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Biosécurité des élevages avicoles : quelles sont les failles cernées dans sept pays d’Europe ?

Une étude épidémiologique européenne pointe des défaillances dans le respect continu des règles de biosécurité appliquées dans les élevages de sept pays.

La biosécurité coûte cher : environ 5000 euros pour un portique de désinfection automatisée
La biosécurité coûte cher : environ 5000 euros pour un portique de désinfection automatisée
© P. Le Douarin

Selon une enquête du projet européen NetPoulSafe conduit dans sept pays d’Europe (France, Espagne, Italie, Pays Bas, Belgique, Pologne et Hongrie), d’octobre 2020 à l’été 2022, 76 % des aviculteurs interrogés, toutes productions confondues, disent toujours appliquer les mesures de biosécurité, 5 % quelquefois et 11 % jamais. « Leurs conseillers ont des avis plus pessimistes ou bien plus réalistes. On arrive à 65 % d’application continue (l’observance) », commentait Anne Christine Dufay-Lefort, de l’Itavi, lors de son intervention à la journée technique organisée par l’institut le 15 novembre.

Scepticisme sur l’efficacité des mesures

L’enquête portait sur 62 mesures et a concerné 192 éleveurs de diverses espèces, 157 conseillers et 57 opérateurs partenaires (collecteur d’œufs, abattoir, couvoir, fournisseur d’aliments).

 

 
Dans l'enquête européenne, près d'un quart des éleveurs disent ne pas se laver les mains à chaque passage dans le sas sanitaire. © A. Puybasset

 

« La biosécurité est un enjeu majeur pour l’aviculture en Europe, ajoutait Anne Christine Dufay-Lefort. Les bonnes pratiques sont souvent connues, mais pas toujours bien appliquées. » Les raisons de la non-application sont multiples, notamment parce que 35 % des éleveurs ne sont pas convaincus par l’efficacité des mesures. « Il y a une forte marge de progression à combler par la formation et l’accompagnement », estimait Rozenn Souillard, lors d’une conférence sur cette problématique au cours du Space. Épidémiologiste à l’Anses, la vétérinaire a participé à l’enquête réalisée en France.

 

 

 

Les mesures les moins appliquées portent sur les barrières sanitaires, sur le personnel et les visiteurs, sur les nettoyages désinfections. « Il faut prioritairement sensibiliser sur celles les moins appliquées : tenue spécifique, lavage des mains, désinfection des véhicules à l’entrée, pas d’animaux domestiques et gestion du bac d’équarrissage », liste Rozenn Souillard.

 

 
Quatre fois sur dix, le bac d'équarrissage n'est pas lavé et désinfecté après le passage du camion. © P. Le Douarin

 

Les opérateurs les moins observants sont les fournisseurs d’aliment, devant les collecteurs d’œufs, les mieux appliqués étant sans surprise les accouveurs.

Faiblesses autour du matériel partagé

En complément, une analyse des bases de données documentées sur l’application des mesures de biosécurité a été réalisée. En France, cinq bases de données sont répertoriées : celle de l’inspection officielle de biosécurité, celle de la charte sanitaire salmonelles, celle des visites sanitaires obligatoires et celles des référentiels professionnels (Eva et PalmiGconfiance).

Certaines mesures sont peu renseignées dans les bases européennes : la qualité de l’eau, le partage d’équipements, la gestion en bande unique ou multiple et les mouvements de volailles.

 

 
Un tiers des éleveurs ne désinfectent pas les véhicules pénétrant sur leur site. © P. Le Douarin

 

L’analyse des sept principales bases de données européennes confirme que globalement la séparation des zones est rarement adéquate sur l’exploitation, qu’il y a une mauvaise utilisation des sas et que les visiteurs non-essentiels ont un accès fréquent. Le vide sanitaire est souvent trop court et la propreté des bacs d’équarrissage laisse à désirer. « La surveillance de la biosécurité est très hétérogène selon les pays, constate Rozenn Souillard. Il existe des marges de progrès dans l’informatisation des bases et certaines données sont sous-valorisées. »

Les bases de données montrent aussi des faiblesses concernant le partage de matériel (paillage, épandage, curage) entre les zones de l’exploitation et entre plusieurs exploitations. Les pédiluves sont rarement bien utilisés. « Il y a des similarités avec l’enquête sur les pratiques », souligne Rozenn Souillard.

Depuis le mois de septembre 2022, des mesures d’accompagnement à l’observance de la biosécurité sont testées dans des fermes pilotes des sept pays (fourniture de documentation pédagogique, coaching et réunions entre éleveurs…). Mais, l’influenza aviaire est venue perturber la démarche, notamment en France.

Le saviez-vous

Le projet NetPoulSafe a été lancé en octobre 2020 pour créer une synergie des acteurs européens autour de l’observance de la biosécurité. Pour en savoir plus, voir le site netpoulsafe.eu qui partage les expériences des sept pays participants.

Netpoulesafe lance une série de 9 webinaires gratuits, dont le premier aura lieu le 14 février prochain à 17 heures.

Pour y participer, cliquez sur ce lien

 

 

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