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L’Itavi a expérimenté trois solutions de prévention de la coccidiose du poulet

Un essai mené en station expérimentale par l’Itavi sur des poulets certifiés montre qu’un programme d’additifs anticoccidiens est plus efficace que la vaccination ou la phytothérapie, pour limiter les lésions intestinales et améliorer les performances. Une enquête terrain à grande échelle serait intéressante pour venir compléter ces observations.

En poulet de chair, l’utilisation d’additifs anticoccidiens dans l’aliment (en particulier les ionophores) est courante pour contrôler la coccidiose. Ces molécules ont une action sur la paroi des premiers stades parasitaires des coccidies en perturbant leur équilibre osmotique, ce qui entraîne leur éclatement. Ainsi, les coccidies n’arrivent pas à maturité et ne détruisent pas la muqueuse intestinale.

Deux alternatives aux anticoccidiens sont utilisées pour gérer ce risque sanitaire : les vaccins et la phytothérapie. La vaccination vise à stimuler l’immunité du poulet contre les coccidies (sans les tuer) pour contenir un faible niveau d’infection. L’immunité est ciblée contre les espèces de coccidies présentes dans le vaccin, au nombre de 4 ou 7 selon les formulations. La phytothérapie fait appel à des extraits de plantes ou des huiles essentielles, dont les mécanismes d’action sont probablement variés selon la nature des composés utilisés, mais encore mal connus.

Protéger contre les lésions intestinales

Afin d’évaluer ces différentes approches, l’Itavi a mené un essai en station expérimentale avec Nutricia, en comparant l’efficacité des trois stratégies de contrôle de la coccidiose chez le poulet jaune certifié (JA 757), suite à une infection expérimentale par E. acervulina et E. tenella, à 21 jours. En comparaison avec le lot témoin (inoculé et non traité), dans nos conditions, le programme anticoccidien montre, à six jours post-inoculation, une excellente protection des intestins contre les lésions causées par les coccidies (score lésionnel de 0), aucune lésion n’étant observée sur l’ensemble des animaux pour E. tenella, et sur la quasi-totalité des animaux pour E. acervulina. Dans le cadre de cet essai, la solution à base d’extraits de plantes ne permet pas de limiter les lésions intestinales, les scores lésionnels ne montrant pas de différence significative par rapport à ceux du lot témoin (tous deux supérieurs à 2 sur les deux espèces de coccidies). Quant au vaccin, il apporte une protection intermédiaire entre le témoin et le programme anticoccidien (score lésionnel de 1,5 sur E. acervulina et 0,4 sur E. tenella).

Impact sur les performances

Dans cet essai, le groupe avec programme anticoccidien montre de meilleures performances sur les poids individuels à J28, J39 et J48, sur le gain de poids entre J12 et J48, et sur l’indice de consommation (J0-J48). Les deux autres solutions, ne se démarquent pas du témoin de manière significative sur ces critères. Le meilleur rendement en filet est observé dans le groupe avec anticoccidiens, les deux autres groupes ne montrant pas de différence significative par rapport au témoin. Ces résultats s’expliquent par la protection intestinale quasi-totale que les anticoccidiens permettent en cas d’infection, à la différence des autres solutions. L’intégrité de la muqueuse digestive des animaux est en effet déterminante pour une bonne assimilation des aliments. À noter qu’il n’y a eu aucune mortalité, dans l’ensemble des lots, au cours de l’essai.

Les anticoccidiens démontrent dans le cadre de cet essai sur des poulets à croissance lente, une meilleure efficacité sur la gestion de la coccidiose. Une étude réalisée en 2004 par Hubert Clave (Nutricia) et Florence Van Der Horst (Itavi) dans des conditions expérimentales assez proches sur des poulets label, concluait aux mêmes résultats. Dans cet essai, le vaccin permet une protection intestinale à un niveau moindre mais notable, sans pour autant montrer de différence significative au niveau des performances par rapport au témoin. La phytothérapie ne se démarque pas du témoin dans cet essai, ce qui vient confirmer le constat de Sylvestre et Repérant (Journées de la recherche 2019) selon laquelle « aucun produit à base de plantes n’a pour l’instant présenté d’effet suffisant ou reproductible contre les coccidies ». La recherche mérite donc d’être poursuivie dans ce domaine.

Renforcer l’hygiène et la biosécurité

Il est essentiel de respecter les bonnes pratiques sanitaires pour limiter les coccidies et les recontaminations.

En élevage de poulet, la coccidiose peut être responsable d’une perte de 10 centimes par poulet en particulier lorsqu’elle est associée à de l’entérite nécrotique. Sous sa forme clinique, elle s’exprime par de la frilosité, de la diarrhée, de la prostration, avec une dégradation des litières liée aux fientes liquides. Les coccidies créent des lésions de l’épithélium intestinal, favorisant d’autres bactéries, comme Clostridium Perfringens, agent de l’entérite nécrotique. Plus souvent, une forme subclinique sans signe apparent impacte la croissance et l’indice de consommation. La totalité des élevages, en bâtiment comme en plein air, sont concernés car l’oocyste (forme libre du parasite dans le milieu extérieur) est très résistant dans l’environnement. La biosécurité et l’hygiène sont deux alliées complémentaires à décliner en sept points majeurs :

1 - Gestion du fumier en limitant les disséminations ;
2 - Nettoyage et désinfection des canalisations lors du vide sanitaire avec un biocide adapté ;
3 - Protocole de nettoyage et désinfection du bâtiment adapté avec élimination des résidus organiques, traitement et séchage du sol, désinfection des surfaces et du petit matériel ;
5 - Traitement biocide des pourtours des bâtiments et des voies de circulation ;
6 - Lutte contre les nuisibles ;
7 - Mise en place de barrières sanitaires et vigilance après la décontamination du bâtiment (pendant la préparation du bâtiment, du matériel, à la mise en place des poussins).

Le protocole de l’essai

Quatre groupes de 240 poulets (6 répétitions de 40 animaux) ont été constitués :

- recevant un programme anticoccidien dans l’aliment : narasin + nicarbazine à 100 ppm de J0 à J27, puis narasin à 70 ppm de J28 jusqu’à l’abattage,
- recevant une solution à base de plantes, sous forme de prémélange de substances aromatiques dans l’aliment pendant toute la durée d’élevage,
- recevant un vaccin contenant 4 espèces d’Eimeria (E.acervulina, E.maxima, E.mitis et E.tenella) nébulisé au couvoir,
- un groupe témoin inoculé et non traité.

À J21, ils ont tous reçu une suspension orale de coccidies (120 000 Eimeria acervulina + 10 000 Eimeria tenella par oiseau), une concentration adaptée pour créer des lésions digestives et des pertes de performance mais pas de mortalité.

Six jours après inoculation, 24 poulets de chaque groupe ont été évalués pour noter les lésions de coccidiose ; les autres ont été abattus à 48 jours (poids moyen à l’abattage : 2 kg).

Le saviez-vous ?

L’indice lésionnel a été créé en 1970 par Johnson et Reid. Ils ont établi des scores lésionnels de 0 à 4 pour évaluer la gravité de l’infection coccidienne en fonction des lésions observées sur le tube digestif. Ces scores sont utilisés en routine pour le diagnostic des coccidioses et l’évaluation de l’efficacité des anticoccidiens. Eimeria acervulina a un impact sur les performances et l’indice de consommation lorsque le score est supérieur ou égal à 2, et Eimeria tenella est responsable de signes cliniques et de retards de croissance pour un indice supérieur à 2.

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