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L'abattoir drômois Bernard Royal Dauphiné investit dans la découpe du poulet local

Bernard Royal Dauphiné (BRD) a investi 11 millions d’euros pour agrandir et automatiser son atelier de découpe de poulet standard à Grane dans la Drôme. Cette nouvelle étape veut répondre à la demande des 15 prochaines années.

C’est en 2015 que BRD a commencé à réfléchir à ce projet d’automatisation de l’atelier de découpe du site de Grane (1). En avril 2019, Jean-Luc Alnet, directeur général de Bernard Royal Dauphiné, tout à la préparation de l’inauguration dudit atelier, veut profiter de l’occasion pour remercier l’ensemble de la filière drômoise pour le travail accompli depuis 2004. « Nous avons su garder le cap avec nos partenaires locaux que sont la coopérative Valsoleil et le syndicat des éleveurs. Ils ont compris la stratégie de régionalisation de l’offre que je leur proposais. Il s’agit en s’appuyant sur une filière agricole maîtrisée, ici avec Valsoleil, de répondre à la demande des consommateurs, à leurs préoccupations diverses comme le bien-être animal, afin de leur proposer un éventail de produits accessibles à tous. Nous avions devancé les locavores, il nous faut continuer à innover. L’engagement des filières agricoles sur les territoires sera de plus en plus important pour se prémunir des grandes importations de demain. » Jean-Luc Alnet affiche l’objectif de BRD qui engage la filière locale : vendre 350 000 poulets standards par semaine en 2021 pour continuer à s’imposer sur les marchés du quart Sud-Est de la France. « Nous travaillons dans une logique de filière, en pensant de la fourche à la fourchette de façon pragmatique. Notre investissement doit permettre de ne pas laisser les éleveurs au bord de la route, la régionalisation de l’offre demeure notre fil rouge », rappelle le directeur. Cette implication locale associée à la performance a su convaincre son propriétaire, le groupe coopératif Terrena, de soutenir l’investissement dans l’automatisation de l’atelier de découpe, alors que 60 à 85 % des volailles sont découpées pour le marché du « portionnage ». Le 25 avril lors de l’inauguration, Olivier Chaillou, président de Terrena, a insisté sur la nécessité de soutenir la production régionale pour « donner aux consommateurs le choix de produits de qualité à un juste prix ».

Automatisation et formation

 
Cette modernisation, « qui doit permettre à BRD de faire face aux évolutions du marché ces 15 prochaines années » selon Jean-Luc Alnet, s’est traduite par un investissement de 11 millions d’euros et des travaux étalés entre novembre 2016 et février 2018 avec la construction d’un bâtiment attenant de 2 500 m². Le process a été complètement repensé et trois robots permettent d’augmenter la productivité tout en facilitant le travail des salariés ; les locaux sociaux et les bureaux ont été réaménagés. Le directeur ne cache pas sa satisfaction : « ce site industriel est dans sa spécialité une des usines les plus abouties en Europe ».

 

L’investissement a bénéficié d’une aide régionale de 500 000 € et 60 % du montant des travaux ont été réalisés par des entreprises locales, tandis que le process industriel a été confié à des spécialistes néerlandais et espagnols. Une réflexion a également été engagée sur la protection de l’environnement ; pour produire du froid, il est fait appel à du CO2 compressé ce qui permet également de réduire de 25 % la consommation d’électricité.

En présentant le nouvel atelier, Jean-Luc Alnet insiste également sur les meilleures conditions de travail pour les salariés. « Une chaîne automatisée attire également plus facilement des techniciens, nous allons améliorer encore le niveau industriel et de ce fait la formation va devenir plus nécessaire au sein des équipes. Nous devons privilégier l’intelligence collective. Je n’ai pas moi seul de solution globale, je dois partager avec tous. Notre feuille de route stratégique doit être discutée avec tous, pas seulement les cadres. L’important est de continuer ensemble », conclut-il.

(1) Voir l’article de Réussir aviculture n° 210 d’octobre 2015

Repères

- Les deux sites drômois (Grane et Pisançon) emploient 280 personnes dont 49 % de femmes. Vingt emplois ont été créés en 2018 et une quarantaine devraient l’être d’ici 2021. 1300 heures de formation sont effectuées par an ;

L’unité de Grane (abattoir et découpe) compte 180 salariés. En 2019, elle traite entre 170 000 et 250 000 volailles par semaine. En 2021, l’objectif est fixé à 350 000 volailles par semaine ;

- BRD doit commercialiser 17 000 tonnes de produits cette année, contre 12 000 tonnes en 2017. Une croissance qui doit se traduire par une hausse du chiffre d’affaires de 54 millions d’euros à 65 M€ en deux ans ;

- BRD vend 80 % de sa production à la grande distribution et 20 % à la restauration hors foyer ; les produits Royal halal représentent près de 25 % de la production.

Améliorer le rendement matière

 

 
La ligne de séparation automatique des filets.  © L. Gouverne
L’extension de 2 500 m² de l’atelier de découpe de BRD et la conception de la chaîne automatisée avaient divers objectifs. « Ce process nous permet d’obtenir des barquettes à poids fixe, de peser tous les morceaux ; nous avons ainsi amélioré le rendement matière de la découpe. Le choix des trois robots nous permet également d’éviter les manutentions les plus pénibles et certaines tâches répétitives, et en conséquence de limiter les accidents du travail et maladies professionnelles », explique Gilbert Pourtier, directeur du site. La direction de BRD affirme que les gains de productivité sont sensibles depuis la mise en service de ce nouveau process en février 2018. L’automatisation et une nouvelle organisation du travail – « certains postes sont devenus plus motivants », affirme Gilbert Pourtier – ont permis de passer de 3000 à 5400 poulets à l’heure, dans un atelier où travaillent 36 personnes.

 

Au départ de la chaîne, un maxi-robot jaune dépile les caisses (25 à 30 kg) de poulets de ressuage destinées aux accrocheurs. Il récupère ensuite les caisses vides et les rempile.

Le ressuage statique pratiqué à Grane permet de travailler sur des calibres précis.

Le cheminement des carcasses à découper est organisé selon 3 modules pour les ailes, les cuisses et les filets.

 
Le robot choisit les filets pour remplir et constituer  des barquettes à poids fixe. © L. Gouverne

 

Le bateau qui transporte les filets les conduit vers 2 fileteuses. Puis un robot range les filets (pesés et visionnés) dans des barquettes conformément au programme enregistré (poids et nombre de filets). À la sortie, des opératrices positionnent correctement les filets avant que les barquettes ne passent dans une operculeuse. Le troisième robot assure la mise en carton des barquettes. Plus personne ne porte de cartons dans l’atelier.

Les cuisses — soit sciées ou déjointées — suivent 3 lignes différentes (haut de cuisse, pilon ou cuisse entière).

Le renouvellement de l’amont

 

La coopérative drômoise Valsoleil et sa cinquantaine d’éleveurs, installés à une distance moyenne de 45 km de l’abattoir, produisent 210 000 poulets standard semaine, tous abattus à Grane.

Si Valsoleil ne peut encore répondre à la demande de BRD, la construction de bâtiments doit permettre de fournir 250 000 poulets semaine début 2020. « En 2019, ce sont 8 nouveaux bâtiments, dont 4 par agrandissement d’élevages, qui doivent sortir de terre », explique Yannick Charroin, responsable du secteur volailles de chair à la coopérative.

Même si certains projets sont retardés par des recours administratifs, Valsoleil déploie tous ses efforts pour se préparer à satisfaire les objectifs fixés par BRD en 2021. « Nous sommes très liés par la volumétrie. Tous les investissements de BRD sécurisent la coopérative et les éleveurs. L’augmentation de la productivité permet de bien se placer sur les marchés et notre filière drômoise est à nouveau leader sur le Sud-Est » complète Yannick Charroin.

 

Ferme expérimentale pour le poulet de demain

 

Depuis quatre ou cinq ans, les éleveurs plus jeunes se spécialisent et construisent 3 ou 4 bâtiments. Le parc s’est beaucoup renouvelé en dix ans. Toutefois, pour répondre aux attentes des consommateurs, BRD prévoit avec ses partenaires de faire évoluer le modèle d’élevage. « Nous sommes en train d’aménager une ferme expérimentale, un bâtiment éclairé par la lumière naturelle et assorti d’un préau couvert grillagé – un jardin d’hiver – Nous y ferons des tests de ventilation et diminuerons la densité des volailles à croissance plus lente. Nous devons inventer un nouveau système pour élever le poulet de demain », explique Yannick Charroin. Pour relever ce défi, la filière drômoise devra répondre à la question du coût de production.

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