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Le distributeur spécialisé Biocoop joue la carte du commerce bio équitable

Revendiquant 12 à 14 % du marché de la distribution bio, le réseau Biocoop vise l’excellence de ses produits à travers une démarche de partenariat équilibré.

Au rayon boucherie d'un magasin Biocoop, le poulet bio Ensemble peut cotôyer un poulet bio d'origine locale. © P. Le Douarin
Au rayon boucherie d'un magasin Biocoop, le poulet bio Ensemble peut cotôyer un poulet bio d'origine locale.
© P. Le Douarin

« Dans le cadre de notre partenariat entre notre centrale d’achat et les collectifs d’éleveurs, nous travaillons sur le principe du commerce équitable, avec un contrat dans la durée, avec la transparence des coûts tout au long de la filière pour viser la juste répartition de la valeur et un prix rémunérateur pour les éleveurs, explique Anne Cécile Rubin, responsable des approvisionnements dans les filières carnées et œufs. Nous avons une démarche de construction de filière avec ces groupements de producteurs. De plus, 1 % du chiffre d’affaires généré est reversé à l’amont pour financer des projets de recherche, de communication ou d’investissements. Ce n’est pas un complément de prix. » En volailles, c’est avec la coopérative Volailles bio de l’Ouest (VBO), située en Vendée, que s’est construite la filière volaille bio équitable. Ses éleveurs se sont aussi engagés à un lien au sol renforcé à au moins 50 % (au lieu des 20 % au minimum actuellement). En 2017, VBO réunissait 35 éleveurs du Grand Ouest, totalisant 23 000 m2 (dont 10 000 m2 en structures mobiles) pour plus d’un million de volailles produites, et avec une grande diversité de commercialisation (vente directe, contrat abattoir). Ces éleveurs sont associés au fabricant d’aliment Mercier et à l’abattoir Freslon, tous deux situés en Vendée. Les volailles portent la marque Ensemble, commune à d’autres produits Biocoop. Le poulet jaune est nourri avec un aliment 100 % bio et d’origine France (le soja est trituré en Maine-et-Loire). Dans un souci de développement durable, il a fallu réfléchir à la valorisation des cuisses pour continuer à répondre à la demande importante en filet. L’abattoir Freslon a mis au point des nuggets et des cordons-bleus « après un long travail sur la formulation pour obtenir des produits les plus simples possible (sans arôme notamment) ». Ces produits élaborés ont été lancés en avril.

Accompagner la consommation sans la pousser

Par ailleurs, dans un souci de relocalisation des appros et pour faire face à une demande supérieure à l’offre de sa filière Ensemble, fin 2016 Biocoop a passé un accord avec Les Fermiers de l’Ardèche (groupe LDC) qui lui fournissent des poulets à leur marque. « Ils ne sont pas encore dans le modèle que l’on promeut, concède Anne Cécile Rubin, mais nous voudrions que ces éleveurs y arrivent petit à petit. » Cette relocalisation se déploie progressivement au rythme de l’augmentation du marché. Car « ce nouveau fournisseur ne prend pas la place du précédent. Nos engagements sur les volumes de volailles équitables ne doivent pas être remis en cause. » Le volume des plateformes équivaut à 7 500 poulets par semaine, sans compter ceux achetés par les magasins, pour lesquels « il est difficile de savoir si c’est autant ou le double. » Les plateformes Biocoop fournissent aux magasins du réseau les trois quarts de leur volume en découpe, surtout en filet qui répond aux attentes de praticité. Pour la responsable, c’est lui qui tire la croissance, l’entier étant sur la pente descendante. « Le filet est vendu plus de 30 euros le kilo, ce qui ne nous a pas empêchés d’être en rupture à certaines périodes. En volailles, nous réalisons en moyenne 10 % de croissance annuelle et nous n’avons pas vocation à pousser à la consommation », poursuit Anne Cécile Rubin. Grâce à son partenariat avec l’amont, Biocoop gère bien la montée de ses volumes, mais la responsable s’inquiète de la forte croissance globale de la production. « Si celle-ci dépasse l’offre, cela pourrait influencer le comportement des GMS, avec des promotions agressives qui pourraient d’une part, réduire la valeur et rejaillir sur les producteurs et d’autre part, siphonner des consommateurs dans les autres circuits de distribution. »

Deux sources d’approvisionnement

Pour se différencier, la coopérative Biocoop a fixé des exigences aux éleveurs qui l’approvisionnent. « Par souci de cohérence, les exploitations doivent être 100 % bio, précise Anne Cécile Rubin, responsable des approvisionnements dans les filières carnées et œufs. Les gérants de magasins se fournissent soit en direct auprès d’acteurs locaux (indépendant ou opérateur en circuit long) qu’ils choisissent en toute liberté « dès lors qu’ils respectent le cahier des charges de l’enseigne », soit auprès d’une des quatre plateformes gérées et approvisionnées par la coopérative Biocoop. « Ces éleveurs réunis en collectifs doivent répondre à des critères mieux disant que le cahier des charges européen, précise la responsable. Ils adhèrent aussi à la coopérative Biocoop au sein de la section agricole. » Face à la concurrence grandissante de la grande distribution (sa croissance a été double de celle des spécialisés en 2018), Biocoop cherche à étendre ses points de distribution pour capter des consommateurs et mailler le territoire. « Nous avons 550 magasins Biocoop et nous visons les 600 pour la fin de l’année. Cent trente magasins détiennent un rayon boucherie traditionnelle et nous incitons les autres à en créer. Nous venons aussi d’ouvrir la première boucherie Biocoop à Angers, pour mettre aussi en avant le métier d’artisan-boucher. »

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