Des bactéries qui améliorent la litière des canards
Un essai sur des canards prêts à engraisser élevés en claustration montre que l’apport régulier d’une flore bactérienne sur la litière améliore sa qualité et les résultats technico-économiques.
Un essai sur des canards prêts à engraisser élevés en claustration montre que l’apport régulier d’une flore bactérienne sur la litière améliore sa qualité et les résultats technico-économiques.
Fin 2021, en contexte de claustration, l’apport de bactéries de la société Cobiotex a été testé sur deux élevages de canards prêts à gaver travaillant avec Terres du Sud en Dordogne.
« Les éleveurs ont eu l’obligation d’élever en intérieur pour se prémunir des risques d’influenza aviaire, explique Sandrine Castaing, vétérinaire Socsa Réseau Cristal. L’élevage en claustration des canards, qui rejettent beaucoup d’eau, entraîne toutefois des problèmes de tenue de litière et de colibacilloses. Il a paru intéressant d’évaluer l’impact de l’apport de bactéries lactiques sur la litière et sur les résultats technico-économiques. »
L’essai a été mené chez Ludovic Marchive, qui dispose de 2 300 m² de bâtiments en ventilation dynamique à Angoisse (Dordogne). Il a élevé un lot témoin de 6885 animaux dans un bâtiment de 1200 m² (5,7 canards/m²) et autant dans un bâtiment de 1100 m² (6,3 canards/m²) avec apport de bactéries positives.
Les bâtiments ont été garnis initialement de paille, puis rechargés avec des granulés de paille. Du Cobiotex Biofilm a été dilué (1 kg dans 80 l d’eau) et pulvérisé à l’atomiseur thermique 24 heures avant la mise en place ; puis du Cobiotex 410 Absorbant était épandu manuellement tous les 15 jours, à la dose de 25 g/m².
Une flore bactérienne modifiée
Les prélèvements de litière réalisés à cinq semaines ont montré une baisse variable des concentrations d’entérobactéries, des levures et moisissures dans le bâtiment traité, ainsi que des bactéries anaérobies sulfito-réductrices (ASR), auxquelles appartiennent les Clostridium.
À 11 semaines, les entérobactéries et les coliformes fécaux avaient encore diminué, alors qu’ils augmentaient dans le témoin. Les levures et moisissures et les ASR ont aussi diminué.
Aucun des deux lots n’a présenté de pathologie ayant nécessité un traitement antibiotique.
La valeur agronomique des effluents est notablement améliorée. Mesurée à 11 semaines, l’humidité de la litière traitée baisse de 4 points (71 % contre 75 %) et le taux brut de matière organique est en hausse (25 % de la matière brute contre 21 %), tout comme l’azote total (+34 % soit +2,7 g/kg brut). L’équipe de ramassage a souligné avoir ressenti une meilleure ambiance et moins de dégagements d’ammoniac.
Une économie de substrat litière
Ludovic Marchive a aussi consommé 27 % de litière en moins dans le bâtiment traité (-1,3 kg/canard départ). « J’ai été très surprise par la bonne tenue de la litière, confirmée par le ressenti de l’éleveur, note Sandrine Castaing, même si elle a un peu 'lâché' vers la fin. »
La croissance des canards traités s’est améliorée sur la période 28-47 jours, mais l’écart s’est ensuite réduit. Quant à la consommation d’aliment, elle a baissé de 13 % (16,03 kg contre 18,14 kg), reliée à un meilleur développement squelettique et l’amélioration du potentiel de dépôt musculaire. Après gavage, le poids de carcasse augmente de 38 g (3,11 kg) et le poids de foie de 24 g (521 g).
Le second essai similaire a été réalisé dans un élevage conduit en ventilation statique.
Il n’y a pas eu de suivi technique aussi précis, mais l’éleveur s’est dit très satisfait de la tenue de la litière. D’après la vétérinaire, cette dernière a été plus sèche jusqu’à sept semaines, la tenue de pattes a été meilleure et les problèmes de colibacillose ont diminué. Pour Sandrine Castaing, « ces résultats doivent être confirmés en renouvelant les essais en contexte de claustration. Il faudra aussi adapter les préconisations selon l’élevage, notamment selon le type de ventilation. »
Ludovic Marchive, éleveur à Angoisse en Dordogne
« Un produit très efficace sur les granulés de paille »
« L’essai a été très concluant. Le produit est facile à épandre, il limite les odeurs d’ammoniac et son pouvoir asséchant est très élevé sur les granulés de paille. Avec eux, la couche supérieure du fumier est déjà assez compacte par rapport à un paillage. Grâce aux bactéries ajoutées, la couche inférieure de paille de céréale est également plus compostée. Je peux ainsi valoriser 100 % de la litière et j’économise du granulé. Les poids carcasse et de foie gras ont été meilleurs. L’emplumement a aussi été un peu plus rapide, peut-être parce qu’il y avait moins d’émissions d’ammoniac et que les canards étaient moins stressés. Je vais donc refaire un essai dans les mêmes conditions. »
Un gain direct de 0,7 euro par canard
Tous les comptes faits, Ludovic Marchive annonce un gain immédiat de 4778 euros pour le bâtiment ayant reçu des bactéries, c’est-à-dire de 71,5 centimes d’euro par canard sorti, grâce à une meilleure marge caneton-aliment (+ 5111 €). La cerise sur le gâteau concerne la hausse de la valeur azotée des effluents estimée à 1080 euros (16 c/canard) qui portent le gain total potentiel à 5858 euros. Dans cet essai, pour un euro investi, l’éleveur peut en récupérer huit à terme.