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Le ramassage gagne en sécurité

Les éleveurs comme les équipes de ramassage ont tout à gagner avec un chantier d’enlèvement bien organisé et sécurisé, pour réduire les risques humain, animal et sanitaire.

Gaëlle Dennery, de la chambre d'agriculture régionale des Pays de la Loire. « Depuis l’arrêté biosécurité, il est de la responsabilité de l’éleveur de vérifier le respect des mesures d’hygiène et de mettre à disposition le matériel nécessaire. »
© A. Puybasset

Qu’il s’agisse d’un transfert, d’un desserrage ou d’un départ final pour l’abattoir, le ramassage est une étape cruciale du lot, faisant appel à de la main-d’œuvre extérieure à l’exploitation. L’éleveur comme les équipes d’intervention ont l’objectif commun qu’il se déroule dans les meilleures conditions. Ses enjeux sont multiples et convergents : enjeu économique et de bien-être animal puisque du stress ou des blessures des volailles peuvent occasionner un manque à gagner pour l’éleveur et l’abatteur. Enjeu sanitaire car une faille de biosécurité et le non-respect des mesures d’hygiène peuvent induire une contamination de pathogènes entre élevages. Et le plus important, l’enjeu de sécurité des personnes. Souvent réalisés de nuit, les enlèvements ont lieu dans la pénombre. Ils impliquent des engins motorisés, dans des conditions de poussières et de bruit. Ils sont sources d’accidents comme le souligne la MSA. Une enquête réalisée entre 2013 et 2015 auprès de 300 éleveurs et des entretiens avec divers acteurs du ramassage (prestataires de services, abattoirs, organisations de production) ont mis en exergue les leviers pour améliorer la biosécurité et la sécurité des hommes.
Pilotée par la chambre d’agriculture régionale des Pays de la Loire, l’étude Ramavol avait montré des attentes des deux côtés. « Les éleveurs, globalement bien sensibilisés sur les pratiques et leurs rôles lors d’un chantier, attendaient des progrès sur les questions sanitaires. Les prestataires, en phase de professionnalisation, étaient globalement conscients des risques sanitaires qu’ils représentaient. En revanche, ils déploraient un manque de reconnaissance et d’image de leur métier et des conditions d’accueil pas toujours satisfaisantes, » résume Gaëlle Dennery, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, pilote de l’étude. Grâce à cette prise de conscience, des améliorations ont été constatées d’un côté comme de l’autre, bien qu’il reste encore des marges de progrès. Le contexte sanitaire lié à l’influenza aviaire a appuyé dans ce sens. « Depuis l’arrêté biosécurité de 2016, il est de la responsabilité de l’éleveur de vérifier le respect des mesures d’hygiène et de mettre à disposition le matériel nécessaire », rappelle-t-elle. L’étude Ramavol a d’autre part souligné le besoin d’une meilleure communication. À cet effet, un poster de sensibilisation à afficher dans les locaux d’accueil a été élaboré. "Que l’éleveur fasse appel à de l’entraide ou à une équipe de prestation, il est toujours bon de rappeler les règles et les consignes en amont du chantier." Une charte de bonnes pratiques sur le ramassage a été diffusée aux entreprises. Elle rappelle les engagements de l’éleveur, de l’équipe et du conducteur de camion. Pour les entreprises de ramassage des Pays de la Loire, rassemblées au sein de la Fédération des entreprises de travaux agricoles, l’objectif de l’étude était aussi de remettre à jour les documents de formations et d’y intégrer les aspects de sécurité non abordés jusqu’à présent. Du fait de la pénibilité du métier et d’horaires atypiques, les entreprises ont de plus en plus de difficultés à trouver du personnel et le turnover est important. Elles manquaient de support pour les nouveaux salariés. Pour les accompagner, un module de formation des salariés est désormais disponible. « Ce diaporama aborde les techniques de ramassage selon les différentes productions et explique les points de vigilance particuliers, dont la gestion sanitaire, la sécurité des personnes et le bien-être animal. » Enfin, le projet Ramavol a abouti à un état des lieux des pratiques de ramassage pour tous les types de production, en tenant compte de l’évolution des techniques, notamment du développement de la mécanisation.

"La communication et le port d’équipements de protection restent des fondamentaux"

En savoir plus

L’étude Ramavol a donné lieu à plusieurs supports de communication : des fiches d’astuces et de recommandations et de résultats d’enquête pour chaque production ; un poster à afficher dans la salle d’accueil ; une charte de bonnes pratiques (recueil de recommandations). Ils sont disponibles auprès de la chambre régionale d’agriculture et de l’Itavi.

Contact : Gaëlle Dennery 02 41 18 60 28.

Les atouts du ramassage mécanique

Le ramassage mécanisé concerne une trentaine d’éleveurs de poulets de l’enquête. Un seul type de machine était utilisé, la Chicken Cat. De nombreux atouts ont été identifiés concernant la sécurité des travailleurs : la diminution de la pénibilité, la facilité d’organisation du chantier avec des équipes plus réduites. « Aucune différence n’a été constatée sur le taux de saisies ou de mortalité. C’est davantage la nature des lésions qui change (pattes ou ailes) », précise Gaëlle Dennery. Le ramassage mécanisé ne permet pas forcément un gain de temps et une baisse du coût, ou alors pour de gros enlèvements. En revanche, les inconvénients cités concernent l’imprécision dans le comptage des animaux, l’inadaptation aux petits élevages et à certains types de conteneurs, ainsi que la difficulté de nettoyage et de désinfection de la machine.

« Des accidents souvent liés à un manque d’organisation »

« Le ramassage des volailles est une phase de travail durant laquelle l’éleveur et les ramasseurs sont exposés à des risques : travail de nuit, co-activité, présence d’engins, poussières, bruit… Il mobilise de nombreuses personnes (équipe d’intervention, éleveur, transporteur, aide familiale, entraide) et nécessite une bonne coordination. Un premier constat réalisé en 2012 par la MSA avait montré une accidentologie élevée chez les prestataires de services avicoles. Elle est souvent liée à un manque d’organisation : bousculade par un chariot, matériel gênant la circulation, abords mal éclairés, manque de protections individuelles. Il peut aussi s’agir d’accidents de trajets. L’étude Ramavol a été bénéfique et a abouti à plusieurs supports de formation. Elle a mis en avant l’importance du rappel des consignes de sécurité, du dialogue autour de l’organisation du chantier, du port d’équipements de protection individuelle, des conditions d’accueil. Elle a aussi permis de rappeler les obligations réglementaires (déclaration). Le nombre d’accidents de ramassage chez les prestataires a diminué. Il reste encore des marges de progrès concernant notamment les protections individuelles (casquette avec bandes réfléchissantes, chaussures de sécurité de bonne qualité). La MSA et la chambre d’agriculture des Pays de la Loire vont définir un kit de protection pour les prestataires. Des formations destinées aux éleveurs seront proposées au cours du second semestre. »

Carole Delaquèze, conseillère en prévention des risques professionnels de la MSA du maine-et-Loire

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