Aller au contenu principal

Faire encore évoluer le label rouge

Concilier modernité et tradition a toujours été un défi pour les organisations avicoles label rouge, réunies sous la bannière du Synalaf qui vient de fêter ses cinquante ans.

L’histoire des volailles françaises de qualité n’a pas été un long fleuve tranquille. C’est ce qu’a rappelé le rapide tour d’horizon du 1er juin au Puy du Fou, à l’occasion des cinquante ans du syndicat national des labels avicoles français (Synalaf). Après-guerre, les producteurs durent faire face au rouleau compresseur américain du plan Marshall. Pour produire plus et être moderne, il fallait industrialiser les méthodes d’élevage. En créant le concept de label unique au monde, la Loi de modernisation agricole de 1960-1962 a préservé des îlots d’irréductibles défenseurs du triptyque « qualité-mode de production-origine ». C’est dans cette filiation que le Synalaf a émergé en 1967. Éric Cachan, son huitième président, l’a bien souligné. Le Synalaf existe grâce à des hommes et à des femmes qui ont des valeurs et une éthique, et qui s’y tiennent par le respect de règles strictes. Le rappel de faits marquants a souligné que pour imposer ses arguments, le Syndicat a dû combattre ou convaincre. Pour mémoire : le projet de création par les pouvoirs publics d’un label identique pour tous les produits marchands, la création de la certification de conformité (CCP), le procès contre l’appellation Duc de Bourgogne de Gérard Bourgoin ou contre la marque label rouge du britannique Matthews, la reconnaissance du terme « fermier » au niveau européen, les accusations d’entente collective en France…

Un modèle économique pris en étau

Le consommateur français a fini par plébisciter le label rouge, malgré son prix : 70 % du poulet entier acheté en GMS est label rouge. Il sera difficile de l’y détrôner, mais les professionnels sont bien conscients que les marchés d’avenir sont ailleurs, dans les produits de découpe et dans les circuits hors GMS.

Le label rouge est rattrapé par des productions standard qui cherchent à s’adapter aux attentes sociétales (bien-être animal, agroécologie, manger moins mais mieux…) tout en préservant un bon rapport qualité/prix. Depuis quelques années, les pays du Nord de l’Europe découvrent l’intérêt de la segmentation. Pour Denis Lambert, PDG de LDC, les Nord Européens influencent les distributeurs français et vont pousser les produits standard à évoluer. Le label rouge est aussi menacé par des volailles bio, supposées meilleures pour la santé, mais sans référence au goût. « Le bio fait de l’ombre au label rouge », admet, le PDG de LDC.

Aller vers la découpe et la RHD

L’économiste Pascale Magdelaine ne dit pas qui gagnera le match, ni quelle segmentation émergera d’ici quinze ans. En revanche, elle préconise d’être proactif pour éviter le sort des producteurs d’œufs en cage. Dans un univers de consommation mouvant, le groupe LDC souhaite que les labels rouges soient ouverts aux changements. Denis Lambert s’interroge notamment sur une adaptation au marché de la découpe qui devrait croître fortement (30 % actuellement). Selon Serge Papin, porte-parole de Système U, qui avait réalisé une vidéo pour l’occasion, « les consommateurs veulent être rassurés. Pour servir votre cause et mieux vous démarquer du bio, vous devriez plus communiquer sur le contenu de vos exigences, peut-être en racontant mieux votre histoire. Il y a une troisième voie entre l’élitisme et le standard. »

Une stabilisation des volumes en 2016

Toutes espèces confondues, les mises en place (1) ont atteint 132 millions de têtes, en baisse de 2 %, et les labellisations sont restées stables à 110 millions.

. Le poulet recule de 1 % en mise en place (114,3 millions) et progresse de 4 % en labellisation (97,9 millions). Le jaune continue à grappiller des parts de marché (51 % du total).

. La pintade recule de 7 % en mise en place (8,9 millions) et de 5 % en labellisation (6,3 millions),

. Le canard est également en forte baisse avec moins 25 % labellisations (412 000 têtes) ;

. La volaille festive a été impactée par des fêtes tombant un samedi, avec un recul de 5 % des labellisations (2,4 millions).

. L’œuf (75 % du cheptel national au Synalaf) a augmenté de 5 % (390 millions).

. En bio, les filières du Synalaf ont produit 727 millions d’œufs (+ 12 % et 60 % de la production nationale) et 8,9 millions de volailles (+ 15 % et 87 % de la production nationale).

(1) Sur 53 semaines.

Les plus lus

<em class="placeholder">poulailler Terre Neuve Groupe Michel Marcillé-Robert Ille-et-Vilaine</em>
« Je vise un solde annuel de 25 000 euros avec mon poulailler neuf »
Fabien Delonglée, éleveur à Marcillé-Robert en Ille-et-Vilaine a inauguré son nouveau poulailler, un modèle Terre-…
<em class="placeholder">Sylvain Plumelet, éleveur à Plémet (22), avec Guillaume Gannat, chargé de développement LDC (à gauche) et Guénaël Le Sourd, directeur d’Huttepain Bretagne </em>
« Un poulailler refait à neuf pour me lancer dans l’aviculture »

Lors d’une recherche de prairies pour ses chevaux, le hasard a mis un poulailler sur la route de Sylvain Plumelet. L’éleveur l…

<em class="placeholder">Hugues de Froment, installé sur la ferme familiale, a testé deux bandes de poulets de chair dans son bâtiment pour palmipèdes devenu polyvalent.</em>
« Mon bâtiment de canards prêts à engraisser produit aussi du poulet »

Dans le cadre de la démarche La Ferme, portée par la coopérative Terres du Sud, l’éleveur Hugues de Froment, situé en Dordogne…

<em class="placeholder">Les éleveurs Nathalie Letourneur et son fils Pierre sont accompagnés dans le suivi sanitaire de leur élevage par Anthony Miatta, technicien de Huttepain Aliments et Arnaud ...</em>
« La biosécurité se joue dans les détails dans notre élevage bovin et avicole»

Le Gaec Letourneur, élevage de bovins et de volailles dans l’Orne, fait de la biosécurité une priorité. Pourtant fin 2024,…

<em class="placeholder">Table ronde de Bellavol sur les gaveurs de canards</em>
Engraisseur de canards : un métier aux nombreux atouts

Pour assurer le renouvellement de ses producteurs, Bellavol recherche une quinzaine d’engraisseurs de canard. Un métier peu…

Le mouvement La Ferme veut mobiliser l’aval

Terres du Sud a mis en place une caisse de financement pour soutenir les investissements dans les bâtiments, sollicitant les…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)