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Quatre matériels pour ne pas perdre le fil

Les outils les plus fréquemment bricolés par les vignerons semblent bel et bien être les enrouleurs et dérouleurs de fils de fer. Nous en avons découvert plusieurs lors de nos reportages. La preuve en quatre exemples.

 

1 Une jante de voiture qui enroule

Jean-Luc Audubert, viticulteur à Naujan-et-Postiac, en Gironde, est parti d’un vieux châssis de rogneuse et d’une jante de voiture pour concevoir son enrouleur. Il a coupé cette dernière en deux et y a soudé de chaque côté des fers plats menant à un rond faisant un cercle. Ces bords permettent de bloquer latéralement les fils. Il a ensuite monté cet appareil sur un axe, lui-même monté sur des paliers. Le vigneron a soudé une poulie de 30 cm de diamètre sur l’arbre et s’est servi d’un moteur hydraulique de tapis de machine à vendanger Danfoss Omp200, lent et puissant, pour l’entraînement. Il a fait le choix de travailler avec l’hydraulique du tracteur pour plus de sécurité, le chauffeur n’ayant que la rotation de l’appareil à gérer. Jean-Luc Audubert a ensuite fabriqué un système pour récupérer les fils réutilisables. Ils sont guidés par des tubes montés sur une coulisse avec une poignée. Une fois attelé sur le tracteur, l’enrouleur se trouve à bonne hauteur pour l’opérateur. L’appareil lui peut enrouler jusqu’à 5 fils de 200 m à jeter ou refaire des bobines pour les fils à réutiliser. Ce bricolage a coûté dans les 200 euros pour les flexibles, le reste étant de la récupération. Le vigneron souhaite néanmoins ajouter un carter de protection pour l’opérateur.

2 Quand la noria devient enrouleur

Marc Médeville, du château Fayau, à Cadillac en Gironde, a conçu un enrouleur simple mais efficace, qui lui a demandé environ trois jours de travail et coûté dans les 250 euros (IPN, un distributeur et deux flexibles hydrauliques). Il a commencé par réaliser un triangle en IPN 11x8 ; la base du triangle servant de barre d’attelage. En dessous de cette barre, il en a soudé une autre, plus longue, « afin que l’outil puisse être attelé soit sur des tracteurs vignerons pour vignes étroites, soit sur des standards pour les vignes larges », précise Marc Médeville. Aux extrémités des deux barres, il a soudé des embouts d’attelage.

Ensuite, il a ajouté un autre IPN verticalement, sur lequel il a fixé un distributeur hydraulique double effet. Au centre du triangle, il a installé un moteur lent à pignon, récupéré sur une vieille rogneuse à couteaux Collard, qu’il a connecté au distributeur. Sur le moteur, il a monté une roue de noria de Braud 2714 sur laquelle il a soudé quatre tubes carrés creux en croix. Sur chacun des quatre bras, le vigneron a glissé des coulisseaux en forme de L (pour bloquer les fils), munis d’un pas de vis et d’un boulon. Ainsi, lorsque le fil est enroulé, il suffit de desserrer l’écrou pour rapprocher les coulisseaux et pouvoir extirper la bobine de fil. Le bord extérieur et supérieur de chacun des quatre bras reçoit un fileron d’un centimètre de diamètre, évitant toute blessure de l’opérateur : même s’il s’approche trop près de la machine, sa jambe ne peut être entraînée. Enfin, Marc Médeville a conçu un guide-fil avec un fileron et un IPN, qu’il a installés à l’opposé de la barre d’attelage. Pour faire fonctionner l’enrouleur, l’utilisateur place le tracteur en bout de rang parallèlement aux rangs de vigne. Il actionne le distributeur en position marche, le moteur entraîne la chaîne, qui elle-même fait tourner la roue. Dès que l’opérateur lâche le distributeur, l’enrouleur s’arrête. Le vigneron souligne qu’avec ce système, il est possible d’enrouler plusieurs fils à la fois.

3 Un dévidoir à fil avec frein

C’est étonnant de simplicité, mais il fallait y penser. Stéphane Bannwarth, dans le Haut-Rhin, à Obermorschwihr, a conçu un dévidoir à fil de fer original, puisqu’il est équipé d’un frein. Pour ce faire le vigneron a récupéré l’essieu arrière d’une voiture sans permis, doté d’un frein interne. Le matériel étant destiné à aller dans le 4x4 du vigneron, il a installé l’essieu sur deux fers plats en croix à l’aide de quatre vis, ayant chacun deux pattes sur une poutrelle. Au-dessus de l’essieu, Stéphane Bannwarth a confectionné un support destiné à recevoir les bobines de fil. Il s’agit d’un cadre en forme de cône, en fer plat demi-rond, de 100 mm d’épaisseur, et 15 mm de large. La partie la plus compliquée a été d’installer un système de mise sous tension sur l’essieu. Pour ce faire, le vigneron a soudé un petit tube avec un ressort dedans, d’où partent une tige filetée et un écrou. Grâce à ce système, Stéphane Bannwarth peut régler la vitesse de déroulement du fil, et ainsi éviter qu’il ne s’emmêle. Ce bricolage lui a demandé un jour de travail et ne lui a rien coûté (récupération).

Pour voir l’enrouleur de Stéphane Bannwarth en fonctionnement et des diaporamas des appareils de Jean-Luc Audubert et Michel Vigroux, rendez-vous sur www.vigne.reussir.fr

4 Dérouler grâce à un essieu de 205

Michel Vigroux, exploitant à Villeveyrac, dans l’Hérault, a mis au point un dérouleur de fil de fer tuyaux et de goutte à goutte avec son collaborateur Eddy. Le vigneron a commencé par récupérer un essieu de 205, avec deux roues, sur lequel il a fixé un vieux cadre de remorque. Il a réalisé des ridelles avec du torsadé de maçonnerie et a fixé verticalement, à l’arrière de la remorque, deux tubes de 5 cm de diamètre et 40 cm de long. Ces tubes sont destinés à recevoir les dérouleurs. Pour élaborer ces derniers, Michel Vigroux est parti de tubes pleins verticaux de 35 cm de long et 4 cm de diamètre. Il les a fait coulisser dans les tubes creux de la remorque. Le vigneron a ensuite soudé un axe de 65 cm de long et 2,2 de diamètre, à 90° sur la partie haute de chacun des deux tubes pleins. Sur ces deux axes horizontaux, il a installé un tube creux de 3 cm de diamètre et de 60 cm de long. Dessus, il a soudé quatre rayons avec du carré de 2,5 cm, reliés entre eux par un cercle réalisé avec du rondin de maçonnerie 8 mm. Sur chaque rayon, Michel Vigroux a fait coulisser un carré de 3 cm pour s’adapter aux rayons intérieurs des rouleaux de tuyaux.

Il a ensuite pris deux bouts de tuyaux en polyéthylène, de diamètre 50 ??, destinés à recevoir les tuyaux d’irrigation ou les fils en sortie du dérouleur, et à les guider au pied des ceps. Le viticulteur les a fixés avec des attaches sur un fer en U. Ce dernier pivote à son extrémité sur un axe situé sous la remorque. Il se déplace dans une glissière et est tendu par un Sandoz de chaque côté, qui permet un rappel du tube « dévidoir » en cas de contact avec un cep.

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