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« La transmission de mon exploitation avicole et porcine a été étalée sur quatre ans »

Christophe Dilé a cédé progressivement son activité avicole et porcine à son salarié, Guillaume Séchet. Un mode de reprise intéressant pour le jeune comme pour le cédant.

C’est un schéma de transmission atypique. À Neuvy-en-Mauges dans le Maine-et-Loire, Guillaume Séchet s’est installé seul en 2020 sur l’exploitation de Christophe Dilé, qui lui a cédé petit à petit son activité, comprenant 2 150 m2 en poulets et canards, un atelier post-sevreur-engraisseur de 3 000 porcs par an et 50 hectares de cultures de vente en fermage. 

Lire aussi : Transmission en volailles : « Nous n’avons pas attendu le dernier moment pour chercher un repreneur »

Cette reprise par production, étalée sur quatre années, s’est révélée gagnant-gagnant pour le jeune installé, non issu du milieu agricole, comme pour le cédant. « Cela m’a permis de prendre en main chaque production, l’une après l’autre, et de démarrer plus sereinement avec l’accompagnement de Christophe, apprécie Guillaume. Lors du rachat de l’ensemble de l’outil de production en 2024, j’étais déjà en rythme de croisière et j’avais constitué de la trésorerie. »

Une baisse maîtrisée du chiffre d’affaires

« À mon départ en retraite, mon chiffre d’affaires avait suffisamment baissé pour être exonéré de plus-value, poursuit Christophe. J’ai pu indirectement en faire profiter Guillaume en proposant un prix de reprise lui permettant de dégager un EBE correct », souligne le cédant, fier d’avoir transmis son exploitation à un jeune et qui démarre dans de bonnes conditions. La réussite de cette transmission peu banale va bien au-delà des aspects financiers : c’est d’abord une histoire de confiance, de partage et d’entraide entre les deux hommes.

Moins de contraintes horaires qu’en lait

Le jeune installé est arrivé en 2018 sur l’exploitation de Christophe comme salarié à temps plein, après l’échec, lié à l’accès au foncier, de son projet initial d’installation dans un Gaec laitier. Ce passionné de vaches laitières ne connaissait ni la volaille, ni le porc. « J’ai découvert des productions très techniques, bien accompagnées, avec moins de contraintes horaires et une organisation du travail plus souple qu’en lait. » À peine un an plus tard, il propose à Christophe de reprendre sa ferme, qui alors âgé de 58 ans et pas forcément prêt à transmettre si tôt, saisit cette opportunité. Ne restait plus qu’à élaborer un plan de transition sur quatre ans, bénéfique aux deux éleveurs.

Les poulaillers mis en location

Guillaume est officiellement devenu exploitant en janvier 2020. Dans le cadre de son projet d’installation en EARL, il a investi dans un bâtiment d’engraissement de porcs sur paille de 480 places, construit en périphérie du site, sur un terrain racheté au cédant. « L’objectif était d’être autonome en places d’engraissement et d’améliorer la rentabilité de l’atelier porcin, la moitié des porcs étant auparavant élevée en façonnage. » Gardant le statut de salarié (mi-temps) la première année, Guillaume a commencé par exploiter le bâtiment poulet mis à disposition par Christophe ; les deux canardiers l’année suivante ; puis les terres en 2023. « En louant les poulaillers, j’ai commencé à produire sans avoir à investir, relève Guillaume. Au moment du rachat, je disposais de bilans comptables, ce qui a facilité l’obtention des prêts bancaires. » Il a investi au total 750 000 euros, dont 150 000 euros dans la porcherie neuve, 136 000 euros pour le rachat des parts dans la maternité collective et le reste pour la reprise du site et des outils de production. Ont aussi été intégrés 50 000 euros de besoins d’investissement sur dix ans. Tous les prix de reprise ont été fixés dès l’étude prévisionnelle en 2019, à partir d’estimations réalisés par les groupements. « Nous ne sommes jamais revenus sur cet accord verbal. »

Un site isolé et clôturé

En 2022, l’élevage avicole est touché à deux reprises par l’Influenza aviaire et la production est arrêtée sur de longs mois. « Cela n’a pas remis en cause le projet. J’ai rassuré Guillaume en lui disant que l’on pouvait encore faire marche arrière s’il le souhaitait. J’ai gelé la location des poulaillers en attendant que les indemnisations de l’État lui soient versées. »

L’ensemble des bâtiments est regroupé en un même lieu, à distance du siège historique sur lequel habite toujours Christophe. Pendant la phase de transition, il a continué d’investir sur l’exploitation, notamment avec l’aménagement d’un sas central et de barrières, pour avoir un site isolé et clôturé, plus facilite à transmettre. Il reste propriétaire d’un hangar de stockage équipé d’une toiture photovoltaïque en revente totale, qu’il met gratuitement à disposition de Guillaume. « Il est encore en remboursement. Ce sera mon assurance retraite !, sourit-il.

Le cédant est encore un peu présent sur l’exploitation, réalisant toujours un week-end de garde sur deux, autrefois en entraide et désormais en contrat Tesa. Guillaume emploie aussi deux jours par semaine un salarié en groupement d’employeurs. « Cette organisation me donne de la souplesse lors des pics de travail. C’était important de garder du temps pour poursuivre mes engagements professionnels. Cela me donne une ouverture sur le milieu agricole. »

« Le cédant a joué le jeu jusqu’au bout pour maintenir de bonnes conditions de reprise »

Fiche identité

EARL Guillaume Séchet

- Deux canardiers de 470 et 900 m2 (datant de 1987 et 2012)

- Un bâtiment de poulets Nouvelle Agriculture de 780 m2 (1991)

- Un atelier de post-sevrage et engraissement (3 000 porcs produits par an)

- Parts sociales dans une maternité collective

- 50 hectares de cultures

Côté éco

750 000 € de coût d’installation de Guillaume Séchet dont

- 150 000 € : construction d’un engraissement sur paille de 480 places + quai d’embarquement de 200 places

- 136 000 € : rachat de parts sociales de la maternité collective

- 220 000 € pour les bâtiments avicoles (102 €/m2)

Repères

Dates clés de la transmission progressive

2018 : Guillaume Séchet devient salarié sur la ferme de Christophe Dilé

2020 : installation en janvier de Guillaume qui reste salarié à mi-temps. Location du poulailler et construction d’un engraissement de porcs sur paille de 480 places

2021 : location des deux canardiers. Arrêt du mi-temps.

2022 : arrêt forcé de l’activité avicole sur plusieurs mois (Influenza aviaire)

2023 : reprise de l’activité foncière

2024 : rachat du site et de l’ensemble des outils de production. Départ en retraite de Christophe

Une gestion administrative plus complexe

En 2019, les éleveurs ont réuni autour d’une table la Direction départementale des territoires (DDT), la banque et le centre de gestion pour anticiper les démarches administratives et présenter le projet de transmission progressive, pendant laquelle deux entités juridiques ont coexisté sur une même exploitation. Un emboîtement un peu complexe, en particulier pour l’atelier porcin, chaque éleveur exploitant une bande sur deux en engraissement.

Durant les quatre années, les noms des deux exploitants ont été mentionnés sur la déclaration ICPE.

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