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Interceps viticoles : toute l’offre du marché

Il existe cinq grandes familles d’interceps : les décavaillonneuses, les outils rotatifs, les lames (et l’Ecocep), les disques de type émotteurs ou crénelés et les outils simplifiés à action superficielle. Voici les situations qui conviennent à chacune.

Les décavaillonneuses, une bonne capacité de destruction

Du fait de son mode d’action (soulèvement puis retournement d’une bande de terre), la décavaillonneuse est particulièrement adaptée à la sortie d’hiver, pour reprendre les sols. En saison, elle dispose d’une bonne aptitude à détruire les adventices même bien développées. En revanche, son utilisation présuppose l’existence d’une butte sous le cavaillon, et sa vitesse de travail est limitée : entre 2 et 3,5 km/h. Loïc Pasdois, de la chambre d’agriculture de la Gironde, en a testé cinq, en version enjambeur, en 2015. Ces outils (Décavatic et Fleurimatic de Boisselet, décavaillonneuse de Braun, Mini-sillon d’Egretier et Decalex’air de Souslikoff) ont tous donné de bons résultats, mais ils se sont avérés plus ou moins faciles à régler. Ainsi, le conseiller a regretté que les interceps de Boisselet ne disposent pas d’un réglage dissocié de la puissance lors de l’effacement et du retour au travail. De même, il a pointé une forte projection de terre sur l’interrang (30 à 60 cm de la ligne de culture) avec la Décavatic, le versoir court de la marque n’ayant pas été testé. Quant à la Fleurimatic, « elle a atteint ses limites sur des terroirs argileux humides et en présence d’un couvert végétal relativement important, note-t-il. Ceci est dû, en partie, à la pente excessive du versoir ». Néanmoins, ces deux interceps ont donné de bons résultats.

La décavaillonneuse de Braun montée sur le pivot intercep LUV (alors une présérie en cours de validation) a été jugée performante, même sur sols compacts. Mais elle a montré des failles sur des cavaillons avec un couvert végétal important, et sur des sols argileux humides. Loïc Pasdois a apprécié le grand nombre de réglages possibles.

Le conseiller a jugé la conception du Mini-Sillon d’Egretier intéressante, avec « un mouvement atypique lors de l’effacement devant les pieds », ce qui lui confère une utilisation plus « sécurisante », un débit de chantier important (de l’ordre de 4,5 km/h) et un déplacement de terre assez constant. En revanche, si la charrue a bien travaillé en conditions normales, sur sols compacts, « il est nécessaire d’affiner certains réglages comme le retour de l’outil au travail », estime-t-il.

Enfin, le système pneumatique de la Decalex’Air de Souslikoff a séduit le technicien. Il procure une bonne réactivité même sur sols durs. Loïc Pasdois a néanmoins déploré que ces outils peinent sur des parcelles argileuses compactes. « Elles ont laissé une zone non travaillée importante autour des pieds », écrit-il. Par ailleurs, le conseiller a dû brider la sécurité et modifier le palpeur pour obtenir un travail satisfaisant.

Les outils rotatifs s’adaptent à l’herbe

De leur côté, les interceps rotatifs arrachent et sectionnent les adventices. Il en existe différentes sortes, travaillant de manière plus ou moins superficielle. Le choix sera alors dicté par la profondeur d’enracinement de la vigne. L’un des intérêts de cet appareil est son adaptabilité aux conditions de la parcelle. Ainsi, sur une parcelle très sale, l’utilisateur peut augmenter la vitesse de rotation de l’intercep. À l’inverse sur un sol frais et des adventices jeunes, il la diminuera. Pour Loïc Pasdois, les interceps rotatifs sont des outils « pompiers », à utiliser lorsque l’on est pris par l’herbe. Selon lui, peu de vignerons effectuent une campagne entière avec ce type d’outils. « Par ailleurs, ils occasionnent des déplacements de terre et nécessitent des déflecteurs à l’arrière pour la remettre », souligne le conseiller. Christophe Gaviglio, de l’IFV Sud-Ouest, est plus mitigé quant à l’intérêt de ces outils sur sol très sale : « avec des mauvaises herbes très développées, on observe des enroulements autour de l’axe de rotation qui peuvent conduire à des bourrages, des blocages de l’antenne pare-cep et à des problèmes de réglage », relève-t-il. Il recommande de les passer entre 2,5 et 3 km/h ; Loïc Pasdois entre 2 et 2,5 km/h.

Un peu à part du fait de son mode d’entraînement (la rotation est provoquée par l’avancement du tracteur), l’EcosatelYt de Léger est un outil intéressant, mais à ne pas employer dans les sols « où il effectue un travail de ratissage », prévient Loïc Pasdois. Il est plutôt adapté aux graves, ou aux sols relativement friables, car il ne dispose pas d’une grosse capacité de pénétration.

Les lames fonctionnent bien en été

La lame est un outil intéressant en été, car contrairement à d’autres appareils, elle n’a pas besoin d’un sol frais et meuble ; elle peut travailler même quand la terre est un peu refermée. Elle permet un éclatement de la croûte, et sa vitesse de travail accentue d’ailleurs l’émottement. « Il faut l’associer à un soc ou un coutre à l’avant de la lame, qui ouvre le sol, recommande Christophe Gaviglio. Elle est alors efficace même sur des adventices estivales assez développées en hauteur mais pas très denses. » Les lames peuvent évoluer entre 4 et 6 km/h. Mais Loïc Pasdois prévient qu’au-delà de 5 km/h, le taux de blessure des ceps augmente et que la zone de retour derrière le pied est mal nettoyée.

L’Ecocep de CGC Agri réalise un travail un peu similaire à celui des lames, puisqu’un disque libre tourne autour des pieds, sectionnant les herbes. Mais grâce à sa forme, il travaille plus près des souches.

Les disques limitent les projections dans l’interrang

Nouveaux venus dans le monde des interceps, les disques émotteurs ou crénelés ne manquent pas d’intérêt. Ils permettent de découper une bande de terre et de la brasser, sans toutefois réaliser de projections dans l’interrang. En 2016, Loïc Pasdois et Eric Castant, du Château de Couhins, ont testé trois types de disques : les crénelés et les émotteurs de Braun, et le Valmatic de Boisselet. Pour les premiers, ils ont constaté « une efficacité optimale sur sols argileux et présentant un volume d’adventices modéré ». En revanche, des limites ont été atteintes sur sols compactés, avec un volume d’adventices important ou encore un manque de terre sur le cavaillon. De plus, sur sols limoneux, les deux utilisateurs recommandent de limiter la vitesse d’avancement pour ne pas créer une croûte de battante, et déconseillent leur usage sur sols sableux. Le débit de chantier varie entre 4 et 6 km/h.

Pour sa part, le Valmatic a effectué un bon travail, « comparable à une charrue à disque fixe ». Sur sols compacts, les experts ont dû augmenter le croisement des outils, la puissance hydraulique et diminuer la vitesse d’avancement. Cet outil travaillant en intercep, la vitesse d’avancement est de l’ordre de 4-4,5 km/h.

Les disques émotteurs de Braun ont réalisé « des travaux de binage avec des déplacements de terre variables et un assez bon émiettement sous le rang ». Et ce, même sur sols compacts. Les facteurs limitants, pour ce type d’outil, sont un couvert végétal important et un sol mal ressuyé. Leur vitesse peut atteindre 8 km/h. Loïc Pasdois souligne l’intérêt de combiner disque crénelé et disque émotteur lorsque les sols ont tendance à se compacter. De même, il pense qu’un entretien du cavaillon basé sur l’usage des disques et des lames devrait fonctionner.

Les outils superficiels travaillent près des pieds

Les étoiles Kress fonctionnent bien en combiné, lorsqu’elles travaillent sur une butte meuble et brassent la terre avec une vitesse soutenue, de l’ordre de 6 à 8 km/h. Mais le palissage doit être parfait, sous peine d’avoir des soulèvements de ceps. Par ailleurs cet outil n’est pas adapté aux argiles lourdes, aux cailloux (qui se coincent entre les doigts des étoiles et cassent ensuite les marquants), ni aux sables. Pour ce qui est des brosses, elles sont intéressantes pour aller travailler un peu plus près du pied de vigne sans risque.

À chaque configuration, son intercep

Quel outil dispose du meilleur ratio efficacité/temps passé ? Telle est la question que chaque vigneron se pose. Or à chaque configuration sa réponse. Voici les recommandations de Christophe Gaviglio pour quelques cas de figure.

Sur sol plat, avec une pression adventice importante, la houe rotative sera la plus intéressante. Son travail sera lent, mais efficace ; il aura une bonne durabilité. En revanche, elle est peu adaptée aux terrains sujets à la reprise en masse.
En situation estivale (sol un peu dur), avec une flore hétérogène mais peu dense, une lame simple avec un soc, ou un disque ouvreur, à 4 km/h auront le meilleur ratio.
Dans le cas d’un cavaillon entretenu régulièrement, avec un émottement grossier et un sol qui reverdit, les roues à doigts Kress auront un excellent ratio, grâce à une progression à 7 km/h.
Avec un enherbement très développé, les décavaillonneuses sont bien adaptées. En revanche, si le sol est dur, il faudra les munir d’un dispositif d’assistance au retrait par un vérin. Le débit de chantier sera faible, de l’ordre de 2 à 3 km/h.

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