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La biosécurité fait exploser les coûts d’épandage

Les nouvelles règles sanitaires impactent la durée et le coût des chantiers d’épandage. Exemple dans les Landes avec l’entreprise Junca.

Depuis un an, la donne a changé, assure Éric Junca, entrepreneur à Samadet (40). Réalisant 50 % de son chiffre d’affaires en travaux d’épandage, dont 60 % avec les palmipèdes, il enfouit de l’ordre de 140 000 m3/an d’effluents sur environ 3 000 hectares. Avec les nouvelles règles de biosécurité renforcées en juillet dernier, notre métier qui était considéré comme périphérique est entré de plain-pied dans une démarche globale de filière. Le chantier d’épandage qui passait (ni vu ni connu) de ferme en ferme a vécu. Avec le principe « un client, un chantier, une prestation », nous devons nous protéger davantage et aussi protéger les autres ».

Indispensable désormais, la sécurisation sanitaire est simple, mais elle est contraignante et coûteuse. Les règles de désinfection, précisée dans la dernière instruction, sont strictes (lire encadré). « Nous devons nettoyer et désinfecter nos équipements entièrement à chaque rentrée au dépôt, et organiser un nettoyage plus léger, à la fin du chantier, en bout de champ sur le site d’épandage. Il faut donc prévoir des unités mobiles de lavage à haute pression et du matériel de désinfection. La désinfection des convoyeurs de lisier à chaque tour est envisageable selon le degré d’équipement de l’éleveur sur son site (rotoluve, portique). Outre les coûts d’acquisition, c’est surtout un surcroît de temps incompressible », précise Éric Junca. Aux deux heures trente de lavage désinfection de l’automoteur et une bonne heure pour les unités de convoyage rentrées au dépôt, il faut ajouter l’heure passée en fin de chantier sur la parcelle pour « le nettoyage léger ».

Le surcoût incontournable de la décontamination

Ce surcoût est inévitable quelle que soit la surface épandue, avec pour conséquence une prestation plus chère. Habitués à une prestation d’environ 4 €/m3 pour un chantier moyen, les éleveurs doivent s’attendre à voir leur facture grimper. Pour Éric Junca, répercuter cette augmentation est problématique. « Avec des clients fragilisés par deux années calamiteuses, nos volumes d’épandage ont déjà baissé de 30 % au cours des deux dernières campagnes. »

L’autre impact concerne la cadence du chantier qui se réduit considérablement. « Même si nous travaillons souvent par équipe, 24 heures sur 24 et 7 jours d’affilée, l’organisation se complexifie dangereusement », poursuit l’entrepreneur. Or les périodes d’épandage autorisé ont tendance à se rétrécir aux limites du possible « car on tient tout de même compte des conditions météorologiques. » Une révision de la réglementation devient pressante, avec un allongement des périodes autorisées plutôt qu’une réduction envisagée.

Comme ses confrères des entreprises et des Cuma, l’entrepreneur espère que les professionnels ont pris conscience de l’importance d’une gestion adéquate des effluents. « Il m’est difficile de faire le grand écart entre le coût réel de la prestation et les difficultés de rentabilité de mes clients. Il reste à souhaiter que le surcoût de la biosécurité sera répercuté dans les marges. »

Deux lieux de nettoyage

Les mesures de biosécurité concernant les équipements d’épandage des lisiers et fumiers sont précisées dans l’instruction technique du 22 septembre (DGAL/SDSPA/2017-756) diffusée aux DDPP par la Direction générale de l’alimentation.

« Conçu de manière à̀ empêcher la perte des lisiers, fientes sèches et fumiers, le matériel de transport et d’épandage est régulièrement nettoyé́ et désinfecté :

- en sortie de champ : les opérations de nettoyage et de désinfection sont effectuées après chaque prestation d’épandage. Elles peuvent ne concerner que les parties extérieures du matériel et des véhicules (bas de caisse et roues).

- après chaque retour à l’entreprise d’épandage : des opérations régulières d’entretien et de nettoyage sont réalisées, comprenant un nettoyage approfondi, suivi d’une désinfection par aspersion d’un désinfectant autorisé et actif contre les virus influenza. »

Une méthode rodée depuis dix ans

Question matériel, Éric Junca est au point. « Cela fait dix ans que j’enfouis les effluents de la même manière. »
Il utilise deux automoteurs d’épandage Holmer TV 600 de 21 m3 de capacité, équipés d’enfouisseurs à disques de 6 mètres de large. Ces équipements seront bientôt équipés d’une cartographie parcellaire et d’un analyseur d’effluents au pompage, pour assurer de meilleures régularité et traçabilité des épandages.

Quatre tonnes, également de 21 m3, assurent le transport du lisier entre les fosses à vider et les terres à épandre. Le pompage, comme le transbordement dans l’automoteur sur la parcelle d’épandage, sont réalisés automatiquement, via une tourelle commandée depuis la cabine. Les chauffeurs ne descendent donc plus des tracteurs, ni sur les sites de reprises, ni dans les parcelles.

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