Aller au contenu principal

Les objets connectés surfent sur Sigfox et LoRa

Deux technologies françaises de télécommunication, Sigfox et LoRa, se sont imposées dans l’internet des objets sur le territoire national, puis international.

Surveillance des flux de produits phytosanitaires, gestion de l’irrigation, surveillance des vols… De plus en plus d’objets connectés font leur apparition dans les exploitations agricoles. S’il y a encore peu, les informations circulaient via le réseau cellulaire GSM, par le moyen de SMS ou de mails d’alerte, de plus en plus d’objets connectés utilisent désormais les réseaux sans fil LoRa (pour long range : longue portée) et Sigfox. Empruntant la fréquence radio de 868 MHz, une fréquence dite libre, ces réseaux sans fil font partie des technologies LPWA (low power wide area), c’est-à-dire à faible débit, faible consommation d’énergie et longue portée. Pour le monde agricole, cela présente un double intérêt : atteindre des zones reculées, y compris sous terre, et consommer peu d’énergie. "Certains objets connectés, peu sollicités, atteignent dix, voire quinze ans d’autonomie", explique Laëtitia Jay, de Sigfox. Dans la moyenne des usages agricoles, les objets connectés disposent bien souvent d’une autonomie suffisante pour travailler une saison entière. "C’est la clé du succès du LPWA, explique Stéphane Allaire d’Objenious, filiale de Bouygues Télécom dédié au LoRa, il faut que l’agriculteur n’ait pas à se préoccuper du niveau des batteries pendant la belle saison." Cette autonomie tient dans le mode de fonctionnement des objets connectés au LPWA. " À la différence des téléphones cellulaires qui communiquent en permanence avec les antennes téléphoniques, les objets connectés LPWA dorment quand ils n’émettent pas de message", explique Stéphane Allaire. De plus, les messages envoyés sont peu volumineux (12 octets pour Sigfox, 50 octets pour LoRa), synonyme de besoin énergétique faible. "12 octets permettent tout de même l’envoi de 20 à 25 valeurs", explique Laëtitia Jay. " Avec 50 octets, l’objet peut compiler des informations et les envoyer quand les 50 octets sont atteints (ou presque)", poursuit Stéphane Allaire. La longue portée (20 km assurés sans barrière due au relief) limite le nombre d’antennes nécessaire. Sigfox annonce 2 000 antennes sur le territoire national, quand Objenious, disposant d’un maillage plus avancé que le réseau LoRa d’Orange, en annonce 4 300. À titre de comparaison, le réseau de téléphonie mobile compte entre 15 000 et 16 000 antennes selon les opérateurs. Moins d’antennes pour une bonne couverture du territoire – Sigfox annonce plus de 90 % du territoire et Objenious 84 % – signifie des coûts d’exploitation moins importants et participe au faible coût des capteurs LPWA. "À mesure que nous signons des partenariats, nous sommes amenés à implanter de nouvelles antennes sur les pylônes Bouygues Telecom existant, poursuit Stéphane Allaire. Plus le nombre d’antennes est important, plus la couverture s’améliore. Et moins la puissance nécessaire pour émettre le message est importante, ce qui améliore l’autonomie."

Deux modes de fonctionnement distincts

Pionnière du LPWA il y a quatre ans, la société toulousaine Sigfox propose une communication unidirectionnelle, le capteur émettant trois trames du même signal à des fréquences légèrement différentes. "Cela permet d’identifier rapidement les signaux Sigfox au milieu du bruit environnant (plusieurs technologies utilisent cette fréquence libre), explique Laëtitia Jay. Unidirectionnel signifie que les signaux vont uniquement du capteur vers l’antenne, dans le but de limiter l’usage de la batterie." À quelques exceptions près, comme un capteur qui signale une fuite d’eau et attend une réponse en retour sur l’action à réaliser. À l’inverse, LoRa travaille de manière bidirectionnelle, le premier message servant à détecter l’antenne la plus proche pour optimiser la puissance des signaux suivants et donc l’autonomie. Normalisé, le réseau LoRa joue sur le nombre d’antennes recevant le signal pour le dépolluer du bruit environnant.

Des nouveaux réseaux pour l’internet des objets

Normalisées par la 3GPP, une coopération entre organismes de standardisation en télécommunications, trois nouveaux protocoles de communication devraient se mettre en place dans les prochains mois : LTE-M, NB-IoT et EC-GSM-IoT. Tous exploiteront les fréquences prochainement libérées par la télévision numérique terrestre (TNT), suite au passage à la TNT haute définition en avril 2016. Ces trois protocoles de communication sont conçus spécifiquement pour l’internet des objets et s’appuient sur des émetteurs déjà existants (2G pour EC-GSM-IoT, 4G pour LTE-M notamment). " Ils pourraient offrir des débits bien plus importants et véhiculer les fichiers images de résolution convenable, estime Gwenaël Le Lay, spécialiste en télécommunication et PDG de la start-up agricole Copeeks. Les premiers modules LTE catégorie M sont déjà commercialisés." Reste à mettre en place le réseau. Les scénarios les plus optimistes tablent pour une mise en place de NB-IoT au plus tôt pour 2018, quand LTE-M, aujourd’hui concentré autour des grandes villes et des réseaux autoroutiers, sera au mieux étalé sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2018-2019, au plus tard 2020-2021 avec la mise en place conjointe du réseau 5G.

Pour les opérateurs de Sigfox et LoRa, ces protocoles seront complémentaires aux leurs. " En parallèle, on voit évoluer les calculateurs, de plus en plus petits et de moins en moins gourmands en énergie, poursuit Stéphane Allaire. Demain, les données seront analysées directement au champ. Les informations envoyées seront les bilans de ces calculs, plutôt que les données brutes (volumineux), ou les évolutions dans les données (les pixels qui changent sur un fichier image par exemple)." De ce fait, les besoins en débit resteront faibles, gage d’une bonne longévité pour Sigfox et LoRa.

repères

Alliance LoRa

Née à l’issue de l’acquisition de la start-up grenobloise Cycléo par Semtech en 2012, l’alliance LoRa est une association à but non lucratif dont l’objectif est de standardiser le réseau LoRa. Elle comprend 42 opérateurs à travers le monde et plus de 500 industriels.

Les plus lus

Le Skiterre se compose de deux grands skis qui assurent le contrôle de la profondeur et de la position de la lame.
« Le Skiterre, un outil intercep simple et productif »
Vignerons en Anjou, Nicolas et Christophe Moron se sont équipés d’un outil de travail du sol intercep Skiterre.
Vigneron plantant une nouvelle parcelle avec des pieds de Pinot noir dans la vallee de la Marne en AOC Champagne.Droit de plantation.
Quand FranceAgriMer exaspère les viticulteurs

FranceAgriMer joue un rôle essentiel dans l’attribution des aides. Face aux dossiers chronophages, aux contrôles…

Pellenc - Un robot à chenilles dans les vignes

Pellenc dévoile un robot à chenilles pour les vignes, le RX-20.

Le Dyna-Drive est un outil de travail du sol auto-animé réalisant un mulchage en superficie.
« Le Bomford Dyna-Drive est un outil interrang entre le rolofaca et le rotavator »

Jérôme O’Kelly utilise depuis quatre ans un outil de travail du sol auto-animé.

Le Biogel d’AquaGreen Protect est pulvérisé sur la vigne sous forme de mousse. En séchant, cette dernière protégerait la vigne du gel.
Lutte contre le gel de la vigne : deux nouveaux produits un peu givrés

Deux firmes viennent de lancer des produits visant à lutter contre le gel de la vigne via la création d’une gangue protectrice…

Chargement d'un camion citerne de la coopérative viticole CRVC (Coopérative régionale des vins de Champagne) enlèvement d'une cuvée chez un vigneron adhérent durant les ...
Vin en vrac acheté à prix abusivement bas : que peut changer la condamnation de deux négociants bordelais

En pleine crise viticole, un jugement se basant en partie sur un article issu de la loi Egalim vient de condamner deux…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole