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« Une aide carbone pour financier l’entretien des haies de mes parcours avicoles »

Depuis quelques mois, grâce à la start-up 4Forests spécialisée dans les compensations carbone, les récents planteurs de haies peuvent bénéficier d’un coup de pouce à l’entretien de leurs jeunes arbres. C’est le cas de Laurent Jousse, éleveur des Fermiers de Loué, à Saint-Jean-de-la-Motte, dans la Sarthe.

« Les arbres, c’est du boulot », reconnaît Laurent Jousse, éleveur à Saint-Jean-de-la-Motte, dans la Sarthe. Depuis vingt-sept ans qu’il est installé sur son exploitation de 80 hectares, comprenant cinq bâtiments de volailles de Loué, deux bâtiments porcs et un petit troupeau de limousines, l’éleveur a eu l’occasion de prendre soin de plusieurs centaines d’arbres de différentes essences.

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Cette année encore, de nouveaux arbres ont fait leur entrée sur l’exploitation… « Nous avons planté 600 mètres de haies en bordures de nos parcelles et de nos parcours », raconte Laurent Jousse. Comme beaucoup d’autres éleveurs, il a bénéficié de programmes d’incitation à la plantation de haies. En l’occurrence pour cette dernière série, d’un programme départemental accompagné par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

1 000 mètres linéaires de haies égalent 3,2 tonnes de CO2 stockés

Parmi tous les bénéfices de l’arbre, dont celui d’être un facteur de production en volaille label (lire ci-contre), il en est un qui prend de plus en plus d’importance : sa capacité à séquestrer du carbone. Sur les haies bocagères, cette capacité a été évaluée officiellement dans le cadre du label Bas carbone : 1000 mètres linéaires de haies sont capables de stocker 3,2 tonnes de carbone par an.

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C’est sur cette base que la start-up 4Forests, spécialisée dans la vente de séquestrations carbone, a décidé de baser son action : plutôt que de passer par la réalisation d’un bilan carbone, long et complexe, elle rémunère directement les agriculteurs qui plantent de nouvelles haies en leur donnant un coup de pouce annuel pour leur entretien. Cette rémunération est logique puisque c’est bien lorsqu’il pousse que l’arbre stocke du carbone.

Jusqu’à présent, les agriculteurs bénéficiaient de subventions pour l’achat des arbres et pour l’accompagnement technique de leur plantation, mais pas pour leur entretien, qui restait à leur charge. Or, comme le souligne Laurent Jousse, « celui qui n’a jamais planté d’arbres pense que c’est facile, mais, non, c’est de l’entretien ».

Protéger, arroser, tailler, former…

Par exemple, cette année, les jeunes plants ont subi les chaleurs de fin juin-début juillet : « Pas le choix, en plus de gérer les concurrences, de les protéger contre les prédateurs, il nous a fallu aussi arroser nos arbres ! », explique l’éleveur. L’année prochaine, il faudra aussi prévoir un recépage, et les années suivantes, des défourchages, élagages… adaptés à chaque essence et à chaque situation.

C’est tout ce travail d’entretien réalisé par l’agriculteur qui est donc désormais reconnu par le contrat avec 4Forests. Chaque tonne de carbone est rémunérée à hauteur de 150 euros, ce qui est trois à quatre fois plus que la plupart des autres opérateurs du marché volontaire du carbone.

300 euros par an, sans contraintes supplémentaires

Ce n’est qu’après avoir planté ses arbres que Laurent Jousse a appris qu’il pouvait être l’un des bénéficiaires de ce nouveau dispositif, qui sera de l’ordre de 300 euros par an, « sans contraintes supplémentaires ». En effet, comme 4Forests a signé une convention avec la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, la réalité des plantations est attestée. L’éleveur n’aura qu’à prouver, chaque année, que sa haie existe et qu’elle est en croissance.

Jean Rave, cofondateur de 4Forests

« Pas du greenwashing ! »

 
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Jean Rave, cofondateur de 4Forests © C. Perrot

« Nos clients sont des petites structures du secteur informatique, qui n’ont pas d’obligation de compensation carbone, mais qui sont sensibles aux thématiques environnementales. Pour compenser les émissions incompressibles de leurs serveurs, nous leur proposons une solution simple, concrète et locale. Ce n’est pas du tout du greenwashing.

Avec mon épouse Laetitia, cofondatrice et directrice de 4Forests, nous avons des racines agricoles et nous sommes originaires de la Mayenne. Notre projet est de rémunérer l’effort des agriculteurs sur le long terme. Nos contrats de cinq ans sont renouvelables.

Le coût de cette séquestration carbone reste abordable pour nos clients : cela représente 10 ou 20 euros en plus du coût d’un site internet (3000 euros environ). C’est un peu l’équivalent de l’écoparticipation sur l’électroménager. »

L’arbre, facteur de production

« Si on n’aime pas les arbres, il ne faut pas venir chez nous », assure Philippe Deslais, technicien et référent arbres chez les Fermiers de Loué. Les arbres font en effet partie intégrante du cahier des charges de Loué depuis toujours puisque la marque trouve son origine dans les volailles qui étaient élevées dans les vergers de Sarthe.

Avant même que l’on parle de bien-être animal, de biodiversité, de lutte contre le réchauffement climatique ou de stockage carbone, les premiers Fermiers de Loué soignaient leurs arbres, à contre-courant de l’époque où on les arrachait.

Aujourd’hui, il est scientifiquement prouvé que l’arbre est un facteur de production à part entière : sur les parcours, ils apportent de l’ombre aux volailles et facilitent leur prospection du terrain, ce qui se traduit par de meilleures performances zootechniques ; en bordure de bâtiment, ils protègent du vent et du soleil, ce qui améliore l’ambiance ; ils facilitent aussi l’intégration paysagère et donc l’acceptabilité « sociale » des bâtiments.

 

 
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Chaque jour, les volailles de Loué prouvent que les arbres sont essentiels à leur bien-être. © C. Perrot

Il devient donc essentiel d’avoir de plus en plus de technicité sur les arbres. « On évolue dans notre approche. » Les plantations nouvelles doivent en effet tenir compte des connaissances sur le comportement des volailles, sur le changement climatique (il faut « prévoir » les essences qui seront adaptées dans cinquante ans), sur la biodiversité, sur le développement racinaire, sur les techniques de taille de formation…

Les haies sont protégées de fait

Qu’elle soit déclarée à la PAC ou non, une haie est protégée de fait. Elle ne peut pas être détruite. En revanche, si elle n’est pas qualifiée comme habitat protégé, il est possible de la « déplacer » dans la limite de 2 % du linéaire de l’exploitation (ou 5 mètres par an). Au-delà de ce seuil, cela reste possible, mais il faut demander une autorisation à la DDT, la direction départementale des territoires. Ainsi, plus on a de haies sur une exploitation, plus on peut avoir de la souplesse dans leur gestion.

 
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Le bâtiment idéal des Fermiers de Loué est bordé d’une haie qui ne le masque pas mais le protège du vent et des fortes chaleurs. © C. Perrot

Repères

1000 mètres linéaires de haies stockent 3,2 tonnes de CO2 par an (référence label Bas Carbone)

150 euros la tonne de de CO2 stockée par an payé par 4Forests

70 % du CA de 4Forests redistribué aux agriculteurs

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