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Agir dès le vide contre la coccidiose

Limiter le développement des coccidies commence par le respect des mesures de biosécurité lors du vide sanitaire afin de démarrer le lot suivant avec une faible pression parasitaire.

Vue au microscope d'un oocyste sporulé d'E. acervulina (17 à 20 micromètre de longueur.
© J.-M. Repérant

L’incidence économique d’une coccidiose est estimée à 5 centimes d’euro par poulet de 2 kg, voire à 10 centimes si elle est associée à une entérite subséquente. Cette maladie liée à des parasites internes — les coccidies — détruit les cellules intestinales, altère l’intégrité intestinale et favorise la prolifération de bactéries pathogènes, dont Clostridium perfringens. La coccidiose est présente dans tous les types d’élevages en bâtiment ou en plein air. En outre, elle sollicite le système immunitaire. Lors d’un challenge coccidien, les nutriments utilisés pour la croissance vont être réaffectés vers le système immunitaire pour servir les besoins accrus de celui-ci. Les signes évocateurs sont une baisse des consommations, un retard de croissance et de l’hétérogénéité, un état prostré, une plume ébouriffée et une dégradation des litières liée aux fientes liquides. Les fientes intestinales sont plus ou moins gorgées d’eau, avec des contenus orangés et une présence possible de sang. Le taux de perte est plus ou moins marqué selon l’espèce de coccidie (plus important pour E. tenella et E. necatrix).

« Éradiquer totalement les coccidies est illusoire car le parasite, inhérent à l’espèce volaille, est naturellement présent dans les élevages », souligne Christèle Goudeau, vétérinaire Elanco. L’oocyste, la forme libre de la coccidie dans le milieu extérieur, est très résistante dans l’environnement. Sa durée de vie dans le sol peut dépasser un an. Il est toutefois possible de contrôler le développement d’une coccidiose par la conduite d’élevage et la maîtrise des maladies immunosuppressives (respect des plans de propylaxie vaccinaux). "Le contrôle de la coccidiose par des antiparasitaires utilisés uniquement en médecine vétérinaire contribue à la lutte contre l’antibiorésistance en santé animale et en santé humaine. En effet, en contrôlant efficacement la coccidiose, ils permettent une diminution significative des traitements antibiotiques."

La mise en œuvre de bonnes pratiques d’hygiène, de lavage et de désinfection participe à la réduction de la pression infectieuse. « Une coccidiose survient lorsque la résistance immunitaire des oiseaux diminue ou quand la pression infectieuse des coccidies augmente », résume Christèle Goudeau, du laboratoire Elanco.

Une détergence indispensable

L’oocyste non sporulé est rejeté par les fientes. Des conditions d’oxygénation, de températures et d’hygrométrie vont permettre sa sporulation, le rendant ainsi infectant. L’objectif lors du vide est d’évacuer le plus efficacement possible la matière organique pouvant renfermer des oocystes. « Leur élimination se fait mécaniquement (effet chasse d’eau) en appliquant un détergent sur l’ensemble des surfaces, suivi d’un rinçage à haute pression pour décoller la matière organique." Le petit matériel démontable est trempé dans une solution détergente pendant au moins trente minutes.

La contamination du poussin à son arrivée se fait davantage par le matériel que par le sol, car l’épaisseur de litière sur terre battue a un effet barrière dans les premiers jours (ce qui est moins vrai pour les sols bétonnés). Les zones à risques sont celles qui vont être les premières en contact avec les poussins à leur arrivée : le petit matériel (abreuvoirs, mangeoires) et les soubassements.

Les canalisations d’eau doivent être bien nettoyées et désinfectées pour éliminer le biofilm, également support de pathogènes. On sait que des oocystes peuvent être retrouvés dans l’eau alimentant les bâtiments d’élevage. Il faut éviter qu’ils ne s’installent dans les canalisations à l’intérieur du biofilm.

La litière doit être évacuée le plus loin possible du bâtiment en évitant de clairsemer celle-ci sur les pourtours du bâtiment. Le sol en terre battue pourra être traité par des produits provoquant des réactions thermiques et dégagements d’ammoniac. « Attention à la balayeuse et au matériel roulant qui peuvent véhiculer des oocystes d’un bâtiment à l’autre. Ils doivent être lavés avec un détergent entre deux poulaillers. »

La mise en place de barrières sanitaires est primordiale pour contrôler l’infestation de nuisibles, vecteurs passifs de pathogènes digestifs (ténébrions).

Un outil d’aide à la décision pour les OP

Le laboratoire Elanco propose aux organisations de production un outil de pilotage de la santé digestive (HTS pour Health Tracking System) depuis plus de 15 ans. Le suivi repose sur la réalisation d’autopsies sur 10 % des lots mis en place chaque mois au sein d’une même organisation (5 poulets vivants par lot, de 23 à 28 jours d’âge, prélevés aléatoirement). "Les critères d’analyse sont axés sur la coccidiose et l’intégrité intestinale et élargis à d’autres paramètres de santé », précise Christèle Goudeau. Un rapport est généré chaque mois et donne à l’OP une vision globale de la santé de son parc de production, permet de se comparer aux résultats nationaux contemporains et de prendre des décisions basées sur des données objectives et avec plus de réactivité (évolution des programmes coccidiostatiques, gestion des pododermatites et des nécroses fémorales…). "C’est un service unique, complet et adapté aux priorités des clients d’Elanco."

Un pic lésionnel spécifique à chaque espèce

En France, la base de données d’Elanco totalise près de 33 000 poulets conventionnels autopsiés de 2015 à 2017. Les trois espèces retrouvées sont E. acervulina (largement prédominante autour de 20 jours d’âge) et dans une moindre mesure E. maxima et E. tenella. « Ce sont surtout les espèces E. acervulina et E. tenella qui pénalisent les performances car elles sont principalement localisées dans l’intestin grêle, siège des transformations et d’absorption des nutriments. Les lésions qu’elles engendrent ont des conséquences directes sur la croissance des poulets. » L’âge auquel apparait le pic lésionnel varie selon l’espèce. Selon l’étude épidémiologique d’Elanco, c’est entre 19 et 30 jours que la proportion de poulets atteints de lésions modérées à élevées est la plus importante pour les espèces E. maxima et E. acervulina, avec un rebond pour cette dernière entre 34 et 37 jours. L’âge critique vis-à-vis d’E. tenella se situe entre 32 et 37 jours.

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