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Quatre voies pour optimiser l’entretien du palissage

Sécaillage, maillage, carassonage… Sous ces diverses dénominations, se cache une opération fastidieuse et chronophage, mais pourtant nécessaire : l’entretien du palissage. Voici des pistes pour optimiser cette tâche.

1 Choisir avec soin son palissage

Pour limiter les opérations d’entretien, rien de tel que de miser sur du palissage résistant et de qualité lors de la plantation. La première question qui se pose est celle des piquets, qu’il faut notamment choisir en fonction de son type de sol. Pour une bonne longévité, la chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire conseille de privilégier les piquets en bois de bonne qualité (pin traité, acacias ou châtaignier) ou en acier galvanisé.

Au niveau des fils, la chambre d’agriculture des Pays de la Loire précise qu’il faut privilégier ceux en acier galvanisé de classe C ou en inox.

2 Bien organiser son chantier

Afin de faciliter le sécaillage, une bonne organisation est fondamentale. Jean-Jacques Biteau, vigneron cognaçais de la SARL éponyme à Sablonceaux, démarre même l’opération avant la taille. Les piquets à changer sont placés en travers des inter-rangs, un rang sur deux. Cela permet de voir dans quel rang il y en a à remplacer, et de les compter approximativement. Jean-Jacques Biteau passe ensuite dans l’inter-rang resté libre pour déposer les piquets neufs (métalliques), avant le passage de l’enfonce-pieux. Néanmoins, cette organisation n’est pas recommandée pour les piquets bois. Dans une note datant de janvier 2006, Jean-François Allard de la chambre d’agriculture de Charente, expliquait que les piquets passaient alors un hiver supplémentaire en terre, ce qui anticipe leur vieillissement d’autant.

De son côté, Frédéric Belchior, chef de culture du château Tour Calon, à Montagne-Saint-Emilion, en Gironde, vérifie les piquets durant la taille. Et « lorsqu’ils sont à changer mais qu’un bout reste enfoncé dans la terre, nous mettons le piquet par terre, en travers du rang, explique-t-il. À l’inverse, lorsqu’il est totalement sorti, nous le mettons à la verticale. Ainsi, quand vient le moment du carassonage, en bout de rang, on regarde s’il y a des piquets allongés au sol ou non, pour savoir si on prend les outils pour sortir la carotte ou pas. » De même, avant de rentrer dans la parcelle pour entretenir le palissage, le chef de culture fait le tour de la parcelle. Il s’arrête à chaque culée et vérifie que le fil y est bien attaché. « Sinon, en milieu de rang, lorsque l’on répare un fil, on va tendre, tendre, et tout le fil va arriver », explique-t-il.

Un autre vigneron bordelais marque quant à lui d’un lien rouge les rangs où du travail d’entretien est nécessaire. Quant à Pierre Fort, du domaine de Mouscaillo dans l’Aude, il n’a que peu sécaillage à réaliser, étant en piquets acier. Du coup, lors de la taille, il fait suivre, sur sa camionnette, fils et piquets et répare à mesure qu’il observe un problème.

3 S’équiper d’outils efficaces

Disposer d’outils facilitant chaque opération est indispensable. Pour la replantation de piquets, l’enfonce-pieux est un précieux allié. De nombreuses entreprises en proposent, telles qu’Agram, Boisselet, C  M. Bernhardt, Dagnaud, NR Inov’Concept, Rabaud, Souslikoff ou encore Yanigav.

Mais l’arrachage des piquets est une autre paire de manches. Quelques entreprises disposent néanmoins de solutions, à l’image de SCDC, qui commercialise un petit outil manuel permettant d’ôter les piquets métalliques : le Varrachepiq. Il fonctionne sur des diamètres maximums de 35 mm et vaut dans les 200 euros. De son côté, la société NR Inov’Concept, à Jonquerettes dans le Vaucluse, a conçu une pince arrache piquets qui se fixe sur une mini-pelle. Mais son directeur, Nicolas Rogier, précise qu’une adaptation sur un petit châssis monté sur le trois points du tracteur est possible. L’outil est néanmoins plus onéreux qu’un manuel. En version mini-pelle, il faut compter 1 200 euros HT. En version tracteur, il faut y ajouter le coût d’un châssis. Il est également possible d’employer la pince à grappin hydraulique d’une grue à bois. C’est ce que fait Jean Trichon, viticulteur retraité dans l’Ain, qui juge cet outil pratique et rapide.

Par ailleurs, lorsqu’un piquet bois se casse, pour sortir le morceau qui reste dans la terre, l’entreprise Bortolussi à Saint-Émilion en Gironde, fabrique et commercialise un genre de harpon équipé d’un pied pour faire levier (voir photo). On le plante dans la « carotte » et on appuie sur le manche. Le bout de bois coincé sort. Ce « levier pour arrache piquet » vaut 62 euros HT. Par ailleurs, pour refaire un trou propre ou pour agrandir l’existant avant de replanter un nouveau piquet, Bortolussi vend une « cuillère », élaborée par Gérard Métallerie. Cet outil vaut 89 euros HT.

En ce qui concerne les fils, pour les réparer, il est possible d’employer des Gripple, ou autres plombs de raccord. La réalisation d’une boucle d’un côté, avec passage de l’autre bout de fil à l’intérieur reste très pratiquée. Et pour tendre les fils après un raccord, Frédéric Belchior a percé sa clé à tendeur. Il y insère le fil, et tourne la clé. Le fil se tend. Il ôte alors la clé. Il est possible de faire la même chose avec un petit tube métallique percé.

4 Bricoler son propre arrache piquet

Mais sur le terrain, de nombreux viticulteurs construisent eux-mêmes leur arrache-piquets. La solution la plus simple consiste à l’installer sur le relevage du tracteur. C’est le cas d’un viticulteur du Midi. Il utilise un outil constitué d’une plaque métallique d’un centimètre d’épaisseur, et mesurant 10 cm sur 20 cm (voire photo). Une boucle en métal y est soudée. Elle se glisse sur la dernière côte de melon des griffes. Non loin de l’anneau, la plaque est percée et reçoit une manille de diamètre 1,7 cm, sur laquelle est installée une chaîne. À 5,5 cm du haut de la plaque, se trouve un trou, ou « fenêtre », de 4,5 cm2 (voire 5 cm) avec une pièce de renfort. Le vigneron positionne le piquet dans la fenêtre, puis l’entoure de la chaîne. Il actionne le relevage et le piquet sort.

D’autres exploitants se munissent d’une sorte de treuil manuel, doté d’une assistance hydraulique, avec un petit cric hydraulique de 2 ou 4 tonnes. Il faut pour cela réaliser une boucle avec un câble et un serre-câble, que l’on installe sur un poteau. La boucle est maintenue via deux grosses vis (7 x 70 par exemple) qui dépassent d’environ 1 cm. Le poteau, quant à lui, est monté sur un bastaing de 50 à 80 cm de long, qui reçoit également le cric. On positionne la boucle autour du piquet à arracher en passant sous les deux vis, puis on met le haut du câble sur la petite tête striée du cric (qui est bien contre le poteau). On pompe jusqu’au bout de la course, et le piquet sort. Si besoin, mettre un second bastaing sous le cric pour augmenter la course.

Il est également possible de faire des montages avec des vérins hydrauliques, sur le principe de la fendeuse à bois. Dans ce cas, on glisse le piquet dans une sangle qui est tendue via un vérin (voire schéma).

Plus simplement, Nicolas Rogier recommande de réutiliser ou de fabriquer un petit mât, à installer sur le relevage du tracteur, et d’y fixer une chaîne. Cette dernière est installée autour du piquet, et l’extrait lorsque le vigneron active le relevage. Le tour est joué !

 

Chers remplacements

En 2005, la chambre d’agriculture de Charente a réalisé une étude du coût de remplacement d’un piquet bois. Elle estimait le coût moyen du changement (vérification des piquets, arrachage, chargement et distribution des piquets neufs, enlèvement des cassés et déchargement, plantation, vérification et pointage des crampillons) à 6,10 euros par piquet. Montant auquel il fallait ajouter le prix du piquet en lui-même, qui s’échelonnait à l’époque de 1,80 euro pour le châtaignier, à 4,30 euros pour du métal haut de gamme. Soit un coût total de 7,9 à 10,40 euros par piquet changé. Un montant qui n’a pas dû diminuer en plus de dix ans. Et qui montre l’importance de ne pas se planter lors de la plantation !

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