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Influenza aviaire : « La guerre entre « petits » et « gros » producteurs de foie gras n’a pas lieu d’être »

La nouvelle présidente de la chambre d’agriculture des Landes, Marie-Hélène Cazaubon, donne à chaud ses premiers retours d’expérience de l‘épizootie d’influenza qui frappe durement les Landes.

Depuis le 11 décembre 2020, Marie Hélène Cazaubon remplace Dominique Graciet parti en retraite agricole après 19 ans de présidence. Agée de 56 ans, elle est Éleveuse-gaveuse à Montsoué sur une exploitation familiale de 70 ha.
© Chambdre d'agriculture des Landes


Est-ce que l’anticipation a correctement fonctionné dans cette troisième épizootie d’influenza aviaire ?

Marie-Hélène Cazaubon - Les alertes ont parfaitement fonctionné pour la première zone autour de Saint-Geours-de-Maremne où il y a peu d’élevages. C’est une zone proche du Marais d’Orx où la faune sauvage est nombreuse, notamment les cormorans. L’alerte a été rapide et le dépeuplement aussi. Puis quelques foyers indépendants se sont déclarés et ont été canalisés. Juste avant Noël, les alertes ont également fonctionné en Chalosse, mais la densité d’élevage y est beaucoup plus importante et beaucoup d’éleveurs avaient obtenu la dérogation de sortie des canards.

Les moyens de lutte sont-ils le maillon faible du dispositif global ?

M.H. C.- La rapidité d’intervention est essentielle, mais les moyens humains n’ont pas été suffisants. Les abattoirs ont été réquisitionnés mais ont manqué d’effectifs et de moyens logistiques pour assurer les rotations. Il a été impossible d’abattre plus vite. La période Noël/Nouvel An à laquelle l’épizootie a redoublé de virulence ne nous a pas aidé non plus. Nous ne pointons pas du tout les uns ou les autres, mais nous allons devoir travailler tous ensemble pour accélérer la réactivité en cas de besoin. Les chaînes de décisions sont trop lourdes.

Y aurait-il une possibilité de permettre aux autorités locales d’agir plus vite ?

M.H. C.- Nous avons eu beaucoup de visioconférences avec la DGAL et le ministère de l’Agriculture. Mais le temps pour prendre les décisions reste trop long. En cas urgence, on pourrait imaginer une délégation à la Préfecture pour une prise de décision rapide. Les services locaux de l’État, la chambre d’agriculture, l’interprofession travaillent déjà ensemble… Des acteurs locaux sont identifiés et capables de prendre le relais des entreprises d’intervention sous contrat avec l’Etat pour les abattages et les décontaminations. A nous de les mettre en avant pour gagner en réactivité et en efficacité.

Pensez-vous que la biosécurité n’est pas correctement appliquée ?

M.H. C.- La biosécurité reste indispensable, mais il faut la réfléchir au-delà de l’exploitation agricole. Les éleveurs n’y sont pas forcément réfractaires, mais il y a peut-être eu un relâchement à un moment donné. C’est de l’humain. En plus, ce virus passe partout et va très très vite. Il y aura très certainement des formations de mise à niveau biosécurité à envisager.  Nous devons tous maintenir notre vigilance, c’est indispensable.

Lire aussi : "Parlez-vous et soyez créatifs " par le vétérinaire Jean-Pierre Vaillancourt

Y-a-t-il trop de canards dans les Landes ?

M.H. C.- Il existe une forte densité d’élevages dans certaines zones, mais pas forcément au niveau des exploitations agricoles. Chaque éleveur doit tenir compte des autres autour de chez lui. Face à l’urgence sanitaire, nous devons réfléchir tous ensemble à une densité acceptable dans la période à risques de l’automne-hiver. Nous pourrions peut-être travailler sur une saisonnalité différente qui permettrait de réduire la densité. Par exemple, avons-nous besoin de produire autant de produits frais à ce moment-là ?

Quel est votre avis sur la mise à l’abri obligatoire pour les canards en période à risque ?

M.H. C.- C’est l’un des enjeux cruciaux sur lesquels nous devons travailler. La mise à l’abri doit devenir une évidence. Il faudrait avoir partout au moins les abreuvoirs et l’alimentation à l’intérieur pendant la période de risque. Les cahiers des charges Label Rouge, IGP… sont en cours de modification pour tenir compte des risques sanitaires et vont intégrer la possibilité de claustration. Tout reste à discuter pour sécuriser sanitairement et économiquement tous les élevages quelle que soit leur taille. Tous les éleveurs doivent pouvoir travailler selon le modèle de production qu’ils souhaitent.

Faudrait-il avoir recours à la vaccination ?

M.H. C.- Nous avons besoin de l’avis des scientifiques. Il faudrait de toutes façons allier biosécurité et vaccin. Par ailleurs, la vaccination met un frein aux exportations de volailles et de palmipèdes … Alors c’est une discussion mondiale qu’il va falloir faire pour évoluer, car les épizooties n’ont pas de frontières.

Finalement, pourquoi opposer filière courte et filière longue, petit et gros élevage ?

M.H. C.- Cette bataille n’a pas lieu d’être. Nous sommes tous des éleveurs. La diversité des circuits de production correspond à la demande des consommateurs. Nous pouvons tous cohabiter, à condition de travailler ensemble et pas chacun dans notre coin.  Lors de la reprise d’activité, j’espère que nous pourrons mettre en place un zonage afin d’échelonner la production, protéger les centres de sélection et les accouveurs.

 

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