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Un sol en béton bien conçu en volaille de chair

Les éleveurs de volailles de chair enquêtés par la chambre d’agriculture de Bretagne font part de leur retour d’expérience sur la mise œuvre d’un sol en dur.

Les éleveurs interrogés sur leur sol en béton témoignent de l'intérêt sur le travail et la rapidité lors de la mise en place du lot.    © P. Le Douarin
Les éleveurs interrogés sur leur sol en béton témoignent de l'intérêt sur le travail et la rapidité lors de la mise en place du lot.
© P. Le Douarin

Objet de quelques déboires il y a encore trois-quatre ans, le sol bétonné est désormais bien maîtrisé par les éleveurs et leur encadrement technique. La preuve en est, que malgré son coût de plus de 20 euros/m2 en moyenne, la majorité des bâtiments construits ou rénovés en sont équipés. Les 35 éleveurs ayant répondu à l’enquête de la chambre d’agriculture de Bretagne listent les points positifs, associés à l’utilisation de leur sol en dur (dont 4 en bitume) : rapidité lots de la mise en place, conditions de travail, facilité de réglages des pipettes et des mangeoires, hygiène, économie de litière et gestion des pododermatites. Ce dernier atout est mis en avant par les éleveurs de poulets lourds, pour lesquels la qualité des pattes fait l’objet d’une prime qualité et qui représentent l’écrasante majorité des enquêtés. Le sol béton aide à maintenir une litière sèche et friable, propice à la qualité des coussinets plantaires. Deux principaux points de vigilance sont ressortis.

« Il s’agit d’abord du chauffage, a détaillé Christian Nicolas de la chambre d’agriculture de Bretagne, lors de la journée avicole à Loudéac. La consommation de gaz est au moins égale voire supérieure à celle d’auparavant, même si la cinétique diffère avec une consommation plus élevée lors du préchauffage et plus faible par la suite. » Les éleveurs font aussi part de l’augmentation du risque de coccidiose. « Les cas s’expliquent fréquemment par l’absence de joints à l’intérieur des traits de sillage, créant un espace dans lequel viennent se loger les oocystes. Dans deux tiers des cas, les joints de dilatation ne sont pas colmatés », fait remarquer le conseiller avicole.

Une évacuation des eaux bien réfléchie

Concernant la conception de la dalle, les éleveurs conseillent de bien drainer la périphérie du bâtiment, de récupérer les eaux de gouttières et d’isoler la dalle du sol par un film polyane. C’est une précaution nécessaire pour éviter les phénomènes de pompage par le béton lors des périodes de fortes pluies risquant de refroidir la dalle. « Il faut isoler à minima la dalle en périphérie. Il n’est pas nécessaire de le faire sur la totalité, sauf si l’on prévoit d’installer un réseau de chaleur. » Les éleveurs préconisent d’avoir une évacuation des eaux de lavage par un ou par les deux côtés du bâtiment. C’est plus simple qu’une évacuation au milieu (pentes multiples en forme de diamant), qui augmente le risque de flaques d’eau, sans parler des soucis de réglages des lignes d’eau et d’aliment. Ils conseillent de voir grand pour le nombre de regards (8 à 10 pour 100 mètres de long) et leur diamètre (40 cm), de façon à gagner du temps lors du lavage. L’emplacement et la taille de la fosse de récupération des eaux de lavage doivent être bien réfléchis (plutôt en pignon, au moins 4 l/m2, prévoir de récupérer l’eau de lavage des dalles extérieures et du sas en bâtiment neuf). Une astuce pour éviter les problèmes de bouchage du réseau d’eaux usées est de le curer grâce à une chasse d’eau, comme le pratique Benoît Cornec, éleveur dans le Finistère. Il s’est équipé d’une réserve d’eau de 250 litres, alimentée par les eaux de purges des pipettes. Située à l’extérieur du bâtiment, elle est reliée au tuyau de collecte du premier regard. « Il suffit de retirer le bouchon de la réserve pour avoir un effet chasse d’eau, qui va pousser les dépôts de matières organiques en bout de circuit », a-t-il témoigné.

Les éleveurs suggèrent d’insérer une sonde de température dans la dalle de béton, reliée à la régulation. Placée à 5 centimètres de profondeur dans un tube en cuivre, elle est facilement récupérable en cas de défaillance. Ils conseillent de demander plusieurs devis, les tarifs étant très hétérogènes (de 17 à 27 euros/m2). Enfin, ils soulignent que la prise en main d’un sol bétonné sera plus facile en été, car la dalle séchera plus vite. C’est près de 16 litres d’eau/m2 qu’il faudra sortir de la dalle. Une quantité énorme qui ne peut s’évacuer que par évaporation et sur plusieurs lots, la présence de litière et de volaille ralentissant son séchage.

En bref

Les caractéristiques d’un sol bétonné

• Un béton fibré ou avec treillis métallique (classe d’exposition XC4 adaptée à l’alternance sec et humide, résistance à la compression moyenne (C35/45), consistance S4)
• Une épaisseur de 10 cm, suffisante pour supporter le poids des engins
• Un traitement de surface par lissage ou au quartz
• Un sciage de la dalle tous les 5 m pour éviter tout risque de fissure lors de la dilatation
• Un colmatage des joints de sciage au mastic colle PU

La moitié des dalles isolées en périphérie

Voici la cartographie des sols en dur des 35 poulaillers de chair ayant participé à l’enquête en ligne de la chambre d’agriculture de Bretagne :

- Deux tiers des dalles sont conçues en béton fibré, plus simple à mettre en œuvre et moins chère que le béton ferraillé ;
- L’épaisseur de la dalle de 12 cm en moyenne varie de 8 à 15 cm ;
- Le coût oscille entre 17 et 27 euros/m2, un écart s’expliquant notamment par la date de construction et la présence d’isolant ;
- La moitié des dalles sont isolées en périphérie, un tiers sur toute la surface ;
- La pente la plus courante est de 1 %, celle-ci variant de 0,5 à 2 % ;
- Les regards de collecte des eaux de lavage sont majoritairement répartis sur l’axe central du bâtiment, puis sur les deux côtés (double pente) ou sur un seul côté (bâtiments jusqu’à 15 mètres de large) ;
- 4 litres d’eau/m2 sont récoltés en moyenne à chaque lavage (de 2 à 7 l/m2) ;
- Les éleveurs épandent en moyenne 1 kg/m2 de litière au démarrage. Il s’agit pour les deux tiers des cas de sciure et de copeaux, de granulés de paille (12 %) et de paille broyée (8 %) ;
- Deux tiers des élevages ajoutent systématiquement de la litière en cours de lot. 12 % ne le font jamais.

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