« J’ai développé mon élevage de poules pondeuses pour travailler à temps plein sur l’exploitation »
En construisant un troisième bâtiment de 21 000 places dans le Morbihan, William Thomas a atteint son objectif de 40 000 poules, effectif qui lui permet de revenir à temps plein sur l’exploitation.
En construisant un troisième bâtiment de 21 000 places dans le Morbihan, William Thomas a atteint son objectif de 40 000 poules, effectif qui lui permet de revenir à temps plein sur l’exploitation.





Étape par étape, William Thomas, éleveur à Mauron, dans le Morbihan, a modifié son élevage pour s’orienter vers des modes de production alternatifs et augmenter son cheptel jusqu’à atteindre les 40 000 poules. Le jeune éleveur s’est installé en 2014, à la suite de ses parents qui produisaient des œufs depuis 1999. Les deux premiers poulaillers de William Thomas sont un bâtiment de 9 000 poules plein air et un de 10 000 poules élevées au sol. Le revenu dégagé par ces deux premiers bâtiments n’était pas suffisamment pour se passer d’un emploi à l’extérieur, à temps partiel. Le jeune éleveur a donc décidé de se lancer dans la construction d’un troisième bâtiment pour se consacrer uniquement à son exploitation. « Ce troisième poulailler porte mon cheptel à 40 000 poules. Ce qui est économiquement viable, je vais pouvoir dégager un revenu qui me permettra de me consacrer uniquement à l’exploitation », apprécie William Thomas, qui est prêt à relever les exigences technico-économiques de ce nouveau challenge.
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Un bâtiment neuf en code 2
Pour son bâtiment existant de 10 000 poules, William Thomas a fait le choix de remplacer le parcours par un jardin d’hiver, afin d’avoir la place pour construire son troisième bâtiment. « Ce jardin d’hiver est accessible dès l’arrivée des poulettes, apprécie-t-il. Les volailles ont accès à l’extérieur tout en étant protégées des prédateurs et des risques sanitaires. » Le jeune éleveur a fait le même choix de poules élevées au sol avec un accès à l’extérieur par un jardin d’hiver pour son troisième bâtiment, qui a été achevé en juillet 2025. Cette nouvelle construction accueille 21 000 poules, de génétique Lohman Brown. Pour faciliter leur acclimatation à la volière, les poulettes seront élevées dans des conditions qui leur apprennent à bien se déplacer. Le jeune éleveur a travaillé avec l’équipementier Big Dutchman et a choisi une volière Natura Nova Twin, qui équivaut à deux rangées de Natura Nova. Cette volière concilie bien-être animal, fonctionnalité et rendement. Sa structure en étages avec des accès à l’alimentation et à l’abreuvement à différentes hauteurs favorise la mobilité des pondeuses. Les accès aux pondoirs sont ainsi facilités. « Cela devrait limiter la ponte au sol », anticipe William Thomas.
Des tapis à fientes sous les étages et un racleur au sol assurent une évacuation en continu des fientes, ce qui assurera une meilleure ambiance. Comme William Thomas ne dispose pas de terres où les épandre, les fientes sont valorisées par des voisins ou exportées vers des zones céréalières. La construction d’une fumière avec un bardage à claire-voie facilite le séchage et le stockage des fientes.
Un nouveau centre de conditionnement
En construisant son nouveau bâtiment à proximité de ses deux autres poulaillers, William Thomas a pu optimiser le conditionnement en un même lieu. Via des convoyeurs, la production des trois bâtiments converge vers un même centre de conditionnement neuf. « En faisant un nouveau centre de conditionnement, j’ai un équipement où tout est optimisé. Il y a suffisamment de place pour envisager l’avenir sereinement », explique le jeune éleveur. La conditionneuse Sanovo permet d’emballer 36 000 œufs à l’heure. Une imprimante à jet d’encre marquera les œufs avec leur code du bâtiment. William Thomas a fait le choix de l’automatisation pour « réduire la pénibilité ». Un robot assure la palettisation. « Sans le robot, il m’aurait fallu porter l’équivalent de 4 tonnes par jour », a chiffré l’éleveur, qui a reçu une aide de la MSA, pour l’intérêt ergonomique du robot. « La seule tâche manuelle qui reste est le tri des œufs », apprécie William Thomas. Ce nouveau centre de conditionnement, équipements compris, lui est revenu à l’équivalent de 5 euros par poule pour l’effectif global de 40 000 poules.
L’investissement total, comprenant la création du jardin d’hiver dans le bâtiment existant de 10 000 poules (qui a permis d’augmenter l’effectif de 3 000 poules) et la construction du bâtiment de 21 000 poules revient à 43 euros par poule sur une base de 24 000 poules. « Ce projet progressif a été bien maîtrisé, félicite David Chiche, directeur du groupement Œufs d’Eureden. La moyenne du neuf est plutôt autour des 50 euros par poule. »
Eureden va accompagner 100 projets
« Le marché de l’œuf est très dynamique avec une forte demande en œufs alternatifs, partage David Chiche, directeur du groupement Œufs d’Eureden. Pour y répondre, nous souhaitons passer tout notre parc en système alternatif à horizon 2030. » Pour avoir un nombre équivalent de poules, lorsqu’un bâtiment en cages arrête, il faut créer trois bâtiments alternatifs. Pour remplacer les producteurs qui partent en retraite et répondre au développement des productions alternatives, Eureden va accompagner 100 projets de 20 000 poules en sol et plein air. « Avec les nombreux départs en retraite, il y a des opportunités en rénovation, pour un coût de 30 à 35 euros par poule, évalue David Chiche. Pour une construction, il faut tabler sur 50 euros par poule. »
Pour accompagner les nouveaux aviculteurs et ceux qui accroissent leur cheptel, Eureden leur assure des débouchés sécurisés. « Nos contrats avec la grande distribution pour les œufs coquille, nos outils de transformation garantissent les débouchés », rassure David Chiche. Aux nouveaux investisseurs, Eureden assure des aides à la trésorerie et des contrats sur dix ans, indexés sur le prix des aliments, avec bonification selon les performances.