Mal-être agricole : « Avec la formation de secourisme en santé mentale, j’ai pris confiance en moi pour aller vers quelqu’un en difficulté »
Cécile Sabah, vigneronne au domaine Gutizia, à Saint-Étienne-de-Baïgorry, dans les Pyrénées-Atlantiques, s’est formée aux premiers secours en santé mentale il y a quatre ans. Elle se sent mieux armée pour identifier et aider une personne en mal-être.
Cécile Sabah, vigneronne au domaine Gutizia, à Saint-Étienne-de-Baïgorry, dans les Pyrénées-Atlantiques, s’est formée aux premiers secours en santé mentale il y a quatre ans. Elle se sent mieux armée pour identifier et aider une personne en mal-être.

« Culturellement, on n’est pas du tout formé à la santé mentale. On oublie que l’outil numéro 1 c’est soi-même. Dans le monde agricole, l’effet est amplifié par l’isolement social. J’ai voulu me former pour voir comment je pouvais apporter quelque chose. Il y a quatre ans, j’ai suivi la formation de secouriste en santé mentale de PSSM France. Elle permet de détecter le mal-être d’une personne et de réagir, comme on peut être secouriste pour les premiers gestes qui sauvent. Le but est d’adopter un comportement adapté, d’arriver à informer et orienter la personne vers des professionnels qui pourront l’aider.
J’ai acquis une écoute bienveillante, Depuis, je suis beaucoup plus sensible aux signaux, et j’arrive à verbaliser des choses que j’observe autour de moi.
Savoir réagir face à une personne en difficulté
Cette année, par exemple, j’étais à côté d’un vigneron dans un salon qui a commencé à me parler de ses difficultés. J’ai pu être dans une réelle écoute attentive, le conseiller pour aller voir des professionnels et l’encourager car j’ai pris confiance en ma capacité à aller vers quelqu’un en difficulté.
Avant, je me serais polarisée uniquement sur ses problèmes financiers alors que là on a parlé de lui, de ce qu’il avait mis en place pour faire face à la situation. J’ai pu être davantage dans l’humain et pas uniquement dans le pratico-pratique.
Mieux se connaître pour gérer ses émotions
La formation m’a aussi permis de mieux me connaître, d’apprendre à gérer mes émotions dans des situations de tension et de savoir éliminer ce qui ne fait pas avancer. J’arrive mieux à comprendre ce qu’elles veulent dire et à inciter mes interlocuteurs à reformuler leurs paroles.
Je parle de cette formation autour de moi, à tous ceux qui sont en contact avec les vignerons comme les animateurs du syndicat viticole ou de structures comme le Civam bio. C’est n’est pas facile de réagir à la détresse de gens face à soi si on n’est pas formé. »