Plan stratégique, la filière vin rend sa copie
Bernard Farges et Samuel Montgermont, respectivement présidents du Comité national des vins à appellation d’origine et à indication géographique (Cniv) et de Vin & Société ont présenté ce mercredi 13 décembre un plan stratégique pour sortir de la crise. Quatre axes ont été définis.
Il y a un an, Bernard Farges et Samuel Montgermont, respectivement présidents du Cniv et de Vin & Société alertaient sur la déconsommation du vin. Depuis, la plupart des bassins ont été ébranlés ; le Bordelais a lancé sa campagne d’arrachage et le Midi des manifestations. Face à ce constat et à la crise traversée par la filière, les différentes organisations professionnelles (UMVin, Cnaoc, Vin IGP, Vignerons coopérateurs, Vignerons indépendants de France, Cniv et Vin et Société) se sont mises autour de la table pour élaborer un plan de filière devant conduire à des changements structurels. Quatre axes ont émergé, qui sont ensuite déclinés dans des groupes de travail devant donner leurs conclusions d’ici deux à trois mois.
Arracher près de 100 000 hectares pour ajuster le potentiel de production
- Le premier axe est celui du réalisme. "Il ne faut pas avoir peur de faire sauter les tabous en adaptant le potentiel de production", a ainsi plaidé Samuel Montgermont. L’objectif serait de supprimer environ 100 000 hectares sur les 750 000 que compte l’Hexagone. Pour ce faire, les responsables professionnels ont évoqué le fait d’employer les aides à la restructuration (2 000 à 2 500 €/ha), en les touchant dès l’arrachage. La demande sera portée conjointement avec l’Espagne et l’Italie auprès de Bruxelles.
- Le second axe relève de l’ambition. "Nous avons des faiblesses à l’export, a reconnu Bernard Farges. Nous sommes bons sur les grands crus, les champagnes ou encore le cognac. Mais nous sommes moins forts sur les produits de moyenne gamme." L’objectif serait donc de s’organiser de manière mutualisée et collective sur les marchés lointains, en utilisant par exemple la bannière "Wines of France". Et pour inciter à l’utilisation de cette bannière, les aides à la promotion sur les marchés tiers pourraient y être conditionnées.
- L’axe trois concerne la modernité. "Nous nous sommes toujours adressés à des connaisseurs de vin, a rappelé le président du Cniv. Or les jeunes n’ont pas cette connaissance du produit, des terroirs. Nous devons adapter nos messages." "Nous manquons de force de frappe et de capacité à être présents dans les moments de consommation différents", a complété Samuel Montgermont. Nouveaux formats, packagings disruptifs mais surtout produits différents sont donc à explorer pour séduire cette cible. Deux segments de vin devraient cohabiter en parallèle : les vins historiques, grands crus, etc., à destination des initiés. Et des vins sur des profils plus frais, légers et fruités, ou même sur le segment des no-low, pour les non-connaisseurs. Ce dépoussiérage de l’image du vin devrait donc passer par des innovations produits, mais aussi par les campagnes de promotion des interprofessions.
- Le dernier chantier a trait à la fierté. "Le vin est un produit culturel auquel nous sommes attachés, a scandé le président de Vin & Société. C’est un produit chargé d’histoire, qui a modelé nos paysages. Être vecteur d’attractivité est essentiel." Et pour ce faire, rien de mieux que de miser sur l’œnotourisme. "Il faut être fort chez soi pour l’être à l’extérieur", a-t-il poursuivi. Pouvoir mentionner le vin dans des émissions culinaires, mieux structurer l’offre hôtelière et de restauration autour des lieux touristiques ou encore actionner des leviers financiers disponibles sont quelques-unes des pistes mises sur la table.
Vers des observatoires des ventes cavistes et directes
Parallèlement à ces chantiers, la filière a réinsisté sur l’importance de "partager et faire vivre des observatoires de tendances de marchés" tout comme d'"incarner la valeur RSE de la filière". Le Cniv travaille sur la mise en place d’outils pour le suivi des ventes cavistes et des ventes directes. Ces deux panels devraient aboutir d’ici six mois. En revanche, pour ce qui est des ventes CHR, "c’est beaucoup plus compliqué", a reconnu Didier Delzescaux, directeur du Cniv. Le développement de la capacité d’action collective de la filière fait lui aussi partie des leviers d’action identifiés. Il serait question que chaque organisation professionnelle s’empare d’un sujet en particulier et s’y spécialise en vue de gagner en efficacité.