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Philippe Carfantan produit des poulettes « tout terrain »

Auparavant éleveur en cage et au sol, Philippe Carfantan exploite cinq bâtiments équipés de portiques à plateaux ou de mini-volières pour des poules qui s’adaptent à toutes les situations.

Installé à Saint-Potan, dans les Côtes-d'Armor, Philippe Carfantan exploite un élevage de 210 000 poulettes, toutes élevées en volières. L’éleveur est depuis longtemps convaincu que l’avenir du métier passe par la volière. « C’est le système le plus polyvalent : les poules qui en sortent peuvent pondre n’importe où. » En 2010, Philippe Carfantan a fait partie de la première vague des Bretons qui ont commencé par investir dans les systèmes ouverts à plateaux (portiques). Puis en 2012, il a été le quatrième Français à opter pour la mini-volière du constructeur néerlandais Vencomatic. Par rapport au portique, elle a plusieurs intérêts : des fientes évacuées par tapis, une séparation du cheptel (souche ou programme vaccinal différent), un chargement allant jusqu’à 40 oiseaux par mètre carré au sol environ, contre 26 animaux (surface développée, dessous accessible).

Deux systèmes pour un même concept

Le principe de fonctionnement des deux équipements est le même, mais à une échelle différente. Dans les deux cas, il s’agit d’inciter les oiseaux à se percher et à explorer rapidement la troisième dimension.

Dans la mini-volière, les poussins sont démarrés par petits groupes. Ils sont rapidement incités à évoluer dans la hauteur, en empruntant le plateau et les perchoirs intérieurs remontés par l’éleveur. Contrairement aux modèles à niveaux fixes et non communicants, l’éleveur n’a pas besoin de dédoubler les oiseaux.

Avec le portique, les poulettes démarrent toutes ensemble sur un caillebotis muni de papier. Très rapidement, leur zone de vie s’agrandit vers le haut grâce au plateau ascenseur pourvu d’une ligne d’eau. Peu à peu, l’aire d’exercice s’élargit avec le pivotement des plateaux latéraux qui barraient l’accès à la zone de grattage. S’ajoute le pivotement des plateaux hauts pour augmenter la surface utile et complexifier l’espace.

Quel que soit le système, le travail consiste à faire les bons réglages avec le bon timing dans l’apprentissage. « Idéalement, la poulette doit pouvoir explorer la troisième dimension dès l’âge de 3 semaines, en sautant de perchoir en plateau sans être obligée de passer par le niveau bas, remarque l’éleveur. La règle de base, c’est de modifier très progressivement le matériel, notamment celui avec les lignes d’eau. Sinon, on peut vite déshydrater les poulettes qui ne trouvent pas les pipettes. »

Ne pas déstabiliser la poulette

Il estime aussi qu’il est important de ne pas fournir l’eau et l’aliment au même niveau, faute de quoi « les poulettes ont tendance à ne pas se déplacer suffisamment. Une fois adultes, certaines auront du mal à remonter au nid et pondront ailleurs ». Dans ses deux systèmes, l’éleveur a choisi des assiettes pour le démarrage. « Le poussin doit faire de gros efforts pour accéder aux mangeoires linéaires, sans compter ceux qui sont attrapés par la chaîne. Une fois adulte, la poulette s’adapte très vite à la chaîne. Dans le portique, il y a une chaîne en hauteur. » L’éleveur instaure un vide d’aliment d’environ trois heures le midi, « même si les poules mangent mal. Elles doivent se précipiter sur les assiettes dès la reprise de la distribution ». Il préconise aussi une distribution en circuit fermé plutôt qu’en ligne, « qui crée plus d’hétérogénéité de poids ».

L’âge du lâcher dans la zone de grattage dépend du système. Avec le portique, qui a moins de surface développée, c’est vers 4,5 semaines, en veillant à ce que les poulettes puissent remonter par les rampes latérales, nombreuses et inclinées. Dans la mini-volière, l’ouverture définitive des portes a lieu vers 7,5 semaines, avec l’installation des rampes. « C’est surtout en mini-volière qu’il faut être présent les trois premiers soirs pour aider des oiseaux à remonter, sachant que la lumière finit de s’éteindre dans le système toujours à la même heure. » L’éleveur souligne aussi qu’il faut au moins 30 % d’intensité lumineuse en plus qu’en élevage au sol. Tous les matins, Philippe Carfantan fait son tour d’élevage, en commençant par les deux bâtiments éloignés du site principal. « Quand tout va bien, l’inspection se fait en vingt minutes. Dans la journée, je suis les consommations d’eau et d’aliment sur le smartphone. C’est indispensable. »

L’éleveur est assisté d’un salarié car « ce serait impossible seul. Certaines taches vont beaucoup plus vite à deux, comme la préparation des bâtiments. Sans compter la sécurité que cela apporte ». L’après-lot est aussi important. « Le matériel est très sale et long à nettoyer : 50 à 60 heures de travail rien que pour laver 30 000 places en mini-volière. Sans compter qu’il devient difficile de trouver du personnel compétent et disponible. »

Donner suffisamment d’espace

 

 

 

Quel que soit le système, « les poulettes ont besoin d’espaces de circulation pour être en mesure de bien s’adapter aux volières de ponte, estime Philippe Carfantan. Sous prétexte de vouloir rentabiliser l’investissement, évitez de surcharger en matériel ». Ce qui implique suffisamment de place dans la zone de grattage et pour loger toutes les poulettes dans le système la nuit. « Entre deux rangées de mini-volières, un couloir de deux mètres, c’est le minimum », illustre-t-il. Avec les portiques à plateaux, la zone de grattage se trouve sur le côté ou bien entre le bout du système et le pignon. Il préconise un couloir d’environ quatre mètres sur les côtés et six mètres aux pignons. « Là où j’ai installé un double portique, les zones de grattage ne sont pas assez larges. De plus, le portique arrive presque jusqu’à l’entrée. Le risque d’étouffement est accru. » Il a donc posé des chicanes et des barrières aux angles pour ralentir et dévier les poulettes paniquées.

P. L.D.

Trois sites de production

Philippe Carfantan a commencé la volière pour approvisionner un nouvel élevage de poules en volière Vencomatic que son frère démarrait. Aujourd’hui, il continue à le fournir et élève pour le compte d’une coopérative spécialisée dans le commerce de poulettes. L’élevage compte désormais trois sites de production à Saint-Potan (22) et ses environs, transformés ainsi :

en 2010, rachat d’un bâtiment au sol de 1 300 m2 (13 x 100) équipé d’un portique Jump start (37 000 places) ;
en 2011, aménagement d’un bâtiment au sol de 1 200 m2 (15 x 80) équipé d’un double portique Jump start (30 000 places) ;
entre 2012 et 2018, rénovation et transformation de deux bâtiments au sol et un bâtiment en cage en mini-volières Bolegg starter (150 000 places).

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