abreuvement. À l’inverse, si la zone d’ombre est trop éloignée de l’abreuvoir, les vaches ne vont pas boire. Donc, idéalement, les bacs sont à proximité de la zone d’ombre.
Enterrer les tuyaux pour les préserver
« La recommandation est d’opter pour des canalisations enterrées en polyéthylène haute densité, durables dans le temps. À 80 cm de profondeur afin de limiter les effets de cycles gel/dégel et la déformation des tuyaux », indique le guide du GDS.

« Les tuyaux en surface peuvent être abîmés par le passage de matériel. L’eau peut geler l’hiver et surchauffer l’été. Même en Normandie, le soleil peut rendre l’eau très chaude et imbuvable. L’idéal est donc d’enterrer les tuyaux, et par conséquent, de bien réfléchir en amont au découpage des parcelles et à la position des bacs », expose Guillaume Baloche.
Les chambres d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, dans leur Guide de l’abreuvement, ajoutent que les tranchées d’amenée des tuyaux d’eau, d’électricité, de téléphone… peuvent être combinées en une seule tranchée à condition que les canalisations électriques soient à 50 cm de distance du réseau d’eau.
Un réservoir pour l’eau de forage ou pompée en milieu naturel
Quand l’origine de l’eau est un puits ou un point d’eau naturel (rivière, mare…), une cuve tampon est nécessaire pour assurer une pression constante dans le réseau de distribution, pallier un manque d’énergie de la pompe, et en cas de débit trop juste dans le réseau.

Loin du réseau de distribution, un réservoir placé en hauteur peut alimenter par gravité un ou deux abreuvoirs. Le réservoir permet aussi un stockage tampon s’il manque de vent ou de soleil dans le cas où la pompe fonctionne à l’énergie éolienne ou solaire, sauf si une batterie permet de stocker l’énergie. Autre intérêt du réservoir : il permet d’installer un traitement de l’eau.
Attention au pompage dans le milieu naturel : la réglementation encadre certains travaux. Renseignez-vous auprès de l’Administration.
Les différents types de bac
- Pour un bac de pâture à niveau constant, l’avantage du béton est que les vaches ne peuvent pas le faire bouger. Mais des bacs en plastique bien positionnés et alimentés avec un débit suffisant risquent, malgré tout, peu d’être bousculés. Sylvain Tola, éleveur dans la Loire, utilise les deux matériaux. « L’avantage du plastique est qu’il se nettoie plus facilement à la brosse, comparé au béton. »
- Les abreuvoirs avec pompe à museau conviennent aux parcelles loin du réseau d’eau et situées à proximité d’un cours d’eau, une mare ou un puits. Les animaux actionnent la pompe eux-mêmes. Avec un débit de 0,5 litre par poussée, ce système suffit pour un lot de quelques animaux. Son avantage : propreté de l’eau et mobilité d’un pré à l’autre.