Comment stimuler au couvoir l’adaptation des poulets aux fortes chaleurs
En pays chauds, l’acclimatation thermique des embryons de poulets au couvoir a démontré son intérêt pour limiter les effets négatifs des coups de chaleur en élevage. Est-ce transposable au contexte français ?

Déjà appliquée avec succès en pays chauds, l’acclimatation thermique des embryons apparaît comme une solution innovante et rentable pour améliorer la tolérance des poulets à la chaleur, réduire leur mortalité, tout en maintenant les performances pendant les épisodes de forte chaleur.
Fort de ses recherches sur l’adaptation embryonnaire des poulets de chair aux fortes chaleurs, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) lance le projet d’étude Soleil, en collaboration avec l’Itavi et les coopératives Maïsadour et Vivadour.
Ce programme de trois années a pour objectifs de tester, optimiser et valider les conséquences de stratégies d’acclimatation thermique mises en œuvre au couvoir sur du poulet de chair, d’abord en conditions expérimentales, puis en élevages commerciaux.
Plusieurs facteurs déterminants seront évalués, tels que le type génétique (croissance rapide et croissance lente), l’effet du sexe et des conditions de préincubation (temps de stockage des œufs). La prise en compte de ces facteurs permettra de comprendre comment chacun d’eux influe sur la tolérance des animaux à la chaleur et ainsi identifier les combinaisons les plus efficaces pour optimiser la méthode et garantir les meilleurs résultats face aux réalités du terrain.
Des accouveurs s’impliquent
Quelques accouveurs de la filière du poulet de chair s’intéressent désormais au sujet. Ils souhaitent expérimenter ces techniques, en évaluant, d’une part la faisabilité logistique et économique au couvoir, d’autre part leur impact global sur les performances.

Les conséquences de l’application de cette méthode seront évaluées sur les indicateurs physiologiques, sanitaires et de bien-être, mais également sur les performances d’éclosion, d’élevage, d’abattage et sur le travail des accouveurs et éleveurs, conduisant ainsi à une analyse multicritère de cette pratique.
Un autre volet du projet s’intéressera aux effets à plus long terme de l’acclimatation embryonnaire, en étudiant les effets intergénérationnels de cette pratique. Pour ce faire, les œufs embryonnés destinés à devenir des reproducteurs seront soumis à un traitement thermique cyclique pendant l’incubation. Les conséquences seront évaluées sur les poules reproductrices et leur descendance.
Le projet Soleil permettra de faciliter le transfert de la méthode d’acclimatation embryonnaire vers les professionnels en validant la preuve de concept à grande échelle sur le terrain et en établissant des recommandations d’application pour les couvoirs. L’implication des coopératives et les échanges continus avec les accouveurs partenaires permettront d’identifier les risques, les obstacles et les pistes d’amélioration à apporter pour lever les verrous et faciliter le déploiement.
L’exemple du Togo
L’acclimatation thermique consiste à exposer des embryons de poulets de chair à une augmentation cyclique de la température et de l’humidité ambiantes pendant leur incubation. Les chercheurs de l’Inrae en France et au Togo ceux du Centre d’excellence régional sur les sciences aviaires, université de Lomé (Cersa-UL), collaborent depuis plus de quinze ans. Les programmes thermiques ont été optimisés (période d’application, durée et amplitude du cycle de température) et sont désormais appliqués. Ces techniques d’acclimatation précoce à la chaleur améliorent significativement la survie des poulets de chair (en particulier les mâles), certaines performances de production et leur thermo tolérance face aux épisodes de forte chaleur.